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Les difficultés du secteur agricole wallon après les intempéries

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 662 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 18/07/2016
    • de MARTIN Nicolas
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Monsieur le Ministre l'a constaté, les conditions climatiques de ces dernières semaines sont particulièrement compliquées et ne sont pas sans incidence sur les cultures wallonnes.

    Entre les coulées de boue et la recrudescence de la fusariose, les agriculteurs wallons ne peuvent que constater les dégâts et s’attendent à une récolte difficile.

    Monsieur le Ministre peut-il nous fournir une première estimation de la baisse de production pour les agriculteurs wallons suite aux intempéries, avant un bilan plus définitif à la fin de l’été ? Des aides spécifiques sont-elles prévues pour anticiper de futures difficultés ?
  • Réponse du 04/08/2016
    • de COLLIN René

    Suite aux intempéries, on peut donc s’attendre à des rendements diminués pour les cultures dont les récoltes sont estivales. Ainsi, pour les escourgeons, une diminution de 30 à 40 % est constatée. Le CEPICOP (Centre Pilote Céréales Oléo-Protéagineux) évoque des rendements moindres et des poids spécifiques faibles. La commission céréales de SYNAGRA (Association professionnelle de négociants en céréales et autres produits agricoles) vient de revoir à la baisse les normes de réception pour les escourgeons, prenant ainsi en compte le niveau faible de poids spécifique. Pour les cultures de colza et de froment, on peut également s’attendre à une baisse des rendements et des pertes de récolte. Nos voisins français estiment une baisse de volume entre 10 et 20 % pour les froments et de 10 % environ pour le colza.

    Il est très probable que les prix ne compenseront pas le déficit de volume. En effet, en ce qui concerne les céréales par exemple, les grands bassins producteurs mondiaux devraient enregistrer de bonnes voire très bonnes récoltes, maintenant par conséquent les cours notamment du blé et du maïs à un niveau relativement bas, et ce pendant plusieurs années encore selon certains observateurs, sauf accidents climatiques.

    Les prairies ont également été touchées par ces intempéries. La plupart des agriculteurs ont pu récolter une première coupe d'ensilage. La deuxième coupe a été ou est plus problématique. Le rendement de la première coupe a été bon, mais la qualité l’est généralement moins. Par ailleurs, de nombreux producteurs n’ont pas su faner dans les temps. Dans la majorité des cas, les parcelles ont été fanées très tardivement. Les prairies pâturées ont subi également des pertes dues à un piétinement de l'herbe.

    Pour la pomme de terre, la Fiwap (Filière wallonne de la Pomme de terre) estime qu’au minimum 3 % des surfaces belges de pommes de terre de consommation sont d’ores et déjà considérées comme perdues. La récolte finale sera affectée. Ces pertes ne sont pas chiffrables à l’heure actuelle. Toutefois, la qualité sanitaire laisse craindre des difficultés de stockage.

    Pour les autres cultures, il est encore bien trop tôt pour pouvoir estimer les éventuels dégâts. Cependant, les maïs enregistrent un retard certain et le stade de floraison est atteint pour certains avec des tailles réduites. Il faudra donc s’attendre à une perte de masse fourragère.

    Pour les betteraves sucrières, l’IRBAB (Institut royal belge pour l'amélioration de la betterave) constate de fortes attaques fongiques. Dans le cadre des systèmes d’avertissement, le seuil de traitement est atteint dans 50 % des parcelles régulièrement suivies dans le réseau d’observation. Actuellement, l’évolution des maladies est assez rapide au vu des conditions climatiques favorables.

    Pour les éventuels dégâts et les pertes de rendement, les agriculteurs peuvent déjà établir des constats de dégâts. Ceux-ci sont utiles dans le cadre de l’obtention d'une déduction fiscale. En outre, plusieurs communes ont déjà introduit des demandes de reconnaissance de calamité publique. Si une commune est reconnue dans ce cadre, les dégâts aux cultures peuvent également être indemnisés, pour autant que la demande ait été faite conformément à la procédure. Pour une éventuelle reconnaissance comme calamité agricole, un travail plus approfondi est encore nécessaire.