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Les mesures prises suite à l'étude sur la suspicion de cluster de cancers à Fernelmont

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 1308 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 27/07/2016
    • de RYCKMANS Hélène
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    Lors d'une réunion publique le 24 juin 2016, la Direction de la santé environnementale de l'AViQ a présenté avec la Fondation Registre du cancer son rapport sur la suspicion de cluster de cancers à Fernelmont (Cortil-Wodon). Ses auteurs concluent qu'il n'y a pas plus de cancers à Fernelmont qu'ailleurs en Wallonie. Leur conclusion est que « Compte tenu des données disponibles actuellement, une enquête plus poussée en matière de santé n’apparaît pas justifiée suite à la mise en œuvre de la méthode recommandée. Il est néanmoins recommandé de suivre ces constats au cours du temps. ».

    Monsieur le Ministre le sait sans doute, la méthodologie utilisée a été largement questionnée, sans réponse convaincante de la part de l'AViQ (tant sur le plan du choix des critères que de la méthode, de leur pertinence devant un petit nombre de cas, que sur l'absence de suivi longitudinal de cohortes, y compris de personnes qui ont déménagé).

    Les médecins généralistes du Cercle de la Haute Hesbaye namuroise se sont dits très préoccupés, notamment de l'"effet cocktail" des pesticides, et entendent ne pas fermer les yeux sur une réalité qui pose question.

    Le rapport fait des recommandations interpellantes. Ainsi, la réduction de l’utilisation des pesticides demeure une priorité sanitaire. La commune de Fernelmont a mis en place des actions environnementales qui y contribuent. Il s'agit de garantir une baisse de l'exposition de la population aux pesticides (ne fut-ce que par principe de précaution) et à leur utilisation (le rapport évoque également la nécessité de mettre en place un suivi par une bio-surveillance humaine en Région wallonne). Qu'en dit Monsieur le Ministre ?

    L'AViQ renvoie à des mesures à prendre par la Direction générale en charge de l'environnement. De quelle manière celle-ci s'implique-t-elle dans ce dossier ? Quelle réponse concertée Monsieur le Ministre compte-t-il mettre en œuvre pour écarter tout risque pour la santé humaine, à Fernelmont ? Quelles mesures a-t-il déjà prises ? Lesquelles entend-il prendre ? N'est-il pas de sa responsabilité de faire, d'une part, poursuivre les investigations nécessaires, en concertation avec ses collègues en charge de la Santé et de l'Agriculture et, d'autre part, d'assurer la mise en œuvre de toutes les mesures de protection possibles ?
  • Réponse du 11/08/2016
    • de DI ANTONIO Carlo

    Dès le début du traitement de ce dossier, mon administration a été impliquée et a travaillé en collaboration avec les spécialistes de l’AViQ entre autres via la Cellule Permanente Environnement-Santé (CPES). Les contacts et les échanges d’informations ont été réguliers et ont permis de nourrir le dossier de toutes les informations environnementales actuellement disponibles au niveau régional.

    Concernant la méthodologie utilisée, il convient de rappeler que l’étude est basée sur des critères et une méthodologie qui ont été définis par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) français en se référant à la littérature scientifique. Dans son rapport et au cours de la réunion publique, l’AViQ s’est appliquée à présenter cette méthodologie. Si celle-ci peut naturellement être discutée, elle est néanmoins issue d’un consensus au niveau international et se base de manière pragmatique sur les informations accessibles.

    Mon administration s’efforce à mettre en œuvre des projets visant à améliorer la qualité et le nombre des données sur lesquelles peuvent reposer de telles études. Ainsi, l’Institut Scientifique du Service Public (ISSeP), en collaboration avec l’Université de Liège et le Centre Wallon de Recherches Agronomiques (CRAW), a démarré en octobre 2014 un projet intitulé EXPOPESTEN dont l’objectif est de fournir une première évaluation de l’exposition environnementale non alimentaire de la population wallonne aux pesticides. Ce projet, d’une durée de 3 ans, s’articule en 2 phases. Au cours de la première phase, le projet évalue l’exposition des Wallons par inhalation aux pesticides présents dans l’air ambiant. Au cours de la deuxième phase, le projet vise à évaluer l’influence d’une zone d’agriculture intensive sur l’exposition aux pesticides d’une population d’enfants. Dans cette deuxième phase, l’exposition d’enfants est évaluée de manière plus précise à l’aide de biomarqueurs d’exposition, de mesures environnementales et de questionnaires individuels.

    Mon administration est attentive à la réflexion menée au sein de l’AViQ en vue de la mise en place d’une biosurveillance humaine à l’échelle de la Wallonie telle que recommandé par le rapport. Seul un projet de biosurveillance de ce type permettrait d’appréhender et de surveiller au cours du temps l’exposition des Wallons aux polluants chimiques parmi lesquels figurent les pesticides. À ce titre, le projet SIGENSA actuellement en cours de développement par l’ISSeP pourrait fournir grâce aux systèmes d’information géographique (SIG) quelques indications sur la concomitance entre l’utilisation des pesticides et le développement de certaines pathologies.

    Pour supprimer tout risque sur la santé, il faudrait interdire les substances incriminées et les éliminer de l’environnement.

    La mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques (PPP) est une compétence fédérale.
    Au niveau régional, je rappelle la mise en place de formations à destination des utilisateurs des PPP en vue de les conscientiser sur les risques pour l’environnement et pour la santé liés à la manipulation de ces produits. L’obligation pour les vendeurs et les utilisateurs de disposer d’une phytolicence est également rappelée.