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La reprise économique et l'inflation

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 429 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 19/07/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    La Banque nationale mise sur une croissance de 1,3 % pour 2016 et de 1,5 % pour 2017. Et 140.000 nouveaux emplois seront créés d’ici 2018, on peut donc dire que le marché du travail en tirera profit. Un souci subsiste malgré tout, l’inflation trop élevée, qui si elle se répercute sur les prix pourrait mettre à mal la reprise.

    La croissance sera de plus en plus portée par une dynamique intérieure, autrement dit la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. En conséquence, le chômage devrait reculer de 8,6 % en 2016 à 7,8 % en 2018, cela aurait pu être plus, mais entre-temps plusieurs milliers de réfugiés sont venus s’ajouter sur le marché du travail.

    En 2017, nous aurons une hausse réelle des salaires, puisque le saut d’index arrive à son terme. Aujourd’hui, la Belgique a l’inflation la plus élevée de la zone euro (après plusieurs années d’inflation presque nulle). En effet, 1,6 % en 2016, 1,8 % en 2017 et 1,9 % en 2018.
    En cause, une série de taxes indirectes (21 % de TVA électricité, Turteltaks en Flandre, suppression des kWh gratuits ou bien la hausse des accises sur le tabac et l’alcool) qui font mal au portefeuille des consommateurs. Il ne faudrait pas que l’inflation vienne plomber la reprise, si jamais les hausses de prix devaient se transmettre aux coûts.

    L’inflation a été gonflée pour une série de taxes sur la consommation qui doivent contrefinancer les mesures de type tax shift ou des réductions de charges sociales.

    Le ministre fédéral du budget avoue que le tax shift joue à 22,2 % en faveur du décile supérieur du revenu et à 0,1 % en faveur du décile inférieur. La TVA (et les accises) joue le plein effet sur la consommation, frappant les consommateurs de toutes les couches sociales, sauf ceux qui peuvent mettre de l’argent de côté (ce qui dope l’épargne). Ceci va induire des modifications dans les comportements de consommation, notamment du côté des 5 déciles inférieurs de revenus. L’effet sur l’économie va être immédiat (sur la demande interne).

    Peut-on déjà au stade actuel procéder à des extrapolations en ce qui concerne les effets futurs des mesures actuelles qui dopent l’inflation, mais qui ne sont en rien compensées par le tax shift pour les revenus appartenant aux 2 à 3 déciles inférieurs ?
  • Réponse du 30/08/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La Belgique se caractérise par un niveau d’inflation relativement élevé. En effet, les indicateurs économiques les plus récents de la Banque Nationale tablent sur une inflation (mesurée par la croissance de l’indice des prix à la consommation harmonisé) de 1.6 % en 2016 pour la Belgique, comparativement à une moyenne de 0.2 % pour la zone euro et de 1.8 % en 2017 pour la Belgique contre 1.3 % pour la zone euro.

    Cet écart d’inflation s’observe depuis l’année dernière où l’inflation dans la zone euro était tombée au point mort. La BNB souligne également que le taux d’inflation belge n’est influencé qu’en partie par les composantes de base de la formation des prix. Ils évaluent en effet, qu’en 2016, les hausses de prix consécutives aux décisions des pouvoirs publics (par exemple le relèvement de la TVA de 6 à 21 % sur l’électricité, l’augmentation des accises sur l’alcool et le tabac…) devraient représenter plus de la moitié de l’inflation totale attendue en Belgique. Au cours des prochaines années, l’évolution attendue du prix du pétrole devrait exercer une forte incidence sur l’inflation, qui devrait présenter un net rebond dans la zone euro à partir de 2017.

    Même si les facteurs pouvant expliquer une éventuelle reprise économique sont multiples et difficiles à cerner, ce haut niveau relatif d’inflation peut impacter, d’une part, la croissance économique générale et peut, d’autre part, toucher différemment les différents déciles de la distribution des revenus des ménages.

    Premièrement, la nette accélération de l’inflation impactera négativement la consommation des ménages, alors que celle-ci est au cœur de la demande intérieure qui reste le principal moteur de la croissance économique. Cependant, la BNB prévoit qu’à partir de 2017, la croissance régulière sur le marché de l’emploi et, surtout, l’augmentation des hausses salariales réelles induiront une accélération des revenus du travail, qui constituent le principal déterminant de la consommation privée. Compte tenu du lissage de la consommation dans le temps, les ménages n’adapteront qu’avec un certain délai leur consommation à cette hausse de leurs revenus.

    Deuxièmement, l’évolution de l’inflation n’a pas un effet homogène parmi les ménages en Belgique. Une étude de la BNB a en effet montré que les ménages les moins aisés ont, lors des pics d’inflation, connu une hausse des prix des biens consommés plus élevée que pour la moyenne des ménages et encore davantage par rapport aux ménages disposant des plus hauts revenus. Ce différentiel entre les taux d’inflation selon la classe de revenus s’explique par le poids plus élevé de l’alimentation et de l’énergie dans le budget des ménages les moins favorisés.

    Par ailleurs, comme les revenus du travail sont au cœur de la consommation privée, il est certain que les personnes des déciles inférieurs (présentant les revenus les plus fiables de la distribution), et en particulier les personnes en dehors du marché de l’emploi, risquent de subir davantage la hausse des prix sans pouvoir bénéficier de la hausse potentielle des salaires. De plus pour les travailleurs, l’impact de l’inflation n’est pas neutre, car la BNB indique que la réduction des coûts salariaux par unité produite, observée ces trois dernières années, n’est pour le moment répercutée que de manière incomplète dans les prix.