/

L'état des lieux de la politique wallonne en matière de suicide

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 6 (2016-2017) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/09/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Il y a près d'une année, Monsieur le Ministre annonçait pour la fin 2015 l'élaboration d'un bilan des actions menées dans le cadre de la politique wallonne de lutte contre le suicide.

    Ce bilan est censé nous éclairer sur les manques et les problèmes liés à cette politique et doit ainsi permettre de rendre cette dernière plus efficace, tant en matière de prévention que d'accompagnement des personnes ayant fait une tentative de suicide et de leur entourage, qu'il soit familial, professionnel, scolaire, ou autre (notamment en matière de postvention).

    En mai dernier, ce bilan n'était toujours pas disponible. Qu'en est-il à ce jour ? A-t-il été finalisé ?

    Dans l'affirmative, quels sont les enseignements de cet état des lieux ainsi que les améliorations suggérées ?

    Quelles seraient les priorités en la matière ?

    Selon Monsieur le Ministre, quelles sont les mesures les plus opportunes pour renforcer la politique wallonne de lutte contre le suicide ?
    Dans la négative, où en est-on dans l'élaboration de ce bilan ?

    Quels acteurs ont été concertés à cette fin ?

    Un plan d'action wallon de prévention et de lutte contre le suicide va-t-il être mis en œuvre sur base de ce bilan ?

    Enfin, Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer à quelle échéance devrait être disponible la publication de l'Observatoire wallon de la santé sur la santé mentale et le suicide en Wallonie, prévue en principe pour cette année ?
  • Réponse du 12/10/2016
    • de PREVOT Maxime

    Comme je l’ai déjà signalé, même si la politique de prévention du suicide n’est arrivée que récemment dans son giron, la Wallonie a depuis longtemps développé une politique de santé mentale, globale et intégrée, qui vise à couvrir tout le territoire et à pouvoir atteindre toutes les personnes qui en auraient besoin. En outre, la prévention du suicide est devenue un axe important de ma politique en matière de prévention, car le taux élevé de suicide en Wallonie est très préoccupant.

    Concrètement, dans la prise en charge des détresses psychologiques, je subventionne les services de santé mentale et les centres de Télé-accueil accessibles à toute la population via un numéro gratuit '107', disponible 24h/24.

    Plus spécifiquement, la Wallonie soutient depuis 2008 l’ASBL « Un pass dans l’impasse », un centre de prévention du suicide et d’accompagnement. Cette ASBL offre un lieu d’écoute aux personnes directement ou indirectement confrontées à la problématique du suicide, quel que soit leur âge (enfant, adolescent et adulte). L’association sert aussi de relais afin d’orienter les personnes en difficultés vers des services appropriés à leurs besoins (centres hospitaliers, services de santé mentale, centres psychomédicosociaux ou encore services d’assistance aux victimes). Une autre initiative spécifique, comme Agricall, est destinée à soutenir les agriculteurs en difficulté (en France, l’agriculture est la profession au taux de suicide le plus élevé).

    Je subventionne également le Centre de Référence Information-Suicide (CRIS), qui est destiné aux professionnels et qui a été reconnu en 2013, comme « Centre de Référence en Santé Mentale Spécifique Suicide ». Ce centre offre des services aux professionnels tels que la promotion de formations, l’organisation de réunions de concertation et la diffusion de données spécialisées. L’observation des pratiques du secteur permet à cette ASBL de proposer des recommandations, d’initier des recherches scientifiques et de récolter les informations spécifiques à la thématique du suicide. Le CRIS est une aide précieuse en matière de stratégie de prévention au niveau de la Wallonie.

    Au niveau national, la dernière Conférence Interministérielle Santé publique s'est accordée sur un protocole de prévention du suicide, commun aux niveaux fédéral et fédérés. Indépendamment de ce protocole, un des objectifs de la Conférence interministérielle Santé publique est que l’offre de soins en matière de santé mentale, donc y compris en matière de prévention du suicide, soit adaptée au niveau local via les réseaux en santé mentale, tant pour les adultes (réforme dite « PSY107 ») que pour les enfants et adolescents. Pour renforcer encore la prévention du suicide, je compte utiliser ces deux moyens : la concertation entre les gouvernements au niveau national ainsi que le soutien des réseaux wallons en santé mentale. Dans ces deux cadres, mon soutien aux actions de prévention du suicide sera basé sur les recommandations du rapport « Prévention du suicide » de l’OMS. Je pense notamment à sa recommandation principale d’une « approche multisectorielle et globale », avec « des interventions, un traitement et un soutien efficaces et opportuns, basés sur des données factuelles ».

    L'Observatoire Wallon de la Santé a terminé la récolte des données disponibles pour son cahier Wallonie santé sur les indicateurs en santé mentale. Cette publication devrait être prête pour fin octobre ou début novembre.

    La liste des actions en matière de prévention du suicide a été réalisée par le CRIS. Un premier bilan de ces actions sera disponible pour la fin de cette année.

    Quant à un plan en matière de prévention du suicide, il s'insérera dans un plan plus global de prévention et de promotion de la santé qui est en préparation. La prévention du suicide fera partie du volet « santé mentale » de ce plan. Les écoles de santé publique sont des acteurs importants pour préparer ce plan ainsi que, entre autres, les acteurs que j'ai déjà mentionnés, c'est-à-dire l'Observatoire Wallon de la Santé bien sûr et le CRIS.

    L'honorable membre l'aura compris, la Wallonie continuera à lutter pour prévenir le suicide de manière générale via ses associations subventionnées et, comme le recommande l’OMS, en faisant la promotion d’outils qui ont fait leurs preuves.