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Les métiers en pénurie en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 5 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 28/09/2016
    • de HENQUET Laurent
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    La liste des métiers en pénurie quantitative en Région wallonne ne fait qu’augmenter (36 métiers en 2014 pour 59 métiers en 2015).

    Il y a un problème structurel à ce niveau selon Marc Lambotte, CEO d’Agoria, car le nombre d’offres d’emplois augmente (soit + 30,5 % sur le deuxième trimestre 2016 selon les chiffres de l’ONEM).

    La société de recrutement spécialisé Robert Half confirme cela aussi dans son rapport annuel en précisant que 92 % des responsables des Ressources humaines (RH) belges peinent à trouver des professionnels qualifiés.

    A titre d’exemple, le secteur des transports routiers proposera au moins 1000 nouvelles offres d’emplois par an pendant les 15 prochaines années, selon Philippe Degreaf, directeur de la Fédération royale belge des transporteurs et des prestataires de services logistiques (FEBETRA).

    Je souhaite donc poser les questions suivantes.

    Comment expliquer qu’une telle pénurie soit présente alors que, dans le même temps, la Wallonie dénombre 250.000 chômeurs  ? Madame la Ministre n'y voit-elle pas un sérieux paradoxe  ?

    Que propose-t-elle comme mesures concrètes pour résoudre ce problème réel ?
  • Réponse du 09/11/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    L’analyse des métiers en pénurie, produite par le FOREm, identifie les métiers pour lesquels la réserve de main-d’œuvre est insuffisante au regard des besoins exprimés par les entreprises s’étant adressées au FOREm pour recruter du personnel.

    Les problèmes d’appariement entre l’offre et la demande, mis à part une pénurie quantitative de candidats, sont de natures diverses : qualification du personnel recherché, expérience exigée, maîtrise des langues, conditions de travail, distance entre le domicile et le lieu de travail, etc. Ces différents facteurs, cumulés, peuvent expliquer la difficulté, pour certaines entreprises, de recruter les candidats souhaités, dans les délais souhaités. Rappelons toutefois que 91 % des offres d’emploi diffusées par le FOREm sont satisfaites et ne posent pas de problèmes de recrutement.

    Si le nombre d’opportunités d’emploi gérées par le FOREm augmente (+ 23 % au premier semestre de 2016 par rapport au premier semestre de 2015), cette hausse est principalement portée par les contrats intérimaires (+ 38 % pour les contrats intérimaires). À travers ce type de contrat, les entreprises recherchent généralement du personnel expérimenté, ce qui - pour certains métiers - ne correspond pas toujours aux profils de la réserve de main-d’œuvre disponible.

    Près de la moitié des demandeurs d’emploi inoccupés sont tout au plus diplômés du 2e degré de l’enseignement secondaire.
    Or, la plupart des métiers en pénurie concernent des métiers demandant des qualifications et/ou de l’expérience professionnelle. Par ailleurs, l’insertion à l’emploi dépend aussi de la maîtrise d’aptitudes sociales de base qu’il est difficile d’acquérir sans être inséré.

    Notons également que plusieurs études attestent d’un besoin croissant des entreprises en personnel qualifié. En effet, notamment sous l’effet de la transition numérique, tant les contenus, les périmètres des métiers que les compétences recherchées évoluent. La robotisation et la numérisation ont ainsi d’ores et déjà eu un impact important sur les tâches manuelles. Tous ces éléments ont clairement un impact sur l’adéquation entre l’offre et la demande de compétences.

    Néanmoins, pour faire face à cette situation, de multiples actions de formation et d’orientation des demandeurs d’emploi ont été mises en place, notamment en collaboration avec le monde de l’enseignement et les secteurs professionnels.

    Ainsi, les conventions spécifiques en matière d’enseignement, de formation et d’insertion socioprofessionnelle conclues entre Le FOREm et les secteurs professionnels prévoient des échanges d’information sur le sujet. Des actions spécifiques visant à rencontrer des besoins nouveaux en termes de compétences peuvent alors émerger.

    En outre, le FOREm participe activement aux travaux du Service francophone des Métiers et Qualifications (SFMQ), au cours desquels les référentiels métiers sont conçus par les partenaires sociaux et traduits en référentiel d’enseignement et de formation par les différents opérateurs concernés. L’un des objectifs poursuivis est de réaliser des Profils formations qui correspondent aux Profils métiers et de garantir ainsi la cohérence des formations dispensées avec les besoins du monde du travail.

    Par ailleurs, dans le cadre de la Garantie Jeunesse, le FOREm (et plus particulièrement les Carrefours Emploi – Formation – Orientation) mène des actions d’information dans les établissements scolaires du Hainaut, dès la 4e secondaire.


    Afin de renforcer les éléments sur lesquels les jeunes fondent leur orientation professionnelle, des informations sur le marché de l’emploi et les métiers porteurs sont directement amenées dans les écoles. Ce projet, qui s’étale sur deux années, permet de toucher un total annuel de 19.000 élèves répartis sur 760 séances. De plus, ces actions s’inscrivent en complémentarité ou en préparation des activités d’insertion professionnelle et/ou de promotion des métiers, organisées par les écoles elles-mêmes ou d’autres acteurs, dont les centres PMS. 

    Les Carrefours Emploi Formation Orientation (CEFO) organisent en multipartenariat des actions d’informations sur les métiers dits en pénurie. Ils développent également une offre de service en orientation à destination des demandeurs d’emploi. Par ailleurs, chaque CEFO est équipé d’un espace documentaire accessible à tous.

    Le Plan Marshall 4.0 consacre tout un axe de son plan à l’orientation professionnelle par le soutien à la création des Cités des Métiers, la mise en place d’un Centre de Ressources en Orientation, destiné aux professionnels de l’orientation et le financement de dispositifs spécifiques tels que les Essais-Métiers.

    Les Cités des métiers contribuent aujourd’hui à la promotion des métiers techniques, à l'organisation d'événements liés à l'évolution de ces métiers et, d'une manière générale, à la mise en œuvre de toute animation et/ou promotion visant la réalisation de ces objectifs.

    Le FOREm organise des formations qualifiantes, à destination des demandeurs d’emploi notamment, pour la majorité des métiers repris dans la liste des fonctions critiques. Le FOREm a la volonté d’apporter à chaque stagiaire, au terme de sa formation, tous les certificats, labels ou agréments divers qui faciliteront sa recherche d’emploi.


    En 2015, 3.021 stagiaires ont suivi une formation menant à un métier repris dans la liste des fonctions critiques, pour un total de 937.000 heures de formation. Pour le premier trimestre 2016, les chiffres s’élèvent à 1.655 stagiaires pour 436.630 heures de formation dans un métier en pénurie.

    En parallèle, depuis la sixième Réforme de l’État, l’établissement de la liste des études qui mènent à des métiers en pénurie pour l’année académique 2016-2017 a été confié au FOREm. Sous certaines conditions, les chômeurs peuvent reprendre des études dans ces filières tout en bénéficiant d’une dispense de disponibilité sur le marché de l’emploi. Cette matière ayant été nouvellement confiée au FOREm, nous ne disposons pas de chiffre sur une base annuelle. Par contre, entre le 1er janvier 2016 et le 31 juillet 2016, 374 demandes de dispense pour reprise d’études dans un métier en pénurie ont été adressées au FOREm. Ce volume devrait être plus important encore pour le second semestre de l’année qui coïncide avec les rentrées scolaires.

    Pour conclure, si la poursuite de ces actions est fondamentale, celles-ci ne permettront néanmoins pas à elles seules de résoudre la problématique des fonctions critiques en Région wallonne. Dans certains métiers, le manque d’attractivité est tel que les filières d’enseignement ou de formation peinent à exister (ex : boucherie, tuyauteur industriel, …). Ainsi, la liste des fonctions critiques et métiers en pénurie du FOREm permet d’alimenter la réflexion de diverses Instances Bassins Emploi-Formation-Enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour rappel, les Instances Bassins EFE mettent en place une concertation permanente entre l’ensemble des acteurs du monde de l’enseignement qualifiant (secondaire, supérieur et promotion sociale), de la formation professionnelle et de l’emploi, ainsi que les partenaires sociaux. Ils sont chargés de mener les actions qui permettront l’établissement d’une véritable cohérence des offres d’enseignement qualifiant et de formation professionnelle entre elles et avec les besoins socio-économiques constatés sur chaque bassin.