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L'attitude de la Belgique vis-à-vis du Brexit

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 442 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 20/07/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    D'après le Premier Ministre, Charles Michel : « S’il y a un dirigeant au Royaume-Uni qui pense pouvoir tirer uniquement les avantages de l’Union européenne sans faire preuve de solidarité, cela ne va pas être possible », et d’ajouter « Le Gouvernement fédéral trouverait anormal que l’Union européenne continue à payer les quelques centaines de fonctionnaires britanniques qui travaillent actuellement dans ses administrations », « Il s’agira donc de trouver un subtil équilibre avec le maintien de bons rapports économiques avec le Royaume-Uni ».

    Dans le même temps, avec la campagne « Welcome to Belgium », il dit vouloir attirer en Belgique les entreprises qui souhaitent quitter les îles britanniques.

    Agissant de la sorte, il a créé une très mauvaise image de la Belgique, non seulement du côté britannique, mais aussi du côté des partenaires de l'Union européenne. Plutôt que d’adopter une attitude « croque-mort » de l’économie britannique, il aurait mieux fait de sonder comment entretenir des contacts constructifs avec les 48 % qui ont opté pour rester dans l’Union européenne.

    Je pense que le Gouvernement flamand avait raison de critiquer cette attitude.

    En effet, les exportations flamandes vers le Royaume-Uni s’élevaient à 27,4 milliards d’euros en 2015 et 270 entreprises britanniques sont installées en Flandre. Le Gouvernement flamand plaide donc en faveur d’un adoucissement des conséquences du Brexit afin de préserver les susceptibilités britanniques.

    Peut-on connaître :
    - les mêmes données pour la Wallonie;
    - le volume des exportations wallonnes vers la Grande-Bretagne;
    - le nombre d’entreprises wallonnes installées dans ce pays;
    - les secteurs les plus impliqués dans les relations commerciales avec les Britanniques ?

    Vu la sensibilité du sujet, n’est-il pas indiqué de nouer le contact avec l'homologue flamand de Monsieur le Ministre-Président et d’exiger que les Régions soient associées aux débats intrabelges afin d’éviter que des propos mal placés ne créent des dégâts qu’on aura peine à corriger par la suite ? Ce n’est pas une compétence exclusive du Fédéral, en témoigne la compétence relative au Commerce extérieur.
  • Réponse du 24/08/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le Royaume-Uni est un partenaire commercial de premier ordre pour la Wallonie. C’est le cinquième marché étranger de destination des ventes wallonnes en 2015 avec 2,6 milliards euros d’exportations (6,6 % du total). Parmi nos principaux partenaires commerciaux, le Royaume-Uni est seulement devancé par les États-Unis (7,8 % du total), les Pays-Bas (8,5 %), l’Allemagne (15,5 %) et la France (24,9 %). Depuis 2010, la croissance annuelle moyenne de nos exportations vers le Royaume-Uni est de 5,8 %, ce qui est supérieur à la progression moyenne de nos ventes vers la France (+2,0 %), l’Allemagne (+3,1 %) et les Pays-Bas (+3,7 %).

    Les 10 principaux produits wallons exportés vers le Royaume-Uni sont :

    1. les produits pharmaceutiques (19,8 % du total) ;
    2. les instruments d’optique et de précision (11,2 %) ;
    3. les matières plastiques (10,2 %) ;
    4. les machines et équipements industriels (7,6 %) ;
    5. les produits sidérurgiques (5,2 %) ;
    6. le matériel de navigation aéronautique et spatial (3,4 %) ;
    7. les préparations agroalimentaires à base de légumes et de fruits (2,9 %) ;
    8. les produits en verre (2,9 %) ;
    9. les machines et équipements électriques et électroniques (2,9 %) ;
    10. le papier et cartons (2,7 %).

    Globalement, ces produits représentent 70 % du total de nos exportations vers le Royaume-Uni. Selon les banques de données de l’AWEX, les firmes responsables de ses volumes d’exportations sont GSK Biologicals, UCB Pharma, Akzo Nobel Chemicals, NMC, Thales Alenia Space Belgium, Industeel Belgium, Carmeuse, Thy Marcinelle, AGC Flat Glass Europe, Dow Corning Europe, Alstom Belgium, Caterpillar, Kabelwerk Eupen, Mactac Europe, Sca Hygiene Products et Mydibel.

    En ce qui concerne les importations, le Royaume-Uni est le septième fournisseur de la Wallonie avec un volume de 1,1 milliard € de produits importés en 2015. Par conséquent, cela signifie que la balance commerciale de la Wallonie avec le Royaume-Uni est très positive. Elle se situe à +1,6 milliard euros en 2015, soit le deuxième plus élevé après l’excédent commercial de la Wallonie avec la France (+1,8 milliard euros).

    Du côté des investissements étrangers, les entreprises britanniques ont investi 773 millions euros en Wallonie de 2000 à 2015 (6,8 % du total wallon), principalement dans les secteurs de la chimie, de la pharmacie et de l’aéronautique. Les entreprises britanniques ont été à l’origine de la création de 2.137 emplois en Wallonie durant cette période, soit 7,7 % du total des emplois découlant des investissements étrangers. Cela place le Royaume-Uni juste derrière les investisseurs français (4.081 emplois) et américains (5.013 emplois) en matière de création d’emplois sur le territoire wallon.

    Le plus gros investisseur britannique en Wallonie est GSK Biologicals, société pharmaceutique implantée dans le Brabant wallon, numéro 7 de l’industrie pharmaceutique mondiale et l’un des premiers fabricants de vaccins à l’échelle internationale. Elle emploie près de 9.000 personnes sur ses sites wallons et les vaccins développés et produits par GSK Biologicals en Wallonie représentent 10 % des exportations wallonnes totales.

    En réaction au Brexit, à titre de premier promoteur à l’étranger de l’attractivité de la Wallonie et de la qualité du savoir-faire wallon, le rôle de l’AWEx sera évidemment d’aider les entreprises wallonnes à s’adapter aux conséquences du Brexit sur l’environnement économique, juridique et fiscal qui caractérisera l’accès au marché britannique dans le futur. Pour ces raisons, l’AWEx poursuivra avec dynamisme sa politique de soutien à la prospection du marché britannique au bénéfice des PME wallonnes. Depuis 2010, l’AWEx a réalisé pas moins de 22 actions de promotion et de prospection commerciale au Royaume-Uni ayant impliqué la participation de 315 entreprises.

    Concrètement, le plan d’actions Brexit pour les entreprises wallonnes sera le suivant :

    1. La création par l’AWEx sur son site internet www.awex.be d’un « help desk Brexit » (actif depuis ce vendredi 24 juin) pour donner aux entreprises wallonnes des explications et conseils sur les implications du Brexit dans le cadre de leur démarche de prospection et d’accès au marché britannique. Ce point focal permettra aux entreprises de poser leurs questions sur les conséquences du Brexit pour leurs activités et d’obtenir des réponses de spécialistes de l’AWEx, notamment de notre réseau de représentation économique et commercial au Royaume-Uni.
    2. Par souci de cohérence et comme cela a été le cas pour d’autres situations impliquant la nécessaire articulation de tous les niveaux de pouvoir, les questions récurrentes alimenteront une plateforme nourrie par l’ensemble des acteurs belges concernés (SPF économie, SPF Affaires Etrangères, Flanders Investment and Trade, Brussels Invest and Export, FEB, UWE, BNB…). Ce dispositif permettra de mobiliser l’ensemble des ressources pour répondre le plus précisément possible et avec la meilleure documentation aux interrogations de nos opérateurs économiques.
    3. La mise en place d’un Groupe de travail présidé par l’AWEx et le Conseil de l’industrie wallon. Ce Groupe de travail s’organisera à géométrie variable en impliquant sous la forme de « task force » des partenaires tels que l’UWE, l’UCM, le CESW, la cellule prospective de la SOGEPA, ainsi que des experts et entreprises emblématiques concernées par le Brexit.

    Il aura comme mandat de se pencher sur l’analyse des différentes hypothèses des conséquences économiques et commerciales du Brexit pour l’économie wallonne en fonction de l’évolution des positions européennes et britanniques. Le but ultime sera de produire des recommandations d’actions pour optimiser l’adaptation de notre stratégie de prospection du marché britannique pour les entreprises wallonnes et de notre politique d’attractivité du territoire wallon auprès des investisseurs étrangers.

    Pour conclure, l'AWEx et WBI ont participé à une task force Visibilité (Positive Belgium) à la Chancellerie le 12 juillet.