/

La pénurie de médecins généralistes en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1333 (2015-2016) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 25/07/2016
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Je me permets de revenir sur un sujet d’importance : la pénurie de médecins généralistes en Wallonie.

    En effet, mon attention a été retenue par un article de presse de l’ECHO numérique (http://www.lecho.be/economie_politique/belgique_wallonie/La_Wallonie_en_manque
    _de_bouchers_de_geometres_mais_aussi_de_medecins.9789368-3156.art:) qui expose notamment : « Ces numéros sont actuellement distribués entre flamands et francophones sur base d'une clé de répartition de 60 pour 40. Alors que la ministre de la Santé Maggie de Block avait suggéré en juin dernier un possible réajustement de cette clé en faveur des francophones (56,5/43,5), des voix de protestations s'étaient fait entendre au nord du pays. Dans ce contexte, cette nouvelle forme de reconnaissance de la pénurie de médecins en Wallonie pourrait bien venir peser sur le débat, déjà bien épineux. ».

    Monsieur le Ministre pourrait-il m’indiquer où en sont ces négociations ?

    Quels plans mettra-t-il en place pour éviter aux citoyens de souffrir de cette pénurie ?
  • Réponse du 03/08/2016
    • de PREVOT Maxime

    Comme le souligne l'honorable membre, ce n’est pas la Région wallonne qui fixe le quota de médecins généralistes et de médecins spécialistes. En effet, c’est l’Autorité fédérale qui définit les quotas de médecins et d’accès à la profession (Visa). Ensuite, c’est la Communauté française (via son ministre de l’Enseignement supérieur) qui s’occupe des «sous-quotas», c’est-à-dire les quotas dans chaque spécialité de médecine, dont la médecine générale, ainsi que de la formation et au final de l’agrément des médecins dans chaque spécialité.

    La ministre fédérale de la santé a évoqué le souhait de suivre l'avis de la Commission de planification de l'offre médicale et d’augmenter le quota de médecins pouvant exercer à 1.320. La clé de répartition 60/40 serait, selon cette hypothèse, abolie dès 2022, ce qui donnerait droit à la Communauté flamande à 745 médecins (56,5 %) et à la Communauté française à 575 médecins (43,5 %).

    Toutefois, cette approche n’a pas encore fait l’objet d’un consensus au niveau du Gouvernement fédéral et un des partenaires de la majorité fédérale, la N-VA pour ne pas la citer, n'a pas caché qu'elle est loin d'être enthousiaste et a même contesté les paramètres de l'INAMI pour la future programmation.

    À cet égard, les chiffres de l’INAMI pour l’année 2014 (dernière année disponible à l’INAMI) montrent qu’il y a des communes avec moins d’un médecin pour 1.800 habitants dans toutes les provinces à l’exception du Brabant wallon. Dix communes en Province de Liège, cinq dans le Luxembourg, trois dans le Hainaut et une en Province de Namur. Il y a même à Liège et dans le Hainaut des communes avec un seul médecin généraliste pour plus de 3.000 habitants !

    Pour pouvoir remédier à cette pénurie chez nous, la première chose à faire est d’avoir une idée précise de la situation. C’est pourquoi l’Observatoire wallon de la santé a été chargé d’établir un cadastre wallon des médecins généralistes (ce travail est en cours).

    La deuxième action sera de revoir le mode de calcul qui définit les communes en pénurie, car pour l’instant, ce calcul est réalisé en tenant compte de la densité de médecins pour l’ensemble des communes d’un cercle de médecine générale (MG). Cette façon de calculer pénalise les petites communes qui font partie d’un cercle de MG où se situe, par exemple, une grande ville qui possède beaucoup de médecins. À terme, le nouveau mode de calcul devrait permettre une plus juste attribution des moyens liés au fonds d’impulsion à l’installation des médecins généralistes aux communes qui en ont le plus besoin.

    En outre, des actions supplémentaires sont développées par la Wallonie pour lutter contre ce phénomène :

    a. Le Programme wallon de développement rural (PWDR), soutenu par le Fonds européen FEADER, propose de soutenir les investissements (construction et/ou équipements) visant au développement d’Associations de Santé intégrée en milieu rural.

    b. Un soutien financier spécifique est également octroyé aux ASI qui se voient octroyer une subvention complémentaire lorsque le siège d’activité de l’association est localisé dans une zone rurale qui compte moins de 150 habitants par km². Les cercles de médecins généralistes peuvent également bénéficier d’une subvention complémentaire s’ils se situent dans une zone à faible densité de population.

    c. Enfin, je ne peux terminer sans vous parler du dispositif Impulséo financé par la Région wallonne depuis le 1er juillet 2014. Pour rappel, une prime (20.000 euros) du Fonds d'impulsion (Impulséo I) vise à encourager l'installation de médecins généralistes dans des zones en pénurie nécessitant la présence de médecins généralistes supplémentaires. Pour info, j’attire l’attention de l’honorable membre sur le dispositif Impulséo II, qui offre une intervention dans les charges salariales de l’employé(e) qui assiste à un regroupement de médecins généralistes dans l’accueil et la gestion de la pratique. Concernant Impulséo III, et pour votre information, il vise à soutenir dans l'accueil et la gestion de la pratique les médecins travaillant seuls.

    Je l’informe, par ailleurs, que le 21 juillet dernier, le Gouvernement wallon a approuvé une note d’orientation pour la première ligne de soins dans laquelle est évoqué le dispositif ASSISTEO qui est appelé à terme à succéder à Impulseo et qui actualise les actions menées précédemment.

    Il y avait, en effet, matière à réfléchir sur cette question, d'autant que l'on s’est rendu compte que concernant Impulséo, s'il a pu être un élément positif, on constate que, malgré tout, ce n'est pas suffisant. L'attrait financier, à lui seul, n'est pas suffisant pour encourager une série de médecins à s'installer dans les zones rurales. C'est souvent la charge liée à l'exercice des gardes et la volonté concomitante d'avoir une certaine qualité de vie qui sont pointées du doigt pour ne pas aller dans les zones où l'on risque d'être sollicité en permanence (puisque le MG est quasi le seul à des kilomètres à la ronde).

    Si je suis parfaitement conscient de l’importance de prendre en compte la question de la pénurie de généralistes, vous comprendrez aisément que les enjeux sont nombreux. Hormis ceux que je viens de citer, il y a la volonté d’inciter à une réorganisation des systèmes de gardes pour que celles-ci soient moins lourdes (mais l’organisation de la garde reste une prérogative du Gouvernement fédéral) ou encore encourager les pratiques médicales groupées.

    En conclusion, il me semble que l’ensemble de ces aides permet un soutien déjà appréciable au secteur. Néanmoins, il reste important de veiller à ce que l'on identifie les meilleures manières d'inciter les médecins et d'autres spécialistes à s'installer dans les zones en pénurie.