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La hausse des personnes allergiques et son impact socio-économique

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1185 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 21/06/2016
    • de WAHL Jean-Paul
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    La période des allergies et tous les désagréments qu’elle engendre bat son plein ! Récemment, la concentration de pollen de bouleau dans l’air atteignait des sommets et près de 90 % des personnes sensibilisées ressentaient des symptômes cliniques tels que larmoiements et rougeurs aux yeux ou encore éternuements, nez bouché, perte d'odorat et de goût. L’allergie au pollen de bouleau a triplé durant les 20 dernières années.

    Cet exemple nous rappelle que les maladies allergiques affectent de plus en plus de Belges. Les enquêtes de santé s’accordent à dire qu’il s’agit là de véritables épidémies qui touchent tous les pays de l’Union européenne. Ces allergies peuvent prendre plusieurs formes, à savoir allergies alimentaires, respiratoires ou encore allergies croisées. En Europe, les allergies respiratoires sont les premières causes de perte de jours de travail.

    Monsieur le Ministre peut-il nous communiquer les chiffres quant aux personnes touchées par ces maladies allergiques en Belgique et en Wallonie ?
    Par ailleurs, peut-il évaluer l’impact de ces maladies sur l’absence au travail ?
  • Réponse du 08/07/2016
    • de PREVOT Maxime

    En Belgique, d'après l'enquête de santé par interview de 2013, 13 % des hommes et 16 % des femmes de 15 ans ou plus souffrent d'allergie. En Wallonie, 11 % des hommes et 13 % des femmes sont concernés. Ce qui en fait la cinquième cause d'affections chroniques la plus fréquente chez les hommes et la septième chez les femmes (après l'hypertension et les maux de dos notamment, mais avant le diabète ou la dépression). « Le pourcentage de personnes qui déclarent avoir souffert de problèmes d’allergie est significativement plus bas en Région wallonne que dans les deux autres régions. Cette différence est significative après standardisation pour le sexe et l’âge » (Van der Heyden J. Maladies chroniques. Dans : Van der Heyden J, Charafeddine R (éd). Enquête de santé 2013. Rapport 1 : Santé et Bien-être. WIV-ISP, Bruxelles, 2014.). Cette enquête montre que le taux de prévalence des problèmes d’allergie est resté relativement stable en Wallonie alors qu'il a augmenté en Flandre entre 1997 et 2013.

    Toutes ces personnes allergiques ne sont pas allergiques aux pollens ! D'après l'INSERM (Institut national de Santé et de Recherche médical français www.inserm.fr.), les principales allergies sont la dermatite atopique (sorte d'eczéma ou d'allergie cutanée) avec 15-20 % de la population, l'asthme avec 7-10 % et la rhinite et la conjonctivite allergique avec 15-20 % de la population. « La prévalence des allergies alimentaires oscillerait entre 2 % chez l’adulte et 5 % chez les enfants. » En Wallonie, l'asthme concernerait 5,5 % des personnes de 15 ans et plus (en Belgique: 4 %).

    Concernant la question relative à l’impact de ces maladies sur l’absence au travail, il est à noter que d'après les chiffres récoltés auprès des fonctionnaires fédéraux, en 2014, les trois groupes qui comptent le plus grand nombre de certificats médicaux sont les maladies respiratoires (18,4 %) après les troubles locomoteurs (18,8 %) et avant les maladies liées au stress (16,8 %) (SPF Santé publique. L’absentéisme pour maladie chez les fonctionnaires fédéraux 2014). La proportion de certificats pour maladie respiratoire est stable par rapport à 2013 et en diminution par rapport aux années précédentes (24 % en 2012).

    J’attire l'attention sur le fait que les allergies ne constituent qu'une partie de ces absences. En effet, le groupe des maladies respiratoires se compose de l’ensemble des maladies d’origine infectieuses, allergiques, inflammatoires, toxiques, tumorales bénignes, aiguës ou chroniques, de la sphère ORL (Oto-Rhino-Laryngologie) et de l’appareil respiratoire supérieur et inférieur. On y trouve donc toute une série d’affections très différentes comme la pharyngite, l’angine, la sinusite, la laryngite, la trachéo-bronchite, la pneumonie, l’asthme, la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), l’emphysème ou la tuberculose pulmonaire.

    En 2014, les maladies respiratoires ont connu un pic en janvier, février, mars et octobre correspondant aux périodes propices aux maladies virales (le pic pour la grippe a été observé en février et mars).

    Les mois de juin, juillet et août seraient plutôt ceux pour les absences au travail liées à ce type de maladie, car ce sont des mois où l’on observe beaucoup de problèmes liés aux allergies au pollen. La saison du pollen, qui commence au printemps et se poursuit pendant tout l’été, semble dans tous les cas avoir peu d’effet sur les absences liées à des problèmes respiratoires.

    Mais si les maladies respiratoires sont le deuxième motif médical d’absence au travail, il convient de noter que ces absences sont de courte durée avec une durée moyenne d’absence de 4,2 jours contre 18,6 jours pour les maladies liées au stress et 13,9 jours pour les troubles locomoteurs.

    Si l’on regarde donc l’absentéisme en durée totale d’absence, ce sont les maladies liées au stress qui restent largement la première cause d'absentéisme (28,40 %) chez les fonctionnaires fédéraux, avant les maladies de l’appareil locomoteur (23,80 %). Les maladies respiratoires arrivent en quatrième position (7 %).

    Des données chiffrées sur l’absentéisme lié aux problèmes respiratoires ne sont disponibles en Belgique que pour les fonctionnaires fédéraux, mais il n’y a pas de raisons de penser que leur profil soit différent de celui de la population générale. Pour les autres allergies, comme les allergies alimentaires, il n’y a pas de chiffres disponibles pour la Belgique à l’heure actuelle.