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L’accès aux soins des personnes souffrant d’assuétudes

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1297 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 20/07/2016
    • de EVRARD Yves
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Je suis interpellé par les différents services spécialisés de la Province de Luxembourg au sujet de l’accès aux soins des usagers de drogues (légales ou non). Tous établissent le même constat.

    1° Les spécificités des zones rurales et plus particulièrement de la Province de Luxembourg ne sont pas appréhendées, que ce soit dans le mode de calcul des subsides ne prenant pas en compte les écarts de revenus importants pour les familles de certaines zones, mais également en ce qui concerne les problèmes de mobilité, d’accessibilité aux
    2° Différents services ont vu leurs moyens diminuer et/ou se sont vus retirer la mission «  prise en charge des assuétudes  » déforçant ainsi les équipes qui sont dès lors en sous effectifs pour assurer leurs missions d’accompagnement et de prévention.
    3° Chaque service s’accorde pour dire que la complexité des situations s’intensifie et que l’appauvrissement des familles augmente sensiblement.
    4° Outre l’appauvrissement des services, il semble que l’accès à l’aide et aux soins pour les personnes souffrant de dépendance soit également victime de représentations négatives des professionnels de ces secteurs.

    Ces différents services cherchent à interpeller les politiques à différents niveaux de pouvoirs pour qu’ils tiennent compte, dans les différentes politiques menées, de la réalité de la Province de Luxembourg (socio-économique, offre de services, étendue, accessibilité et mobilité, population jeune, budgets octroyés…).

    Le 30 mars dernier, lors de la Conférence interministérielle (CIM) les ministres de la Santé ont approuvé le «  Guide vers une nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents  ».

    Dans ce cadre, Monsieur le Ministre pourrait-il envisager de mettre en place une subsidiation adaptée, dans tous les secteurs, aux réalités de terrain et aux spécificités des Régions et ainsi répondre au besoin d’étoffer et de soutenir ces services  ?
  • Réponse du 03/08/2016
    • de PREVOT Maxime

    Contrairement à ce qu’il a été rapporté à l’honorable membre, la Région wallonne n’a pas réduit ses subventions dans le Luxembourg, en matière d'assuétudes ou dans d'autres secteurs. Au niveau ambulatoire, le Luxembourg bénéficie, comme les autres zones de la Wallonie, de plusieurs services agréés d’aide et de soins spécialisés en assuétudes (Actolux, CAL Luxembourg et Solaix) et d’un réseau agréé lui aussi (Coordination Luxembourg assuétude – CLA). Ces opérateurs agréés reçoivent des subventions de la Wallonie pour travailler dans le domaine des assuétudes en application des règles du Code wallon de l’action sociale et de la santé.

    Comme l’honorable membre le note, la Province du Luxembourg a, effectivement la particularité de compter sur son territoire, de nombreuses zones rurales, proportionnellement plus que les autres provinces. Mais chaque province wallonne compte des zones rurales, semi-rurales et urbaines plus ou moins étendues. En matière de répartition des services d’aide et de soins, que ce soit au niveau assuétudes ou de manière plus large en santé mentale, chaque province a ses spécificités et les services ne sont pas également accessibles partout. Les caractéristiques de chaque province seront mises en évidence dans le prochain « Tableau de bord de la Santé des Wallons et des Wallonnes » que l'Observatoire wallon de la Santé prépare.

    Seuls peut-être les habitants de certains grands centres urbains peuvent se vanter d’avoir tous les services possibles accessibles dans un rayon de moins de 5 km ou 10 km. Pour remédier à cette situation, il n’est évidemment pas possible de multiplier les institutions pour rendre les services physiquement proches de chaque habitant. Une solution, qui est en train d’être appliquée, est celle des services mobiles. Ainsi, au lieu de demander à chaque habitant de se déplacer vers les services dont il a besoin, ce sont les institutions qui se déplacent. Dans certains cas, il est en effet nécessaire que les intervenants se rendent soit au domicile d’une personne, soit dans une antenne plus facilement accessible aux habitants.

    L’honorable membre évoque les réseaux en santé mentale. Ces réseaux sont justement conçus pour s’adapter aux spécificités de leur territoire en incitant les intervenants à trouver ensemble des solutions pour les problèmes particuliers existant sur ce territoire, notamment via les équipes mobiles. L’objectif est d’arriver à offrir les services nécessaires à la population sur une zone donnée. Comme chaque territoire de la Wallonie possède ses spécificités, les réseaux (qui ne dépassent pas le territoire d’une province) sont une solution pour découvrir ces spécificités, pousser les institutions existantes à s’y adapter et faire remonter vers les autorités les besoins particuliers de ces zones. Avec les autres Gouvernements fédérés et avec le Gouvernement fédéral, je soutiens activement le développement de ces réseaux en Wallonie. Les avancées de ceux-ci sont en outre discutées régulièrement en Conférence Interministérielle de la Santé publique. Que ce soit pour les adultes (réforme dite « PSY107 ») ou pour les enfants et adolescents, ces réseaux sont en train de se mettre en place dans la Province du Luxembourg. Il faut toutefois être conscient que cela prend du temps.

    Un des moyens utilisés par ces réseaux pour améliorer l’offre en santé mentale (y compris dans le domaine des assuétudes) est de remettre le patient au centre des discussions, de pousser les intervenants à sortir de leur cadre institutionnel, pour qu’ils travaillent ensemble vers de meilleurs soins au bénéfice du patient. Pour renforcer cet objectif, les réseaux intègrent dans chaque discussion des représentants des patients et des familles. Je soutiens d’ailleurs via des subventions plusieurs associations de patients et de familles, notamment en santé mentale (La LUSS, PSYTOYENS et SIMILES).

    Je ne cache pas que cet objectif d’une meilleure répartition de l’offre de soins est un parfois difficile à atteindre, notamment à cause des réticences de certains acteurs qui soit rencontrent des difficultés d’adaptation, soit craignent de perdre un certain pouvoir. Mais ce processus, relativement neuf, devra se poursuivre sur le long terme.

    Comme l’honorable membre fait référence aux autres secteurs du soin, j’évoquerai également le système d’incitants financiers mis sur pied depuis plusieurs années pour encourager les jeunes médecins généralistes à s’installer dans les zones à faible densité médicale. Il s’agit d’un soutien spécifique pour ces zones, comme dans les régions rurales ou certains quartiers pauvres des grandes villes. Je lutte en effet contre la désertification médicale en adaptant le dispositif actuel. D’ailleurs, la note d’orientation relative à la première ligne de soins, approuvée le 20 juillet dernier par le Gouvernement wallon, prévoit à ce propos des incitants financiers. Ce projet fait donc partie d’un plan global et il s’articulera avec d’autres actions, dont certaines vont aussi dans le sens du développement de la médecine générale en zone rurale, comme le soutien du FEADER au niveau de l’implantation de maisons médicales. En effet, dans le cadre de la programmation 2014-2020, la Wallonie a inscrit les associations de santé intégrées en tant que bénéficiaires potentiels du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER). Le premier appel à projets pour ces structures s’est clôturé le 15 février dernier. Quatre projets ont été introduits par des associations de santé intégrée dans le délai imparti et ils ont tous été jugés recevables. Deux de ces projets ont été introduits par des opérateurs luxembourgeois. Le second appel à projets de l’année 2016 sera lancé le 1er novembre 2016.

    Les projets Interreg V offrent également des solutions pour le Luxembourg et les zones transfrontalières qui ont les mêmes caractéristiques que cette province : ruralité, grandes distances, faible population et donc peu de services. Interreg V soutient le projet ZOAST des zones organisées d’accès aux soins transfrontaliers : ZOAST.