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L’état des stocks de poissons en Meuse belge

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 675 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 20/07/2016
    • de MOUYARD Gilles
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Le gardon, espèce emblématique de la Meuse, a connu un fort déclin ces dix dernières années en Belgique. Cette constatation a conduit l’Unité de recherche en biologie environnementale et évolutive de l’Université de Namur a réaliser une étude financée par le Fonds européen pour la pêche et le Service public de Wallonie (le Département nature et forêts), et ce, afin de mettre en lumière la ou les principales causes de ce déclin.

    Cette étude en est arrivée à la conclusion qu’il était nécessaire de prendre des mesures de gestion adaptées afin d’améliorer les capacités d’accueil de la Meuse belge pour les poissons. De plus, le manque de productivité primaire en Meuse apparaît comme un réel problème qui concerne l’ensemble de l’écosystème de la Meuse.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation  ? A-t-il pris connaissance de cette étude  ? Partage-t-il les résultats de cette étude  ? Compte-t-il suivre les recommandations de cette dernière  ? Dans l’affirmative quelles sont les pistes qui seront privilégiées  ?
  • Réponse provisoire du 23/08/2016
    • de COLLIN René

    J’ai bien pris connaissance de la question écrite relative à l’état des stocks de poissons en Meuse belge.

    Toutefois, la réponse nécessite des investigations qui, à l’heure actuelle, ne sont pas encore tout à fait terminées. Mon administration s’attache donc à récolter les derniers éléments qui me permettront de fournir une réponse complète d’ici peu.
  • Réponse du 07/09/2016
    • de COLLIN René

    En 20 ans, les densités de gardons dans la Meuse ont diminué de 90 %.

    Les résultats de l’étude menée par l’Université de Namur sont surprenants à plus d’un titre. Trois hypothèses sont avancées pour expliquer la diminution des populations de gardons dans le Meuse.

    1. Le Grand Cormoran qui est un redoutable prédateur de poissons en Meuse, en particulier du gardon. Mais la pression de prédation du cormoran sur le gardon a fort diminué depuis 2003 (- 82 % en 2013-2014), sans pour autant rétablir les populations de gardon.
    2. La réduction des ressources trophiques du fleuve comme conséquence de l’épuration des eaux du bassin hydrographique, même si elle n’explique pas la réduction drastique de la concentration de phytoplanctons dans l’eau en observée dans la Meuse depuis le début du siècle.
    3. L’expansion et de la prolifération depuis 1995 dans la Meuse de différents mollusques bivalves invasifs (originaire d’Asie et de la région ponto-caspienne). Ces mollusques, dont la densité atteint jusqu’à 1.000 individus par mètre carré en Wallonie, filtrent la majorité du phytoplancton du fleuve, rendant l’eau quasi transparente, sans nutriments. Or, les larves du gardon dépendent du plancton pour se nourrir durant les premières semaines de leur vie.

    En ce qui concerne les solutions à mettre en œuvre pour remédier à cette situation, trois axes me semblent à privilégier :
    1. La lutte contre les mollusques invasifs qui limitent actuellement la productivité primaire phytoplanctonique ;
    2. La protection accrue des géniteurs de gardon en limitant le prélèvement par la pêche récréative en Meuse ;
    3. Une amélioration de la recolonisation de la Meuse par les macrophytes aquatiques (plantes supérieures telles que les joncs, etc.).

    Pour terminer, il faut se rendre compte que la situation piscicole de la Meuse est depuis plusieurs décennies en plein bouleversement, notamment du fait des invasions biologiques auxquelles elle doit faire face. Ainsi, depuis 2011, on enregistre en Meuse belge la prolifération de trois espèces invasives de gobies, des petits poissons de maximum 15 centimètres qui se nourrissent de mollusques bivalves.