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L'Union européenne, la Wallonie et l'énergie renouvelable

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 692 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 29/06/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à FURLAN Paul, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Energie

    De nombreux pays européens ont revu leur politique de subsidiation, pendant ces quatre dernières années.

    Damien Ernst, professeur à l'Université de Liège, explique la nouvelle chute de 21 % des investissements en Europe en 2015 par la décision du Danemark de réduire ses aides. Il s'attend quand même à voir augmenter les investissements, alors qu'il ne reste que 4 ans aux États européens pour atteindre l'objectif Europe 2020 prévoyant un ratio de 20 % d'énergies renouvelables.

    BNEF prévoit une reprise des investissements en Europe lors du premier trimestre 2016. Pour Damien Ernst, qui redoute un coût élevé pour un faible apport écologique, c'est une mauvaise nouvelle.

    En Belgique, l'État fédéral mise sur l'éolien offshore et la Wallonie, quant à elle, mise sur la biomasse afin d'atteindre l'objectif national de 13 % d'énergie renouvelable. Le premier est très cher, 4 fois le tant décrié coût du photovoltaïque en Wallonie.

    Concernant la conversion prévue de la centrale au charbon des Awirs en centrale biomasse, le professeur dit : « c'est le LuxLeak de l'énergie renouvelable », c'est peut-être le respect légal des engagements Europe 2020, mais pas du tout l'esprit de la réglementation qui vise une énergie plus écologique. En effet, en agissant ainsi, les autorités continuent à favoriser les grands sites de production centralisés alors que les perspectives vertes apparaissent plus favorables au modèle des microréseaux basés sur le photovoltaïque, ajoute Damien Ernst.

    C'est une analyse que je peux très bien comprendre. Si nous ne passons pas au régime des microgrids, nous risquons de louper une série de perspectives en matière de renouvelable.

    En effet, tant qu'on reste à une distribution favorisant les grandes centrales, on est dans un scénario favorisant des investissements que seuls peu d'investisseurs peuvent se permettre. Or, ce qui nous fera avancer en la matière, c'est l'adhésion d'un maximum d'investisseurs, grands et petits.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre face aux réflexions du Pr Damien Ernst ? Ne faut-il pas développer davantage des unités décentralisées reposant sur les microréseaux ?
  • Réponse du 24/10/2016
    • de FURLAN Paul

    Parmi les bénéfices de déploiement des microgrids, on peut citer :
    - côté technique, les microgrids permettent une gestion optimisée de la production d’électricité d’origine renouvelable à l’échelle locale;
    - côté économique, en fonction de sa taille, le microgrid pourrait être utilisé avec un rôle d’agrégateur, pour s’ajuster sur les marchés (marché spot, marché d’ajustement et marché de capacités).

    Cependant, les défis technicoéconomiques associés au déploiement de ces microréseaux sont aujourd’hui encore très nombreux. La gestion des microgrids et leur raccordement au réseau public de distribution sont complexes :
    - en mode d’îlotage, comment maintenir la stabilité du réseau (tension et fréquence) au sein du microgrid et comment maintenir la stabilité du réseau public de distribution lors de la resynchronisation du microgrid avec le réseau public de distribution ? Pour que l’électricité produite puisse être distribuée sur le réseau, les caractéristiques de tension, de fréquence et de puissance doivent être contrôlées. De même, l’infrastructure du microgrid doit être compatible avec les standards existants pour que l’équilibre sur le réseau soit maintenu ;
    - comment envisager le modèle économique du microgrid alliant autoproduction et autoconsommation ?
    - comment faire face aux capacités et au prix des technologies de stockage actuelles ? La plupart des microgrids en projet ne seront pas capables de produire et de stocker suffisamment d’énergie pour pouvoir se passer d’un raccordement au réseau électrique ;
    - le microgrid est-il un réseau privé ou répond-il à une mission de service public ? Le microgrid entraîne une certaine privatisation des réseaux et cela pose la question de la péréquation des tarifs fixés pour l’utilisation de ces réseaux ;
    - le cadre de régulation s’applique-t-il aussi aux microgrids ?
    - L’aspect social de financement des tarifs sociaux n’est pas pris en compte dans les microgrids

    En conclusion, actuellement, le cadre réglementaire et régulatoire n’est pas mature pour permettre un déploiement massif des microgrids en Région wallonne. Au niveau technologique, comme évoqué ci-dessus, des problèmes subsistent et n’ont pas encore trouvé de solution. Dans le cadre la transition énergétique et d’une vision à moyen et à long terme, ce type d’infrastructure pourrait constituer une alternative intéressante pour remplacer les grandes unités non renouvelables.

    L’AGW en cours d’adoption sur les réseaux fermés consiste une première étape dans la gestion de cette problématique.