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Les conséquences du Brexit sur le secteur alimentaire

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 441 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 20/07/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    L’avenir ne s’annonce pas radieux, le handicap salarial, la TVA, les accises sur les boissons, les cotisations pour les emballages, la taxe santé,... Toutes ces différentes taxes posent un gros problème quant à l’avenir du secteur de l’industrie alimentaire en Belgique.

    Et pourtant le chiffre d’affaires de l’industrie alimentaire a augmenté de 50 %, en 10 ans.

    Les différentes entreprises, principalement des PME, ont augmenté leurs investissements de 10 %, soit 1,43 milliard d’euros d’investissements. Le secteur reste le premier employeur du pays, avec 88.439 emplois directs et 137.080 emplois indirects.

    On peut donc affirmer que l’industrie alimentaire contribue largement à la balance commerciale de la Belgique.

    Malgré ces excellents résultats, l’industrie alimentaire belge a vu ses parts de marché dans les exportations au sein de l’Union européenne chuter de 11,2 % au cours des dix dernières années pour atteindre le niveau de 7,6 %.

    Les PME belges doivent faire face au handicap salarial, malgré le tax shift, qui s’élève toujours à 17,4 % en 2016, à quoi il faut ajouter les surcoûts énergétiques et la taxe kilométrique. Et maintenant il faut encore ajouter le Brexit. Quelles seront les répercussions sur les exportations vers le Royaume-Uni, un marché qui vaut actuellement 2,2 milliards d’euros ?

    Mais, le plus urgent c’est probablement le taux de change, car s’il faut payer en livres sterling, cela représentera une perte de 10 %.

    Au niveau politique, le Brexit est un événement bienvenu pour justifier les dérapages budgétaires. S’en servent ceux qui, dans une vie antérieure, critiquent leurs prédécesseurs d’avoir agi de la même manière.

    Au niveau économique, je suppose que le Brexit ne sert pas de prétexte pour cacher une autre réalité. Monsieur le Ministre partage-t-il les inquiétudes exprimées par le secteur alimentaire ? Des exportations pour 2,2 milliards d’euros sont-elles en danger ? Quelle en serait la quote-part au niveau wallon ? Faut-il, dans ce scénario de recul des exportations, arrêter des mesures spécifiques aidant le secteur ? Notamment au vu du fait que Poutine vient de prolonger l’embargo (importations de denrées alimentaires d’origine Union européenne) jusque fin 2017 ? Peut-on développer des initiatives spécifiques qui aident le secteur à conquérir de nouveaux marchés (organisation/participation à des foires, des missions de commerce extérieur, réseau AWEx avec une partie d’agents spécialisés…) ?
  • Réponse du 14/09/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Considérant l’importance du Royaume-Uni comme partenaire commercial de la Wallonie, il semble important de rappeler les points d’attention qui seront les nôtres dans les prochains mois dans le contexte du Brexit dont les conséquences associées sont non négligeables pour les exportations wallonnes sur le court terme.

    Le premier impact est évidemment lié à la chute des cours de la livre sterling contre l’euro. Depuis l’annonce de la victoire du camp du « leave », la livre britannique a dégringolé de 10 % face à l’euro et plus de 12 % vis-à-vis du dollar, son plus bas niveau depuis 1985. L’impact d’une appréciation de l’euro face à la livre sterling est mécanique pour les entreprises wallonnes : elle a comme principal effet négatif d’éroder la compétitivité-prix des produits wallons sur le marché britannique. Si la poursuite de la chute du cours du sterling se confirmait dans les prochains mois, nos exportations vers le Royaume-Uni risqueraient de souffrir.

    Malgré ce handicap pour nos exportateurs, le Royaume-Uni continuera toujours à représenter un marché à fort potentiel caractérisé par des consommateurs bénéficiant d’un pouvoir d’achat élevé et par des clients industriels qui peuvent offrir de nombreuses perspectives d’affaires aux entreprises wallonnes, tant pour les biens de consommation que pour les produits industriels.

    En outre, cette période pourrait être mise à profit par nos entreprises pour développer ou intensifier leur campagne marketing sur ce marché, profitant par corolaire de la baisse des coûts de ces prestations, engendrée par un euro « plus » fort.

    Même à l’extérieur de l’UE, le Royaume-Uni continuera néanmoins à être l’un des trois moteurs de l’Europe, derrière l’Allemagne et la France. Sa puissance industrielle et financière continuera à bénéficier à toute la zone économique européenne. Le Royaume-Uni réalise 45 % de ses exportations dans l’UE et 55 % de ses importations proviennent de l’UE. Sans posséder une boule de cristal, les proportions devraient se maintenir à terme, car les avantages indéniables pour le Royaume-Uni de sa forte imbrication avec les économies européennes militeront en faveur de la poursuite de son ouverture commerciale avec l’UE.

    Il est en effet très réaliste de croire que les dirigeants britanniques de demain continueront à développer leurs échanges économiques avec l’Europe et n’investiront pas dans la mise en place de mesures protectionnistes à l’encontre de leurs voisins et consommateurs européens.

    Pour ces raisons, l’AWEx poursuivra avec dynamisme sa politique de soutien à la prospection du marché britannique au bénéfice des PME wallonnes. Depuis 2010, l’AWEx a réalisé pas moins de 22 actions de promotion et de prospection commerciale au Royaume-Uni ayant impliqué la participation de 315 entreprises.

    Plus concrètement, un plan d’actions Brexit pour les entreprises wallonnes a été établi et s’articule autour de deux initiatives :

    1. La création par l’AWEx sur son site internet d’un « help desk Brexit », actif depuis le 24 juin, pour donner aux entreprises wallonnes des explications et conseils sur les implications du Brexit dans le cadre de leur démarche de prospection et d’accès au marché britannique. Ce point focal permet aux entreprises de poser leurs questions sur les conséquences du Brexit pour leurs activités et d’obtenir des réponses de spécialistes de l’AWEx, notamment de notre réseau de représentation économique et commercial au Royaume-Uni. Par souci de cohérence et comme cela a été le cas pour d’autres situations impliquant la nécessaire articulation de tous les niveaux de pouvoir, les questions récurrentes alimentent une plateforme nourrie par l’ensemble des acteurs belges concernés (SPF économie, SPF Affaires Etrangères, Flanders Investment and Trade, Brussels Invest and Export, FEB, UWE, BNB…). Ce dispositif permet de mobiliser l’ensemble des ressources pour répondre le plus précisément possible et avec la meilleure documentation aux interrogations de nos opérateurs économiques.

    2. La mise en place d’un Groupe de travail présidé par l’AWEx et le Conseil de l’industrie wallon. Ce Groupe de travail s’organise à géométrie variable en impliquant sous la forme de « task force » des partenaires tels que l’UWE, l’UCM, le CESW, la cellule prospective de la SOGEPA, ainsi que des experts et entreprises emblématiques concernées par le Brexit. Il a comme mandat de se pencher sur l’analyse des différentes hypothèses des conséquences économiques et commerciales du Brexit pour l’économie wallonne en fonction de l’évolution des positions européennes et britanniques. Le but ultime est de produire des recommandations d’actions pour optimiser l’adaptation de notre stratégie de prospection du marché britannique pour les entreprises wallonnes et de notre politique d’attractivité du territoire wallon auprès des investisseurs étrangers.

    Concernant le volet sectoriel aborder dans cette question, c’est l’AWEx qui en matière d’exportation soutient les efforts entrepris par les entreprises agroalimentaires. Ainsi, l’Agroalimentaire est le seul secteur disposant à l’AWEx de cellules qui lui soit entièrement dédié. Leurs objectifs consistent à accroître la visibilité internationale des entreprises wallonnes et à contribuer à diversifier géographiquement leurs exportations.

    Ainsi, chaque année, l’AWEx élabore un plan d’actions en concertation avec les opérateurs wallons du secteur agroalimentaire (entreprises, fédérations, pôle de compétitivité, Union wallonne des entreprises,…).

    Concrètement, au cours des dix dernières années, pour le seul secteur agroalimentaire, l’AWEx a organisé plus de 284 actions (166 participations collectives d’entreprises wallonnes aux salons internationaux, 27 stands d’informations sur des salons professionnels à l’étranger, plus de 85 invitations d’acheteurs en Wallonie ou de journées de contacts à l’étranger) et 6 tables rondes; le tout couvrant 45 pays et 60 destinations pour un budget moyen annuel avoisinant les 2 millions d’euros.

    À ces actions, il convient encore d’ajouter les missions multisectorielles auxquelles sont également conviées les entreprises agroalimentaires et le large panel de soutiens financiers, logistiques ou autres proposé par l’AWEx à chaque étape de la démarche exportatrice de l’entreprise.

    Il existe des aides pour chaque catégorie d’acteurs économiques wallons (entreprises, clusters, GIE, ou fédérations,…) quel que soit leur taille et leur volume à l’export.

    Il convient également de rappeler que l’AWEx soutient financièrement et logistiquement le pôle WAGRALIM dans ces efforts d’internationalisation. Entre 2006 et 2015, le budget alloué par l’AWEx au pôle s’élève à 3.270.000 euros pour soutenir les démarches de réseautage ou de promotion.

    Enfin, considérant le poids du secteur agroalimentaire dans les exportations wallonnes (+ /- 10 %) ; considérant qu’elle organise en moyenne (au cours des 10 dernières années) 175 actions par an tous secteurs économiques confondus, considérant qu’elle organise en moyenne 26 actions par an en faveur du secteur agroalimentaire (soit près de 15 % du total des actions programmées) ; on admettra que le secteur agroalimentaire jouit d’une attention particulière de la part de l’AWEx.

    2017 ne démentira pas cette ambition pour le secteur et permettra à nouveau aux entreprises agroalimentaires de bénéficier de diverses actions de promotion leur permettant de conquérir de nouveaux horizons ou de développer leurs parts de marché.

    Le programme d’actions en Europe continuera de faire la part belle aux manifestations disposant d’une renommée internationale, voire mondiale dans le secteur voire dans certains sous-secteurs plus particuliers pour lesquels la Wallonie dispose d’un savoir-faire à valoriser (confiserie, bio, ingrédients).

    Ces différentes présences de l’AWEx lors de salons exclusivement professionnels et spécialisés sont appréciées par un nombre toujours croissant d’entreprises. On constate 13 % d’augmentation de fréquentation des collectivités en Europe sur les 5 dernières années, ce qui représente 80 % des participants aux actions du secteur.

    Pour autant, les marchés extracontinentaux ne seront pas en reste puisque pas moins de 15 actions réparties sur 3 continents, auront pour but de sensibiliser les entreprises à diversifier ou intensifier leurs exportations vers quelques-uns des marchés disposant de potentiels de croissance attractifs.

    Si l’Asie focalise une attention particulière (50 % des actions), l’Afrique/Moyen-Orient et les USA seront les cibles privilégiées de ces prochains mois.