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L'étude conjointe du Vlaamse Dienst Arbeidsbemiddeling (VDAB) et du Steunpunt werk en "sociale economie"

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 296 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 01/07/2016
    • de POTIGNY Patricia
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Le VDAB, service d’aide à la recherche d’emploi de la Flandre, et le Steunpunt werk, groupe de travail analysant le marché du travail flamand, viennent de sortir une étude pour le moins interpellante.

    Il apparaîtrait que pour la Wallonie, 18,5 % des enfants vivraient dans une famille où le chômage est omniprésent, ce qui revient à dire 1 enfant sur 5 contre 1 sur 15 en Flandre. Un très mauvais résultat au niveau européen. Outre un environnement - de facto - précaire, l’absence de modèle « professionnel » auprès de ces enfants tend à leur faire reproduire ce même schéma de vie, selon Willem Vansina du VDAB.

    Pourtant, que ce soit en Région wallonne ou en Fédération Wallonie-Bruxelles, plusieurs leviers ont été mis en place pour contrer ce type d’inégalités dans les milieux défavorisés. Force est de constater, d’après ces statistiques, que les moyens politiques sont insuffisants pour enrayer la hausse de ce phénomène.

    Madame la Ministre a-t-il des propositions pour mettre un terme à ce cercle vicieux ?

    Pour une solution durable, ne faudrait-il pas mettre autour de la table plusieurs de ses homologues qu’ils soient du Gouvernement wallon ou de la Fédération Wallonie-Bruxelles ?

    Que prévoit le plan wallon de lutte contre la pauvreté à ce sujet ?
  • Réponse du 25/07/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    Tout d'abord, les données chiffrées retirées de l’étude du VDAB et du Steunpunt méritent d’être nuancées. Ainsi, à partir des données 2014 de la banque carrefour de la sécurité sociale (BCSS), on constate que 13,3 % des personnes âgées de moins de 18 ans vivent dans un ménage sans revenu direct de travail. À partir de l'enquête SILC (enquête sur les revenus et les conditions de vie), on observe que la proportion des personnes âgées de moins de 16 ans et vivant dans un ménage à très faible intensité de travail est d'environ 16 %, pour l'année 2014 (soit un enfant sur un peu plus de 6).

    Par ailleurs, une nuance doit également être apportée aux termes employés. En effet, les notions de « ménage à faible intensité de travail » et « ménage sans travail » sont différentes de celle de « famille où le chômage est omniprésent ». Effectivement, ces ménages ne comprennent pas nécessairement des personnes demandeuses d'emploi ou bénéficiant d'allocations de chômage. Ainsi, il existe de nombreuses autres situations que le chômage pour une personne qui ne travaille pas : incapacité de travail, maladie, reprise d'étude, s’occuper de ses enfants ou d'un proche, bénéficier d'une pension (anticipée) ... Ainsi, pour l'indicateur BCSS, plus de la moitié des enfants vivant dans un ménage sans revenu du travail vivent aussi dans un ménage où il n'y a pas de revenu du chômage! L’absence de revenu du travail n'équivaut donc pas du tout à « chômage omniprésent ».
    Ensuite, au niveau de l'évolution, à la lumière de l'indicateur de la BCSS, la part des mineurs vivant dans un ménage sans revenu du travail diminue légèrement au fil des ans. Ainsi, il passe de 15,8 % en 2003 à 13,3 % en 2014.

    Concernant la tendance à la reproduction des inégalités et de la pauvreté (dont l'exclusion de l'emploi est une dimension), elle n'est pas la seule à l’œuvre, et son rôle est très certainement périphérique, par rapport à l'inégalité des ressources économiques, culturelles et sociales transmises par les parents aux enfants. Pour appuyer ce dernier point, je mentionnerai simplement deux éléments. D'une part, les taux de faible intensité de travail repris dans l’étude sont annuels et ne fournissent aucune information sur la durabilité de la situation d'exclusion de l'emploi. D'autre part, on sait que l'influence de l'origine sociale sur le risque d'être sans emploi ne se limite pas aux enfants dont les parents sont sans emploi. Ainsi, une recherche a montré qu'en Belgique, les personnes dont le père était, pendant leur enfance, "sans-emploi", "ouvrier peu qualifié" ou "ouvrier qualifié" ont significativement plus de chances d'être durablement exclues du marché du travail que les autres.

    Enfin, en ce qui concerne le Plan wallon de lutte contre la pauvreté, il traduit la volonté du Gouvernement de développer un dispositif de lutte contre la pauvreté dans une stratégie transversale. En s’appuyant sur l’indicateur de déprivation matérielle, le Plan s’articule autour des thématiques suivantes : le logement, l’alimentation, l’énergie, l’eau, la santé, les politiques familiales, la mobilité, le tourisme, le numérique, l’accès aux droits, les démarches partenariales.

    Sur recommandation de l’IWEPS, complémentairement aux approches économiques « classiques », le Plan tient compte, en effet, de l’indice de « déprivation matérielle » afin d’appréhender l’ensemble de la dynamique de précarisation. Il y a déprivation matérielle en cas d’incapacité à couvrir trois des neuf postes de dépense suivants : faire face à des dépenses imprévues, manger tous les deux jours un repas contenant des protéines, chauffer correctement son logement, partir une semaine en vacances par an, éviter les arriérés de crédit, de loyer et de paiement, disposer (si souhaité) d’une voiture, d’une télévision, d’un téléphone, d’une machine à laver.
    Le plan transversal wallon de lutte contre la pauvreté veillera à développer dans le cadre des compétences régionales des axes spécifiques ayant des impacts concrets sur les réalités quotidiennes des personnes vivant en situation de précarité.

    Dans cette option méthodologique, le Plan n’a donc pas vocation à reprendre toutes les mesures régionales à caractère « macroéconomique » qui contribuent à la création d’emplois et donc à accroître les revenus comme les politiques d’emploi ou de formation (de façon générale).

    Par contre, les dispositifs soutenus par la Région wallonne, en matière de formation et d’insertion socioprofessionnelle des publics les plus fragilisés (CISP, PMTIC, alphabétisation, convention CPAS-Forem, MIRE…) sont de nature à permettre aux publics fragilisés de sortir de la précarité et à éviter la reproduction des inégalités sociales, culturelles et économiques.