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La baisse du chômage

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 299 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 05/07/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Selon le FOREm, la Wallonie comptait, fin mai, 219.105 demandeurs d'emploi innocupés (DEI), soit un recul de 4,8 % par rapport à mai 2015. Le taux de demandeurs d’emploi s’établit ainsi à 13,9 % de la population active wallonne, contre 14,6 %, fin mai 2015. Toutes les classes d’âge sont en baisse, ce qui est évidemment encourageant.

    À la Chambre, on a pu entendre le Premier Ministre revendiquer que la création d’emploi et donc la baisse du chômage serait la conséquence de la seule politique menée au niveau fédéral. Voici une preuve supplémentaire qu’il ne faut croire qu’aux statistiques qu’on a manipulées soi-même. Récemment, le mathématicien français Cédric Villani rappelait d’ailleurs qu’il existe trois sortes de mensonge : les petits mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques.

    En effet, s’il s’agit du 23e mois où l’on enregistre une baisse du chômage, il convient d’être très prudent lorsqu’on entend les uns et les autres réclamant que les résultats obtenus sont le fruit uniquement des politiques fédérales (par exemple, le tax shift) ou des politiques régionales (plan Marshall, notamment).

    L’explication de cette baisse du chômage est, selon moi, multifactorielle. En effet, des éléments qui ne relèvent pas stricto sensu du champ politique belge peuvent expliquer cette situation : le faible taux du pétrole, la valeur d’échange de l’euro contre le dollar, la politique du taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) contribuent à l’embellie sur le marché de l’emploi, bien qu’ils soient encore insuffisants.

    Quelle est l’analyse de Madame la Ministre de la question ? Quels sont, selon elle, les principaux paramètres qui ont contribué à ce résultat ?
  • Réponse du 26/07/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    Fin juin 2016, la Wallonie compte 156.877 demandeurs d’emploi (D.E.) demandeurs d’allocations et 21.652 jeunes en stage d’insertion professionnelle. Pour une vue complète du volume de demandeurs d’emploi inoccupés (D.E.I.), il convient d’ajouter à ces personnes 26.719 demandeurs d’emploi inscrits obligatoirement et 13.224 demandeurs d’emploi inscrits librement, pour un total de 218.472 D.E.I. Ceux-ci représentent 13,8 % de la population active wallonne. Fin juin 2015, ce taux de demande d’emploi était de 14,8 %. Il était de 15,2 %, à fin juin 2014.

    Entre les mois de mai et de juin 2016, le nombre de D.E.I. a diminué de 0,3 %, ce qui représente 633 personnes de moins dans la demande d’emploi wallonne. Ainsi, la demande d’emploi en Wallonie continue de se réduire sur une base annuelle. Fin juin 2016, le nombre total de D.E.I. est en recul de 6,2 % par rapport à juin 2015, ce qui représente 14.526 personnes de moins.

    L’explication de cette baisse du chômage est effectivement multifactorielle.

    Selon l’IWEPS (Tendances Economiques n°50, p.65), après une croissance très faible observée en 2014 (+ 0,1 %), l’emploi wallon aurait affiché une progression plus consistante en 2015 (+ 0,8 %) qui se serait poursuivie en 2016 à un rythme cependant relativement faible (+ 0,6 %).
    Si le regain de l’activité économique ne se marque pas par une remontée plus robuste de l’emploi, c’est qu’en 2015 la reprise économique s’accompagne d’une croissance de la durée moyenne du travail plutôt que d’une augmentation nette du nombre d’emplois.

    Ainsi, après un recul du volume de l’emploi tout au long de l’année 2014, celui-ci a crû à un trimestre d’écart durant toute l’année 2015 : + 0,3 % au premier trimestre, + 0,2 % aux second et troisième et + 0,5 % au quatrième.

    Cette croissance du volume, plus importante en moyenne que celle de l’emploi, s’explique en partie par la tendance baissière du recours des entreprises au chômage temporaire, principalement pour raisons économiques, tout au long de l’année 2015.

    Début 2016, l’évolution de l’emploi reste faible dans un contexte de ralentissement conjoncturel. La plupart des indicateurs disponibles sur les premiers mois de l’année le confirment.

    Les perspectives d’emploi pour le reste de l’année 2016 demeurent malgré tout relativement bien orientées. En effet, le rythme de croissance de l’activité économique devrait progressivement reprendre de la vigueur dans les prochains trimestres, ce qui ferait naître de nouveaux besoins de main-d’œuvre de la part des entreprises. La croissance toujours vive du nombre d’heures prestées par les travailleurs intérimaires au cours des tout derniers mois (+ 12,5 % à un an d’écart en mars 2016), ainsi que le relèvement des opportunités d’emploi reçues par le Forem, constituent des signes précurseurs d’une reprise de l’emploi.

    Les mesures du Gouvernement fédéral, quant à elles, devraient commencer à pleinement porter leurs fruits sur la croissance de l’emploi au cours des trimestres à venir. Certaines mesures sont en effet entrées en application au 1er janvier de cette année et d’autres encore au 1er avril.

    La croissance positive de l’emploi, qui repose notamment sur un regain de croissance, est un élément d’explication de la baisse du nombre de chômeurs tout au long de l’année 2015 et en 2016.

    Cependant, cette diminution reflète également des modifications de la réglementation fédérale en matière de chômage et des procédures de contrôle renforcées. Ces mesures ont particulièrement touché les demandeurs d’emploi bénéficiant d’une allocation d’insertion, en particulier la mesure de «fin de droit» qui a eu un impact important début 2015. L’évolution du nombre de chômeurs complets indemnisés percevant des allocations sur la base du travail et l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi inoccupés et non indemnisés, moins influencée par les changements réglementaires, montrent une tendance baissière depuis mi-2014, ce qui tend dès lors à confirmer l’amélioration croissante de la situation du marché du travail depuis cette période.