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La préservation des abeilles noires

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 732 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 09/09/2016
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    La RTBF a présenté récemment un article visant à la préservation des abeilles noires belges. Il semble que celles-ci fassent l’objet de nombreuses menaces qui accentuent leur déclin et qu’à terme, on craigne leur disparition alors qu’il semble que ce soit l’espèce indigène en Belgique et donc les abeilles les mieux adaptées au climat et au biotope. Les éléments évoqués par ailleurs sont les risques de mélanges avec d’autres espèces importées, mais moins adaptées au climat et ses particularités.

    En vue de préserver cette espèce en Belgique, l’organisation internationale Slow-food a mis en place une opération consistant en la mise en place de sentinelles.
     
    Ma question vise à savoir si Monsieur le Ministre a eu connaissance des dangers qui guettent les abeilles noires de Belgique et si des mesures sont envisagées en vue de les protéger et de préserver cette espèce en Wallonie. Il semble que des villes comme Chimay aient adhéré à cette politique, en favorisant le développement de cette espèce sur leur territoire et en y interdisant l’apport d’autres espèces exogènes. Dans ce cas, une mesure visant à étendre cette action au niveau régional serait-elle envisagée ou proposée par ses services ?

    Le cas échéant, Monsieur le Ministre disposerait-il d’un agenda d’action en ce sens ?

    Enfin, un des moteurs de développement de cette opération consiste à favoriser la consommation locale. Est-il, là aussi envisagé, une série d’actions permettant de promouvoir la consommation en circuit court et de proximité ?

    Quels sont, le cas échéant, les résultats obtenus à ce jour ?
  • Réponse du 29/09/2016
    • de COLLIN René

    L’abeille noire fait, en Wallonie, l’objet d’un engouement croissant, tant auprès des apiculteurs débutants qui recherchent une abeille rustique bien adaptée à son environnement et aux évolutions rapides de celui-ci qu’auprès d’apiculteurs chevronnés qui délaissent une race d’abeilles plus productive, mais plus sensible aux aléas climatiques que nous connaissons depuis quelques années.

    L’ASBL Mellifica assure dans la région de Chimay la conservation, l’élevage et la sélection de l’abeille noire belge, aussi appelée abeille noire de Chimay. La reconnaissance de son action dépasse de loin les frontières du pays. Elle possède une station de fécondation à Virelles qui permet depuis 2000 de maintenir un niveau de pureté de la race noire très élevé. La station est en effet située dans une zone de conservation de l’abeille noire, la commune de Chimay interdisant sur son territoire toute détention d’abeilles de race autre que la race noire. Les reines sont donc fécondées en conditions naturelles dans un environnement saturé en mâles de race noire. Les descendances de ces reines ne sont pas à 100 % pures, car des croisements peuvent se produire en bordure de zone. La station est cependant un outil unique en Belgique pour la conservation de l’abeille noire.

    Le soutien au travail de l’ASBL Mellifica est donc essentiel. Mon administration travaille actuellement à la reconnaissance de l’abeille noire de Chimay comme race officielle. Ceci permettrait entre autres de conférer le statut d’association d’élevage à l’ASBL Mellifica et par là, de conforter son action. Mais du point de vue de la reproduction, l’abeille n’est pas une volaille ou un bovin : les particularités de la fécondation et de la transmission des gènes chez l’abeille mellifère font qu’établir une généalogie dans une population est un exercice délicat. La mise en place d’une réglementation zootechnique adaptée serait en tout cas une première au niveau européen.

    La mise en avant d’un « miel d’abeilles noires » portée par l’organisation Slow-Food est une très belle initiative pour sensibiliser le public à l’existence d’une abeille mellifère indigène en Wallonie et à sa nécessaire protection. Elle présente cependant les limites d’un signe de qualité privé. La reconnaissance officielle de l’abeille noire permettrait, par une définition précise de ce que l’on entend par « abeille noire », de rédiger un cahier des charges qui mènerait à des produits sur lesquels les autorités wallonnes pourraient apporter une caution officielle. Il en résulterait une labellisation au sens propre des produits de l’abeille noire.

    Pour ce qui est de la promotion de la consommation du miel en circuit court, je citerai d’une part l’obtention au niveau européen d’une indication géographique protégée pour le « Miel wallon » - ce dossier de demande d’enregistrement sera introduit auprès de la Commission européenne avant la fin de l’année – et d’autre part, la mise sur pied d’actions de promotion du miel par l’APAQ-W.