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Le dispositif "Charlie" pour les enfants atteints de diabète

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1322 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 25/07/2016
    • de COURARD Philippe
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    L’outil « Charlie » est un dispositif remarquable qui a vu le jour aux Pays-Bas. Il s’agit d’un robot, ludique et convivial, qui constitue un compagnon de tous les jours, pour les enfants atteints de diabète.

    Son but étant d’aider ces enfants à comprendre la maladie et à la maîtriser. Par exemple, le robot apprend aux enfants à calculer leur taux de glycémie, à compter les glucides dans les aliments, à appréhender les situations d’hypoglycémie… Bref, il s’agit de réduire les risques de développement de complications liés au diabète.

    En sachant que le diabète touche de plus en plus d’enfants chez nous, il y a de quoi être préoccupé par la problématique. En effet, selon les chiffres du SPF Santé de 2015, il y aurait 617 diabétiques de type 1 de moins de 12 ans. Rappelons que c’est une maladie chronique qui peut être mortelle.

    Il semble que le succès du projet est tel qu’il pourrait largement s’étendre à l’avenir. En tout état de cause, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Grande-Bretagne se dotent de moyens novateurs et avant-gardistes pour aider les enfants atteints de diabète.

    Je souhaiterais savoir que pense Monsieur le Ministre de l’initiative et si un tel projet pouvait voir le jour en Belgique ?

    Quelles sont les mesures préventives ou curatives que le Gouvernement wallon met en œuvre pour lutter contre ce fléau ?

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d’un cadastre faisant état des lieux de la maladie en Région wallonne ?

    Le Plan wallon nutrition santé global, qui doit être implémenté en 2016, est-il destiné à la prévention du diabète des enfants ? Si oui, de quelles manières et quels sont ses objectifs ?
  • Réponse du 02/08/2016
    • de PREVOT Maxime

    J’ai appris avec grand intérêt l’existence du robot « Charlie » qui aide les enfants atteints de diabète dans certaines institutions hospitalières des Pays-Bas. À l’instar des Pays-Bas, le CHR La Citadelle à Liège a développé un programme destiné à faire de l’institution un véritable hôpital du futur. Ainsi, depuis décembre 2015, trois robots de type NAO équipés de la solution « Zora » assistent les équipes soignantes du CHR en gériatrie, en revalidation et en pédiatrie.

    Ces robots animent des sessions de gymnastique, des jeux ou aident les enfants à dédramatiser certains actes médicaux en les accompagnant parfois jusqu’au bloc opératoire. Plus récemment, l’institution a fait l’acquisition d’un robot dénommé « Pepper » qui aura un rôle d’accueil dans l’hôpital. Les logiciels installés dans les robots humanoïdes implantés au CHR La Citadelle sont développés par une société belge « Zora Bots » qui est déjà bien présente à travers le Monde.

    En ce qui concerne un financement public de ce type de projets, je souligne que je soutiens de nombreux projets d’informatisation ayant pour objet la diminution des charges administratives pour les professionnels des soins de santé. Cependant, conscient de l’importance de ces nouvelles technologies dans le milieu médical, il faut d’abord avoir le recul nécessaire et une évaluation précise avant d’envisager de financer.

    Dans l’enquête de santé 2013, 5,3 % de la population âgée de plus de 15 ans en Belgique a déclaré souffrir de diabète de types 1 et 2 confondus, ce qui représente une augmentation de 25 % par rapport à l’enquête de santé précédente réalisée en 2008. Lors de cette enquête de santé de 2013, 6,7 % des Wallons et 4,8 % des Wallonnes ont déclaré souffrir de diabète au cours des 12 mois précédant l’enquête. Ces proportions sont semblables à celles que l’on trouve en Flandre et à Bruxelles, et ce même après standardisation pour le sexe et l'âge.

    En outre, plus particulièrement, grâce aux données de Pharmanet (base de données des médicaments remboursés), il est possible d’obtenir une bonne estimation du nombre d’enfants diabétiques traités par insuline. Les données Pharmanet pour l’année 2012 montrent qu’il y a en Wallonie 70 enfants de 0-4 ans, 244 enfants de 5-9 ans et 501 enfants de 10-14 ans sous insuline. Pour les 0-4 ans, ces chiffres sont stables depuis 2010, ils sont en légère diminution pour les 5-9 ans (270 en 2010 et 244 en 2012) et en augmentation pour les 10-14 ans (448 en 2010 et 501 en 2012). Il y avait aussi en Wallonie, en 2012, 278 enfants de 0 à 14 ans sous antidiabétiques oraux, ce chiffre est en augmentation par rapport à 2010 et cette augmentation touche principalement les enfants de 10 à 14 ans (146 cas en 2010 contre 190 en 2012).

    Actuellement, il existe diverses mesures préventives et curatives mises en place pour traiter le diabète et notamment :

    - les conventions diabète sont un programme spécifique réservé aux adultes et enfants traités par injections d’insuline, et ce qu’ils souffrent d’un diabète de type 1 ou de type 2. Il s’agit d’un accord passé entre l'INAMI, les mutuelles et des centres de soins spécialisés dans la prise en charge des patients diabétiques. Ces conventions ont pour but d’offrir aux patients les meilleurs soins tout au long de leur vie, et ainsi éviter ou retarder les complications liées au diabète ;
    - face à l’augmentation du nombre de patients diabétiques, principalement de type 2, et compte tenu également de la nécessité de traiter le diabète de façon adéquate à un stade plus précoce de la maladie, les autorités sanitaires belges ont étoffé le système de soins des patients traités par injections d’antidiabétiques en y ajoutant les « trajets de soins ». Un trajet de soins permet d’organiser et de coordonner la prise en charge, le traitement et le suivi du patient diabétique. Dans le cadre de ce programme, les médecins généralistes jouent un rôle essentiel et central, car ils orchestrent les soins multidisciplinaires apportés au patient et font aussi office d’interface avec les spécialistes. À cet effet, les réseaux locaux multidisciplinaires (RLM) constituent des dispositifs qui soutiennent les trajets de soins, notamment pour le diabète. Les trajets de soins apportent plusieurs avantages dont les consultations entièrement remboursées et l’accès au matériel. Ma volonté est de faire évoluer les missions des RML afin qu’ils développent une prise en charge intégrée en élargissant progressivement vers d’autres maladies et en y incluant notamment les activités de prévention et d’empowerment.

    En termes de prévention, je tiens à préciser que seul le diabète de type 2 peut bénéficier de mesures préventives et qu’un tout petit nombre d’enfants et d’adolescents sont touchés par ce fléau, en lien avec le développement du surpoids. Par contre, les mesures préventives doivent se mettre en place le plus tôt possible dans la vie afin d’éviter un diabète de type 2 à l’âge adulte.

    La prise en charge du prédiabète (ou l’intolérance au glucose) et du diabète 2 (concernant la majorité des diabétiques) vise d’abord à diminuer le poids du patient en lui prescrivant une alimentation adaptée associée à de l’activité physique étant donné que 80 % des diabétiques ont un excès de poids. Cette diminution de poids permettra, seule ou associée à un traitement médicamenteux, de réguler la glycémie du patient et par là, de diminuer les risques de complications à long terme de la maladie.

    Une prévention efficace sous-entend donc la nécessité d’agir sur les modes de vie individuels, particulièrement en matière d’alimentation et d’activité physique. Ces mêmes modes de vie sont pointés à propos de la prévention des cancers ou des maladies cardio-vasculaires. Il faut donc agir sur les attitudes saines en général, la pratique du sport et l’alimentation saine en particulier, et ainsi s’attaquer de manière durable à des déterminants qui auront un impact sur l’état de santé global et préviendront de nombreuses maladies : diabète, hypertension, obésité, maladies cardiovasculaires, cancer.

    Enfin, concernant la question relative au « Plan nutrition Santé », la réflexion se poursuit et avance. Un des axes prioritaires du futur plan « Prévention » sera la promotion de l'alimentation saine et de l'activité physique. L’objectif est d’impulser une dynamique pérenne visant à optimaliser le capital de la santé, en agissant sur l’alimentation et l’activité physique et en s’appuyant sur l’ensemble des politiques exerçant une influence sur ces déterminants de la santé (« Santé dans toutes les politiques »). La dynamique enclenchée se veut résolument positive et aura comme objectif final de rendre accessibles, faciles et agréables des choix favorables à la santé en matière d’alimentation et d’activité physique.

    A cet effet, j'ai mandaté l'APES (ULG), service communautaire de promotion de la santé, de coordonner le travail permettant de dégager ces mesures en organisant différents groupes de travail (seniors, enseignement, petite enfance, culture/éducation permanente, e-health/objets connectés, urbanisme/développement durable, sport, etc.). Il y a lieu de créer des synergies dans la construction de ce plan afin de pouvoir aborder tous les milieux de vie.

    Des contacts sont donc pris notamment avec les ministres Magnette, Collin, Di Antonio, Schyns, Greoli, Marane, etc. afin qu’ils participent à la construction de ces mesures et qu’ils puissent mobiliser leur administration compétente dans les groupes de travail qui seront organisés en octobre ou novembre 2016. Actuellement, l’APES a « élagué » le cap cœur en enlevant ou en reformulant toutes les mesures qui ne touchaient pas à l’alimentation et à l’activité physique, les doublons, les redondances, etc., et a proposé les différents groupes de travail qui auront pour but, sur base de propositions d’un certain nombre d’objectifs, de documents de référence et des repères en matière d’alimentation de dégager les différentes mesures relatives à l’alimentation et l’activité physique à mettre en œuvre en Wallonie.

    Les conclusions de ce travail sont attendues pour janvier 2017.