L’agroécologie
- Session : 2015-2016
- Année : 2016
- N° : 658 (2015-2016) 1
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Question écrite du 12/07/2016
- de BROGNIEZ Laetitia
- à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région
À la prochaine rentrée universitaire, il sera possible de suivre un master en agroécologie, élaboré par plusieurs universités (Gembloux, ULg, ULB Arlon, AgroParisTech).
Monsieur le Ministre en est-il informé ?
À qui s’adresse ce master et quels en sont les objectifs et les débouchés ?
Où sera-t-il dispensé ?
Sait-il si les établissements qui forment les futurs agriculteurs ont eux aussi été informés de cette nouveauté ?
Le CRA-W a-t-il été associé ?
Ce type d'agriculture, l’agroécologie, est-il abordé dans d'autres cycles d'études qui forment les futurs agriculteurs (baccalauréat, humanités, ...) ?
L’agroécologie est-elle pratiquée chez nous ?
Avec quelle ampleur ?
De quelle manière est-elle promue ?
Fait-elle l’objet de recherches particulières par le CRA-W ?
Finalement, quelle pourrait être sa place à côté de l’agriculture biologique ?
Par ailleurs, je le rappelle souvent, les agriculteurs dits conventionnels s’efforcent déjà de respecter leur environnement, de limiter par exemple l’utilisation de produits phytosanitaires,… Dès lors, quelle est finalement l’ambition des partisans de l’agroécologie ?
Réponse du 27/07/2016
- de COLLIN René
L’Université de Liège organise en effet, sur le site Gembloux d’Arlon, à l’ULB et à l’AgroParis Tech, un master en Agroécologie.
Le CRA-W n’est pas associé à cette formation. Il est par contre impliqué dans la mise en œuvre du Certificat interuniversitaire « AgroÉcologie & Transition vers des Systèmes Alimentaires Durables » et dans l’organisation d’une université d’été sur l’agroécologie.
Si j’en suis bien évidemment informé, je rappelle à l’honorable membre que cette initiative sort de mes compétences institutionnelles.
Ce master vise à former des professionnels chargés de la mise en oeuvre de la transition agroécologique, c’est-à-dire à les rendre capables d’analyser des agrosocios-écosystèmes complexes et dynamiques, par des approches multidisciplinaires. L’enseignement sera accessible aux étudiants qui auront, au préalable, des formations en sciences humaines, en sciences ou en techniques. Les admissions seront évaluées sur dossier et, en fonction des profils des étudiants, ils seront dispensés ou non d’un programme complémentaire de 45 ou 60 crédits maximum.
L’agro-écologie n’est pas, comme l’agriculture biologique, cadrée par un cahier des charges, mais par l’adoption d’un ensemble de principes initialement focalisés sur l’optimisation des processus écologiques dans les agroécosystèmes avant d’intégrer des principes sociopolitiques à l’échelle de l’ensemble du système agro-alimentaire. L’Agriculture écologiquement intensive, voulue par le Code wallon de l’agriculture, en constitue dès lors un exemple particulier.
Vu que de plus en plus d’exploitations visent à optimiser la mise en œuvre de ces processus écologiques via par exemple l’utilisation de plantes fixatrices d’azote ou l’aménagement de bordures destinées à accueillir une entomofaune utile, nous pouvons dire que des principes en sont appliqués dans nos exploitations.
Il est plus difficile de se prononcer sur l’ampleur du phénomène, mais les exploitations bio, pratiquant l’agriculture de conservation ou à la recherche d’une plus grande autonomie, sont toutes des acteurs potentiels de l’agroécologie.
Les pratiques qui sous-tendent les principes de l’agroécologie font l’objet de nombreuses recherches. À titre d’exemple nous pouvons souligner les études des interactions entre les insectes utiles et leurs proies, la sélection de variétés de végétaux résistantes aux maladies, la définition de stratégies permettant d’intégrer les légumineuses dans nos systèmes agraires, etc. Ces connaissances sont notamment promues au travers des centres pilotes wallons.
Le champ d’intersection est important entre l’agriculture bio et l’agroécologie: de nombreuses fermes bio sont également agro-écologiques alors que l’inverse n’est pas vrai. En agriculture, comme dans tout secteur, la volonté est d’implémenter une dynamique d’amélioration continue. Dans ce contexte, l’agro-écologie explore des alternatives potentielles tant en termes de techniques de production que de modalités d’organisation.