/

La suspicion de clusters de cancers à Fernelmont et le projet "Exposition de la population aux pesticides environnementaux" (EXPOPESTEN)

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 3 (2016-2017) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/09/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    En mars dernier, le Collège communal de Fernelmont a demandé une analyse et une étude à la Direction de la Santé Environnementale du SPW concernant plusieurs cancers dans la rue de Forville à Cortil-Wodon, suspectés de trouver leur origine dans l'utilisation de pesticides dans les champs environnants.

    S'en sont suivies des investigations menées conjointement par l'AVIQ, la Cellule permanente environnement-santé de la DGO3 et la Fondation Registre du cancer, concluant que le nombre de cancers répertoriés dans la commune n'était pas significativement plus élevé qu'ailleurs en Wallonie, et que « compte tenu des données disponibles actuellement, une enquête plus poussée en matière de santé n'apparaît pas justifiée suite à la mise en œuvre de la méthode recommandée. Il est néanmoins recommandé de suivre ces constats au cours du temps ».

    Plusieurs médecins de la région se sont dits insatisfaits de cette étude, estimant que l'analyse des données du Registre du cancer limitée à la seule commune de Fernelmont est insuffisante. Ils demandent par ailleurs des prélèvements de sol dans les jardins, et soulignent également la présence avérée de pesticides dans les châteaux d'eau de Fernelmont. Un chercheur du Centre agronomique de Gembloux, sollicité par la commune, estimerait quant à lui que l'étude contient des lacunes méthodologiques.

    Eu égard à ces réactions, Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer si des investigations approfondies vont être entreprises et si oui, peut-il me faire part de détails sur la méthodologie ?

    Des prélèvements de sol et des analyses d'eau dans les châteaux d'eau et à la sortie du robinet des habitations de la commune vont-ils être effectués ?

    À une échelle plus large, le projet EXPOPESTEN visant à évaluer l'exposition environnementale non alimentaire des Wallons aux pesticides a démarré en octobre 2014, pour une durée de trois ans. Ce projet mené par l'Institut Scientifique du Service public (ISSeP), l'Université de Liège et le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W) s'articule en deux phases. La première évalue l'exposition de la population wallonne par inhalation des pesticides présents dans l'air ambiant. La deuxième doit évaluer l'influence d'une zone d'agriculture intensive sur l'exposition aux pesticides d'une population d'enfants.

    Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur l'état d'avancement de ce projet ?

    Des résultats partiels sont-ils disponibles et si oui, peut-il m'en faire part ?

    La phase 1 est-elle terminée et dans l'affirmative, qu'en ressort-il ?
  • Réponse du 10/10/2016
    • de DI ANTONIO Carlo

    Mon collègue, Maxime Prévot, Ministre wallon de la Santé, a proposé que soit menée une évaluation de la méthodologie utilisée lors de l’étude menée par l’AViQ, voire d’envisager une nouvelle mise en perspective des résultats via un comité d’experts universitaires. Mes services restent attentifs aux suites apportées à cette étude. Pour plus de précisions sur le sujet, je suggère à l'honorable membre d’adresser ses interrogations directement au ministre de tutelle.

    Dans le cadre du projet EXPOPESTEN, les mesures réalisées pour le premier volet de l’étude sont toujours en cours. Cette partie de l’étude a consisté à mesurer, entre mai 2015 et juin 2016, dans des stations réparties sur tout le territoire wallon, les fractions inhalables d’une série prédéfinie de pesticides agréés pour un usage agricole. L’ISSeP devrait disposer des résultats bruts en mars 2017.

    Quant à la présence éventuelle de pesticides dans l’eau de distribution, la commune de Fernelmont a fait réaliser une analyse complète d’un échantillon d’eau prélevée le 5 avril 2016 au compteur de l’école de Cortil-Wodon. Cette analyse sollicitée auprès de la SWDE dont le rapport est intégralement disponible sur le site de la commune de Fernelmont (http://www.fernelmont.be/downloads/Analyse échantillon eau SWDE.pdf). Cette analyse n’a révélé aucun résultat inquiétant. La somme totale des pesticides enregistrée étant de 7 ng par litre (7 milliardième de gr/L) alors que la norme est fixée à 500 ng par litre.

    Actuellement, la définition des zones tampons vise à protéger un public dit fragilisé (crèches, écoles, hôpitaux et maisons de repos) des traitements phytopharmaceutiques utilisés par les exploitants agricoles. Cette zone de protection ne s’étend pas, pour l’instant, aux habitations privées riveraines des champs traités. La bonne pratique recommande de manière générale de ne pas pulvériser à moins d’un mètre des limites de l’espace à traiter. Il existe une réflexion au sein de la NAPAN Task Force entre le Fédéral et les Régions pour envisager des mesures supplémentaires concernant la protection des habitations riveraines.