Le recul des exportations wallonnes

• Session : 2015-2016
• Année : 2016
• N° : 411 (2015-2016) 1

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• Question écrite du 04/07/2016

  • de MOUYARD Gilles
  • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique
  
  L’administratrice de l’Agence wallonne pour l’exportation déclarait dernièrement dans la presse que  : «  L’année dernière, nous avons exporté pour 38,8 milliards d’euros, c’est un recul de 2,6%.  ».
  
  La Wallonie aurait donc fait moins bien que ses voisins. Les causes de cette situation seraient  : la dépréciation de l’euro face au dollar, une chute des exportations de vaccins en 2015… Après analyse il ressort que sans ces vaccins nos exportations progresseraient de 3,5 %. Ce qui amène de nombreux acteurs à déclarer qu’il est nécessaire de se diversifier pour ne plus être trop dépendant du secteur de la pharma.
  
  Monsieur le Ministre n'est non plus pas sans savoir que le Gouvernement fédéral étudie pour le moment la mise ne place d’un incitant fiscal à destination des PME qui décideraient d’employer un expert à l’exportation.
  
  Quelle est son analyse de la situation? Comment explique-t-il cette diminution des exportations wallonnes  ? Que compte-t-il faire pour diversifier davantage l’économie et les exportations  ? A l’instar du Gouvernement fédéral que compte-t-il faire pour soutenir les PME dans leurs exportations  ?

• Réponse du 18/07/2016

  • de MARCOURT Jean-Claude
  
  Les exportations wallonnes ont affiché un recul de 2,6 % en 2015. Après une hausse de 3,4 % en 2014, cela constitue le premier recul de nos exportations depuis la contraction de 2,3 % enregistrée en 2012.
  
  Cette baisse de régime du commerce extérieur wallon correspond à un ralentissement de la croissance à l’échelle internationale en 2015. Selon les derniers chiffres du FMI, la production mondiale, qui avait crû à une cadence soutenue au second semestre 2014 (+3,7 %), n’a augmenté que de 3,1 % en 2015. Ce pourcentage s’inscrit d’ailleurs largement en retrait par rapport à 2010 (+5,4 %) et 2011 (+4,2 %) qui avait marqué la sortie de la crise financière de 2009. Le rythme de croissance de l’économie mondiale a été limité en 2015 par l’affaiblissement du dynamisme dans plusieurs zones émergentes et en développement, principalement en Amérique latine, en Europe centrale et orientale et en Extrême-Orient.
  
  L’activité dans les économies émergentes a été soumise à de lourdes pressions en lien avec la chute des prix des matières premières et le durcissement des conditions de financement pour maîtriser l’inflation et corriger les excès antérieurs. Dans les pays émergents et en développement, qui représentent 70 % de la croissance mondiale, l’activité a ralenti pour la cinquième année consécutive en 2015
  
  Toutefois, la Wallonie a résisté plus difficilement au tassement de l’activité économique mondiale que le panel de régions et de pays vis-à-vis duquel nos résultats à l’exportation sont mesurés. En termes de benchmarking, le repli de 2,6 % de notre commerce extérieur positionne la Wallonie bien en deçà des chiffres à l’exportation de notre panier habituel de comparaison (Flandre, Allemagne, Pays-Bas, France et UE15), dont la progression moyenne a atteint 4,8 %.
  
  Sur le plan sectoriel, le principal facteur qui explique la moins bonne performance de la Wallonie vis-à-vis de ses concurrents européens est la chute des ventes de vaccins sur les marchés étrangers (-35,0 %), lesquels sont de loin notre premier produit exporté avec 12 % du total de notre commerce extérieur. Parmi nos principaux clients, les plus importantes décroissances des exportations de vaccins sont enregistrées en France (-77,2 %) et en Allemagne (-66,9 %).
  
  Malgré ce recul en 2015, les vaccins prennent une place croissante dans le total des exportations régionales. En s’appuyant largement sur le succès des vaccins à l’échelle mondiale depuis plus de dix ans, le secteur de la santé en Wallonie a vu émerger de nouvelles activités porteuses comme les médicaments biotechnologiques et hormonaux. Au contraire des vaccins, les exportations de médicaments sont en forte hausse de 33 % en 2015. Les médicaments représentent 40 % des ventes étrangères de la filière pharmaceutique et sont le troisième produit d’exportation de la Wallonie (8 % du total). Le secteur de la santé (vaccins et médicaments) est la première filière exportatrice en Wallonie (20 % du total).
  
  Parmi les autres secteurs phares de l’économie wallonne, il faut particulièrement souligner la progression très rapide des exportations d’équipement aéronautique et spatial (+35,4 %) en 2015, ce qui rend compte de la bonne situation du secteur du transport aérien qui a stimulé une reprise des commandes auprès des avionneurs mondiaux et de leurs sous-traitants. Au sein des autres secteurs d’importance, ceux qui enregistrent des croissances appréciables sont les matières plastiques (+9,6 %), les instruments d’optique et de précision (+5,6 %) et les produits agroalimentaires (+5,3 %). Il faut aussi remarquer les tendances favorables pour les exportations de produits du règne végétal (+15,7 %), de bois et ouvrages en bois (+10,8 %), de matières textiles et vêtements (+6,4 %) et de pâtes de bois, papiers et cartons (+2,8 %).
  
  Par contre, nous devons constater en 2015 la régression des exportations de machines et équipements (-4,2 %), des métaux communs et ouvrages en ces métaux (-1,2 %), respectivement nos deuxième et troisième secteurs d’exportation, conséquence d’un ralentissement de la demande de biens intermédiaires et d’équipement sur les marchés étrangers.
  
  Sur le plan géographique, malgré le repli général de nos exportations, le fait marquant du commerce extérieur wallon en 2015 est l’expansion impressionnante (+11,3 %) de nos ventes sur les extérieurs à l’UE28. Cela représente la plus forte croissance de nos exportations extracontinentales depuis 2010 (+16,2 %). Les exportations wallonnes augmentent dans de nombreuses régions hors zone UE28 en 2015 : Amérique du Nord (+39,1 %), Proche et Moyen-Orient (+12,1 %), Afrique subsaharienne (+10,1 %) et Océanie (+3,6 %). Le poids des pays extérieurs à la zone UE est de 21,5 % en 2015, ce qui constitue la part la plus élevée jamais atteinte par les marchés extracontinentaux dans le total de notre commerce extérieur. À titre comparatif, celle-ci n’était que de 15,4 % en 2000.
  
  À l’opposé, en dépit d’une reprise de l’activité économique dans les pays de la zone Euro, nos exportations se contractent de 5,8 % sur les marchés de l’UE28 en 2015. Cette décroissance est essentiellement tributaire d’une diminution significative de nos ventes en France (-18,6 %) et en Allemagne (-7,4 %), nos deux principaux partenaires commerciaux, qui s’explique par un reflux substantiel des exportations de vaccins vers ces deux pays (-70 % en moyenne).
  
  À l’exception de ces deux résultats en baisse, nos livraisons vers nos 10 plus importants clients en Europe sont bien orientées. Il faut particulièrement mettre en évidence les progressions rapides en Espagne (+21,5 %) et en Pologne (+12,0 %). Dans le reste du top 10 européen, les ventes wallonnes affichent une croissance soutenue en Italie (+6,7 %), au Luxembourg (+6,5 %) et au Royaume-Uni (+4,8 %), et se développent favorablement en Suède (+3,7 %) et aux Pays-Bas (+1,6 %).
  
  Dans un deuxième temps, cette question de l'honorable membre me permet aussi de mettre en avant le rôle primordial de l’AWEx comme premier promoteur à l’étranger des produits et services des entreprises wallonnes. Afin d’aider les PME de la Wallonie à renforcer leur présence sur les marchés étrangers, l’AWEx propose en 2016 aux exportateurs wallons l’organisation de 154 actions de promotion et de prospection commerciale couvrant 25 secteurs d’activités différents et 71 pays.
  
  Ce large éventail d’actions en termes géographique et sectoriel procède d’une volonté claire : proposer à un maximum d’entreprises, qu’elles soient grandes ou petites, nouvellement exportatrices ou aguerries à l’international, une offre de services la plus diversifiée possible. Et ainsi, selon le principe de service public universel, répondre aux besoins de chacun.
  
  Sur le plan géographique, l’AWEx, fidèle à sa mission fondamentale de diversification géographique des exportations wallonnes, continue à stimuler en 2016 la promotion des ventes des entreprises au-delà de leurs sphères commerciales européennes traditionnelles vers les marchés dits à la grande exportation à fort potentiel de développement. En 2016, près de 65 % du programme d’actions commerciales sont réalisés dans des régions situées à l’extérieur de l’UE15. La volonté d’amplifier la présence des firmes wallonnes sur des marchés plus lointains et difficiles se traduit par l’organisation de 18 actions dans les poids lourds de l’économie mondiale émergente que sont les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
  
  Parmi les marchés à la grande exportation, une attention toute particulière est portée à l’Extrême-Orient avec 31 actions (20 % du programme) qui constitue encore le premier pôle de croissance de l’économie mondiale. Le Proche et le Moyen-Orient sont la cible de 10 actions, tandis que les pays d’Afrique font l’objet de 11 actions en 2016, dont 5 en Afrique du Nord. Les marchés d’Europe centrale et orientale, avec 18 actions prévues, sont également largement pris en considération. Quant à l’Amérique du Nord et l’Amérique latine, l’AWEx y propose dans chacune de ces zones respectivement 12 actions aux entreprises wallonnes en 2016.
  
  Sur le plan sectoriel en 2016, l’AWEx amène du changement et de la créativité en fixant une orientation sectorielle, et non plus géographique, au concept de « marché cible ». Le secteur prioritaire choisi par l’AWEx en 2016 est celui qui est actuellement au cœur de la croissance et de la compétitivité des pays et des entreprises à l’échelle planétaire : le secteur numérique.
  
  Dans le cadre du Plan de transition numérique régional, l’AWEx s’inscrit tout à fait dans la volonté du Gouvernement wallon de faire du numérique une priorité absolue pour le développement économique de la Wallonie. Il est crucial pour les sociétés wallonnes du secteur numérique de trouver des nouveaux débouchés sur les marchés étrangers et de pouvoir sécuriser des partenariats stratégiques sur ces mêmes marchés. Pour ces raisons, l’AWEx propose en 2016 un calendrier d’actions très ambitieux consacrées au secteur numérique, afin d’y amplifier son soutien à l’instar de ce qui a été mis en place de longue date pour les pôles de compétitivité. En 2016, le choix du secteur numérique comme marché cible de l’AWEx se concrétise par l’organisation de pas moins de 25 actions de promotion et de prospection internationale dans ce domaine, ce qui est un doublement par rapport aux années précédentes.
  
  Respectant sa philosophie de service universel, l’AWEx ne délaisse pas pour autant son offre de services aux firmes œuvrant dans tous les secteurs d’activités. Outre les technologies numériques, l’AWEx reste très attentive à la promotion des créneaux à haute valeur ajoutée couverts par les pôles de compétitivité et les clusters wallons, tels que les biotechnologies, les produits médicopharmaceutiques, les additifs alimentaires, les technologies environnementales, les technologies énergétiques durables, les nouveaux matériaux, la mécatronique, les équipements pour la sécurité et le contrôle et le matériel aéronautique et aérospatial. Regroupées, ces activités qui sont représentées par une génération d’entreprises wallonnes innovantes et dynamiques forment une catégorie dont le poids correspond à 40 % du programme d’actions.
  
  À titre d’exemple, en conformité avec la politique régionale de développement des clusters et des pôles de compétitivité, l’AWEx poursuit en 2016 son soutien à l’internationalisation de ces réseaux sectoriels. Il est prévu en 2016 de réaliser 50 actions en collaboration avec les clusters et pôles de compétitivité wallons, et cela, sans préjudice des actions mises en œuvre à destination des autres secteurs wallons.
  
  Reflétant les forces traditionnelles de l’économie wallonne, une part importante des actions est également consacrée à la promotion des produits agroalimentaires (17 actions), des matériaux de construction (9 actions), des biens d’équipement et d’infrastructure (5 actions) et du transport et de la logistique (4 actions).