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L'incinération des pneus usés

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1234 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 18/07/2016
    • de MOTTARD Maurice
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    Près d’un pneu collecté sur cinq finit par alimenter les fours à ciment.

    Inter-Environnement Wallonie (IEW) dit, dans un rapport sur la co-incinération des déchets en cimenterie que « Le tonnage incinéré, et surtout le débit de fumées sortantes font que l’apport global du secteur cimentier sur les concentrations en certains polluants au niveau local ou régional peut s’avérer problématique. ».

    Pourtant une étude indépendante sur le traitement des déchets industriels démontre que les utiliser comme combustible de substitution pour la production de ciment est moins nocif pour l’environnement que de les traiter dans des incinérateurs de déchets.

    La Région wallonne oblige les industriels (d’ailleurs taxés à la tonne de déchets dangereux co-incinérés), et ce, depuis que la valorisation de déchets en énergie s’est généralisée dans les fours à ciment (en 2003), à se soumettre à des permis d’exploitation plus stricts pour limiter les émissions de dioxines, métaux lourds, dioxydes de carbone, dioxydes d’azote et de soufre.

    Il y a plus de pneus usagés récoltés que de pneus neufs mis sur le marché !

    En 2015, 80.896 tonnes de pneumatiques ont été collectées par Recytyre sur l’ensemble du territoire belge, à travers 5.123 points de collecte actifs et 44 partenaires.
    76.556 pneus ont été transformés en matière ou en énergie.

    On peut lire dans un rapport de l’organisme de gestion des pneus usés que : « La collecte de pneus usés et le nombre de pneus neufs mis sur le marché a atteint pas moins de 114 %. On a donc récolté davantage de vieux pneus qu’on en a introduits de nouveaux sur le marché. Cela résulte en grande partie de l’importation non déclarée de nouveaux pneus et celles de pneus d’occasion. ».

    Comment expliquer que nous récoltons plus de pneus que nous en vendons ?

    Monsieur le Ministre confirme-t-il qu’un pneu sur cinq est brûlé plutôt que d’être recyclé ?

    L’incinération des pneus provoque des pollutions qui impactent la qualité de l’air et donc la santé. Peut-on en mesurer les effets ?

    Ne doit-on pas soumettre ladite incinération à des normes d’émissions nettement plus strictes ?
  • Réponse du 29/07/2016
    • de DI ANTONIO Carlo

    Le taux de collecte de pneus usés par rapport aux pneus mis sur le marché supérieur à 100 % s’explique principalement, comme spécifié par Recytyre, par des importations non déclarées de pneus, aussi bien neufs que d’occasion. Il peut notamment s’agir de plateformes internet non affiliées à Recytyre. Cette problématique est traitée par l’organisme de gestion. Il convient également ici de souligner que la mise sur le marché s’entend comme celle effectuée par des obligataires de reprise membres de Recytyre.

    Concernant le volume de pneus incinérés, il est effectivement de l’ordre de 20 % pour l’année 2015. Ce taux connait un léger regain après une forte baisse, qui l’avait vu passer de 46,01 % en 2006 à 13,02 % en 2013. Les objectifs imposés au niveau européen et traduits dans la législation wallonne relative aux obligations de reprise sont largement rencontrés. En effet, le seuil maximal pour la valorisation énergétique est de 45 %. Le minimum de 55 % de valorisation matière est lui aussi atteint, la mise en centre d’enfouissement technique étant interdite par l’Arrêté du Gouvernement wallon du 18 mars 2004 interdisant la mise en centre d’enfouissement technique de certains déchets et fixant les critères d’admission des déchets en centre d’enfouissement technique.

    En termes de pollution, le caoutchouc des pneus recèle nombre de monomères et d’additifs qui seront libérés ou plus ou moins oxydés sous forme d’un large spectre de produits de combustion incomplète, lesquels comprennent entre autres choses des polluants organiques persistants ou des perturbateurs endocriniens. Relevons qu’en matière d’émission de polluants organiques, les conclusions des travaux européens sur les meilleures technologies disponibles pour l’industrie cimentière (directive IPPC/IED) ne visent de façon contraignante que les dioxines.

    En Wallonie, l’arrêté du Gouvernement wallon sur l’incinération/coincinération du 21 février 2013 y ajoute le Carbone Organique Total.