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Le manque de bouchers en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 314 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 22/07/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Depuis 2012, le métier de boucher est en pénurie, mais en 2015, on a atteint des sommets avec plus de 700 postes vacants !

    Les demandeurs d’emploi manquent de qualifications, de compétences et/ou d’expériences pour pouvoir prétendre à ces postes.

    Mais il n’y a pas que les bouchers artisanaux qui soient dans cette situation, en effet, les abattoirs ont du mal à trouver des personnes qualifiées et sont donc obligés de faire appel à des sociétés qui elles-mêmes se tournent vers de la main-d’œuvre étrangère.

    Les bouchers formés dans l’enseignement sont trop peu nombreux, les candidats bouchers ne viennent pas à la formation… une unité mobile de formation dédiée à la découpe de la viande, nommée « Walmeat2U » vient donc à eux. Cette unité mobile (camion semi-remorque) permet la formation des demandeurs d’emploi et aussi la formation ou la mise à jour des compétences des travailleurs des abattoirs.

    C’est un exemple parmi tant d’autres des métiers en pénuries.

    Puis-je demander à Madame la Ministre de nous dresser une liste exhaustive des métiers en pénurie et d’en informer les établissements d’enseignements et de formations ?

    Puis-je lui demander en plus d’informer par métiers le nombre d’emplois vacants qui peinent à être occupés par un travailleur disposant du profil requis ?

    Puis-je demander quant aux délais moyens pendant lesquels lesdits métiers restent inoccupés ?

    Madame la Ministre a-t-elle demandé au Forem de procéder à un screening des demandeurs d’emploi quant à leur profil de formation et d’expérience professionnelle, ou plutôt quant à l’adéquation de ce profil avec celui exigé pour occuper l’emploi vacant ? Dans l’affirmative, quels en sont les résultats ?

    A-t-elle réfléchi à procéder à une identification des profils professionnels que les employeurs chercheront demain ? C’est certes plus difficile, mais il s’agit de ne pas rater une opportunité (comme cela a été le cas pour le numérique et les 30.000 emplois qu’on a loupé) ?
  • Réponse du 07/09/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    En juillet dernier, le FOREm a publié la liste des fonctions critiques et des métiers en pénurie observés en 2015.

    Afin d’établir la liste des fonctions critiques présentée ci-après, des enquêtes de suivi des offres d’emploi ont été réalisées par les conseillers du FOREm auprès des employeurs ayant déposé au moins une offre d’emploi au FOREm en 2015. À l’instar de ce qui se pratique dans les autres Services publics régionaux de l’Emploi, les métiers retenus sont ceux qui satisfont simultanément aux trois critères suivants :
    * Un volume minimum de 20 postes suivis dans l’année ;
    * Un taux de satisfaction pour les postes du métier concerné qui doit être inférieur à la moyenne de l’ensemble des métiers (soit 91,0 % en 2015) ;
    * Un délai de satisfaction des postes qui doit être supérieur à la moyenne de l’ensemble des métiers (soit 29,6 jours en 2015).

    Pour identifier les métiers en pénurie, des informations supplémentaires sont utilisées :
    * Un indicateur quantitatif : pour chaque métier identifié comme critique, le rapport entre le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés au 31 décembre 2015 et le nombre d’opportunités d’emploi gérées par le FOREm en 2015 doit être inférieur à 1,5.
    * Des consultations auprès d’experts du FOREm et des fonds sectoriels de formation permettent d’affiner encore la liste initiale.

    Ainsi, en 2015, le FOREm a identifié 73 fonctions critiques parmi lesquelles 59 sont considérées en pénurie. Ces 73 métiers représentent au total 30.029 opportunités d’emploi pour l’année 2015. Parmi ces opportunités d’emploi, 25.261 ont trouvé preneur. Le taux de satisfaction de ces offres d’emploi est dès lors de 84 % et leur délai moyen de satisfaction de 30,3 jours. Cette liste est disponible dans le lien suivant : https://www.leFOREm.be/MungoBlobs/944/957/BR_ME_JUILLET_2016_focus.pdf

    Pour chacun des métiers identifiés dans cette liste, le volume d’opportunités d’emploi recensées sur le métier ainsi que les taux et délais de satisfaction de ces offres d’emploi sont indiqués.

    Par ailleurs, au-delà de l’identification des métiers en pénurie, il est primordial de déterminer les causes des tensions dans le recrutement. Celles-ci sont toutefois multiples et spécifiques à chaque métier. Si pour de nombreux métiers, on observe un déficit de compétences et/ou d’expérience des demandeurs d’emploi, d’autres causes sont également souvent identifiées. L’approche menée pendant plusieurs années par le FOREm dans le cadre de l’action JobFocus (Plan Marshall 1 et 2.Vert) a mis en évidence que de nombreux facteurs influent sur la qualité de l’appariement, la maîtrise de ces facteurs ne relevant pas exclusivement du champ d’action du FOREm.

    En outre, un constat général est que la part de la réserve de main-d'œuvre inoccupée au 31 décembre 2015 qui, sur les 5 dernières années, a au moins une expérience dans le métier concerné, est souvent très faible. Globalement, le manque d’expérience des demandeurs d’emploi est l’une des causes de tension récurrentes dans l’analyse des fonctions critiques.

    En termes d’identification des compétences, de nombreux outils sont exploités par le FOREm : screening de compétences (59 métiers), validation et certification des compétences notamment. La question de l’adéquation des profils entre l’offre et la demande d’emploi est spécifique à chaque secteur voire chaque métier ; il est donc délicat de généraliser les résultats. Néanmoins, ce travail de veille permet au FOREm, ainsi qu’à l’ensemble des opérateurs publics de formation et, notamment, à l’IFAPME, de proposer et de mettre en œuvre des actions qui favorisent l’appariement sur le marché du travail. Des formations qualifiantes pour les métiers en pénurie sont proposées aux demandeurs d’emploi, dans les secteurs de l’industrie technologique, de la construction, de l’horeca, du commerce,… En 2015, 3021 stagiaires ont suivi une formation organisée par le FOREm, menant à un métier repris dans la liste des fonctions critiques, pour un total de 937 000 heures de formation. Pour le premier trimestre 2016, les chiffres s’élèvent à 1655 stagiaires pour 436 630 heures de formation dans un métier en pénurie.

    Enfin, concernant la détection des profils professionnels de demain, le FOREm a publié, en 2013, un recueil appelé Métiers d’avenir. Ce recueil esquisse des transformations probables, des transferts de compétences détectés et utiles à communiquer.

    Par « métiers d’avenir », on considère des nouveaux métiers, mais pas uniquement. Les métiers d’avenir sont aussi des métiers actuels, en développement et des métiers « hybridés » dont le contenu en activités ou en compétences requises s’étend ou fusionne avec le contenu d’autres métiers.

    En compilant l’état de la littérature sur le sujet et en réunissant les avis de plus de 300 experts de tous les horizons (secteurs, associations professionnelles, entreprises, professionnels de la formation…), le FOREm a adopté une attitude prospective afin de détecter les évolutions des métiers dans notre région.

    Sur la base des métiers d’avenir ainsi identifiés, une analyse en profondeur « métier par métier » est mise en œuvre depuis 2014 et permet de mieux cerner les évolutions des métiers et d'adapter, après analyse de celles-ci, l'offre de prestations.

    En 2016, Le FOREm poursuit la démarche prospective et s’inscrit dans plusieurs axes du Plan Marshall 4.0 dont une finalité est, notamment, de soutenir l’innovation numérique. En effet, la transition numérique touche en profondeur l’ensemble des secteurs d’activités ainsi que les métiers et les compétences. Il convient dès lors non seulement de « prendre le train du numérique », mais également d’anticiper, pour le Service public de l’Emploi, quelles seront les opportunités de demain.