/

L'augmentation du nombre de cas de diabète

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1190 (2015-2016) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 22/06/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Notre Région compte près de 73 patients diabétiques pour 1 000 habitants, contre environ 53 en Flandre et à Bruxelles, selon des chiffres de la Ministre De Block.

    Ce n'est pas le seul constat inquiétant. Il y a aussi l'augmentation de 25 % entre 2006 et 2013 du nombre de personnes soignées pour diabète. Par ailleurs, il y aurait 200 000 diabétiques non diagnostiqués, faute de suivi médical adéquat. Le futur « plan wallon Nutrition Santé » doit être implémenté en 2016.

    Y a-t-il du nouveau dans l'état d'avancement de ce plan, depuis les dernières informations que Monsieur le Ministre a fournies au sein de cette commission ?

    Sachant qu'un Plan prévention santé pour les enfants est étudié en Fédération Wallonie-Bruxelles, y a-t-il une concertation avec les Ministres Schyns et Greoli ?

    Ne considère-t-il pas qu'il faille accentuer la politique de prévention des maladies comme le diabète sur les publics précarisés dans la mesure où, selon les professionnels de santé, il y a clairement un lien entre l'augmentation du diabète et le niveau socio-économique ?

    Le diabète, qui est une maladie chronique, a été intégré dans le « plan de soins intégrés pour une meilleure santé ».

    Dans le cadre de ce plan, des projets-pilotes doivent être mis en place.

    Peut-il nous dire quelles en sont les suites au niveau wallon ?

    Les projets-pilotes, qui, je pense, doivent débuter en 2017, ont-ils été sélectionnés et si oui quels sont-ils ?

    Quelles sont les autres mesures spécifiques mises en place pour mieux prévenir les maladies chroniques et améliorer la prise en charge de ces patients ?

    Le dépistage du diabète est fortement conseillé à partir de 45 ans.

    Va-t-il accroître la sensibilisation en la matière compte tenu du nombre très important de diabétiques qui s'ignorent ?
  • Réponse du 08/07/2016
    • de PREVOT Maxime

    La Belgique compterait environ 500.000 personnes atteintes du diabète de type 2. D’après la Fédération internationale du diabète, les données disponibles pour la Belgique souffriraient d’une sous-estimation d’environ 20 %, soit environ 188.400 personnes qui seraient non diagnostiquées (chiffres 2012). La proportion de personnes diabétiques en Belgique est inférieure à la moyenne européenne (5 % contre 7 % en standardisant sur l'âge) selon l'« International Diabetes Federation ».

    Lors de l'enquête de santé de 2013, 6,7 % des Wallons et 4,8 % des Wallonnes ont déclaré souffrir de diabète au cours des 12 mois précédant l’enquête. Ces proportions sont semblables à celles que l’on trouve en Flandre et à Bruxelles, et ce même après standardisation pour le sexe et l'âge.

    La prise en charge du prédiabète (ou l’intolérance au glucose) et du diabète 2 (concernant la majorité des diabétiques) vise d’abord à diminuer le poids du patient en lui prescrivant une alimentation adaptée associée à de l’activité physique étant donné que 80 % des diabétiques ont un excès de poids. Cette diminution de poids permettra, seule ou associée à un traitement médicamenteux, de réguler la glycémie du patient et par là, de diminuer les risques de complications à long terme de la maladie.

    Une prévention efficace sous-entend donc la nécessité d’agir sur les modes de vie individuels, particulièrement en matière d’alimentation et d’activité physique. Ces mêmes modes de vie sont pointés à propos de la prévention des cancers ou des maladies cardio-vasculaires. C’est pourquoi faire un plan spécifique « diabète » a peu de sens sur le long terme. Il est préférable d’agir sur les attitudes saines en général, la pratique du sport et l’alimentation saine en particulier, et ainsi s’attaquer de manière durable à des déterminants qui auront un impact sur l’état de santé global et préviendront de nombreuses maladies : diabète, hypertension, obésité, maladies cardiovasculaires, cancer.

    Concernant la question relative au « Plan nutrition Santé », la réflexion se poursuit et avance. Un des axes du futur plan « Prévention » sera la promotion de l'alimentation saine et de l'activité physique. L’objectif est d’impulser une dynamique pérenne visant à optimaliser le capital de la santé, en agissant sur l’alimentation et l’activité physique et en s’appuyant sur l’ensemble des politiques exerçant une influence sur ces déterminants de la santé (« Santé dans toutes les politiques »). La dynamique enclenchée se veut résolument positive et aura comme objectif final de rendre accessibles, faciles et agréables des choix favorables à la santé en matière d’alimentation et d’activité physique.

    A cet effet, j'ai mandaté l'APES (ULG), service communautaire de promotion de la santé, de coordonner le travail permettant de dégager ces mesures en organisant différents groupes de travail (seniors, enseignement, petite enfance, culture/éducation permanente, e-health/objets connectés, urbanisme/développement durable, sport, etc.). Il y a lieu de créer des synergies dans la construction de ce plan afin de pouvoir aborder tous les milieux de vie.

    Des collaborations seront effectivement mises en place avec les autres ministres qui seront impliqués dans le Plan global « Prévention » qui visera à développer le concept de « Health in all policies ». Des contacts sont donc pris notamment avec les Ministres SCHYNS, GREOLI et MADRANE afin qu’ils participent à la construction de ces mesures et qu’ils puissent mobiliser leur administration compétente dans les groupes de travail qui seront organisés en octobre ou novembre 2016. Actuellement, l’APES a « élagué » le cap cœur en enlevant ou en reformulant toutes les mesures qui ne touchaient pas à l’alimentation et à l’activité physique, les doublons, les redondances, etc. et a proposé les différents groupes de travail qui auront pour but, sur base de propositions d’un certain nombre d’objectifs, de documents de référence et des repères en matière d’alimentation de dégager les différentes mesures relatives à l’alimentation et l’activité physique à mettre en œuvre en Wallonie. Les conclusions de ce travail sont attendues pour janvier 2017.

    Concernant le dépistage, il est à noter qu’un dépistage sous forme de campagne dans la population ne se justifie pas et ne serait pas « efficiente ». Ce dépistage doit par ailleurs s’inscrire dans une stratégie plus globale de prévention.

    Le dépistage du diabète doit se faire de manière ciblée et opportuniste chez les personnes appartenant aux catégories à risques (personnes de 65 ans et plus, antécédentes familiaux de diabète, personnes en surpoids, personnes souffrant d’hypertension artérielle, personnes qui ont déjà eu des troubles de la glycémie, femmes qui ont eu du diabète durant la grossesse), chez les personnes qui présentent des symptômes d’appel et bien entendu (pour information quand il y a symptôme, ce n’est plus du dépistage, mais un test diagnostic). Le médecin généraliste est idéalement placé pour repérer les « cas à risque » lors de sa consultation.

    Par ailleurs, les réseaux locaux multidisciplinaires (RLM) constituent des dispositifs qui soutiennent les trajets de soins, notamment pour le diabète. Les trajets de soins apportent plusieurs avantages dont les consultations entièrement remboursées et l’accès au matériel.

    Ma volonté est de faire évoluer les missions des RML afin qu’ils développent une prise en charge intégrée en élargissant progressivement vers d’autres maladies et en y incluant notamment les activités de prévention et d’empowerment.

    Concernant le « Plan de soins intégrés pour une meilleure santé », 16 projets ont été sélectionnés le 15 juin, dont 6 wallons, 7 flamands, 2 bruxellois et 1 germanophone. Je ne vais pas détailler ici l’ensemble des projets wallons sélectionnés dans le cadre de cette question relative au diabète, mais sachant qu’ils s’attèlent à décloisonner en prenant en charge plusieurs maladies et en développant diverses composantes, dont la prévention, l’emporwerment, la coordination, le développement d’une culture de qualité.

    Par ailleurs, la liste des projets sélectionnés a été rendue publique dans le communiqué de presse de la Ministre Maggy De BLOCK. J'invite donc l'honorable membre à la consulter.