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Les itinéraires cliniques dans le cadre du traitement des troubles du comportement alimentaire

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 51 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 05/10/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Il m'a été donné l'occasion de visiter la Clinique des troubles alimentaires du CHC de Liège, qui utilise la méthode des itinéraires cliniques.

    Sur le plan conceptuel, un itinéraire clinique se définit comme « un ensemble de méthodes et d'instruments pour mettre les membres d'une équipe pluridisciplinaire et interprofessionnelle d'accord sur les tâches à accomplir pour une population de patients spécifique. C'est la concrétisation d'un programme de soins dans le but de garantir une prestation de soins de qualité et efficiente » (Netwerk Klinische Paden, 2001). Il s'agit véritablement d'un « plan global pour développer, à partir de tous les intéressés, une approche globale pour une population de patients donnés » (W. Sermeus & K. Vanhaecht, « Que sont les itinéraires cliniques ? », 2003).

    Dans le contexte des soins de santé, un itinéraire clinique se traduit par un programme de soins qui, d'un point de vue législatif, comprend la définition d'un groupe cible, la définition du type et du contenu des soins, le niveau minimum d'activité, l'infrastructure requise, l'expertise et les effectifs du personnel médical et non médical requis, les normes de qualité et les normes afférentes au suivi de la qualité, les critères micro-économiques et les critères relatifs à l'accessibilité géographique.

    Cela doit permettre aux pouvoirs publics de coordonner l'agrément, la programmation et le financement de tels programmes.

    À la Clinique des troubles alimentaires du CHC de Liège, l'itinéraire clinique utilisé par l'équipe pluridisciplinaire permet d'optimaliser le trajet de soins du patient avec des objectifs et des indicateurs, et semble faire ses preuves.

    Le travail de cette Clinique des troubles alimentaires s'effectue avec le réseau de soins au sens le plus large possible afin de décloisonner les secteurs, et l'équipe multidisciplinaire comprend de multiples intervenants de première et de seconde lignes, et intègre le médecin généraliste, la famille, les associations de patients et de familles ainsi que les intervenants qui interagissent avec les patients (PMS (Centres psycho-médico sociaux, Solidaris, etc.). La Clinique effectue aussi un travail de prévention par le biais d'information de la population générale sur la problématique des troubles alimentaires, et collabore depuis plus de dix ans avec les ASBL de patients.

    Selon les professionnels de cette équipe, il convient d'examiner l'opportunité d'une généralisation de la méthode d'itinéraire clinique pour le traitement des troubles du comportement alimentaire, certes des troubles qui peuvent s'avérer très complexes à traiter, parce que complexes à appréhender.

    En effet, actuellement cette méthode demeure insuffisamment connue et utilisée dans les programmes de soins pour personnes souffrant d'un trouble du comportement alimentaire. L'important investissement humain requis constitue sans doute une des principales explications, mais c'est à terme ce qui offre les résultats les plus positifs pour le patient.

    Monsieur le Ministre peut-il faire part de son avis concernant les itinéraires cliniques pour le traitement des troubles du comportement alimentaires ?

    Comment la Wallonie peut-elle favoriser les itinéraires cliniques qui s'avèrent à la fois outil, méthode et processus dans le cadre du traitement de ces troubles ?

    Quelle pourrait être la place réservée aux itinéraires cliniques dans le cadre de la réforme des soins en santé mentale implémentée par la Région et du renforcement de l'offre de soins en santé mentale, notamment pour les enfants et les adolescents, sachant que l'itinéraire clinique susmentionné intègre la première ligne de soins ?
  • Réponse du 24/10/2016
    • de PREVOT Maxime

    Je remercie l'honorable membre pour sa description très précise et intéressante de ces itinéraires cliniques qui correspondent aux recommandations en matière de prise en charge des troubles du comportement alimentaire. J'ajouterai que ces troubles (anorexie mentale, boulimie et hyperphagie pour la plupart) sont des psychopathologies complexes qui représentent, pour l’individu qui en souffre, un handicap physique, psychologique et social considérable. Comme ils surviennent majoritairement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, il importe qu’un diagnostic précoce soit posé pour éviter qu'ils ne deviennent chroniques. L’hospitalisation n'est pas conseillée sauf en cas de complications physiques (perte de poids incontrôlable) et psychologiques, en cas de situation familiale instable ou après un échec du traitement ambulatoire intensif. Dans ce cas, l’hospitalisation sera la plus courte possible.

    Ces itinéraires cliniques intègrent plusieurs dimensions importantes que je cherche à promouvoir.

    En matière de soins en santé mentale, je suis en effet particulièrement attentif à inciter les acteurs à utiliser autant que possible des méthodes efficaces qui ont fait leur preuve, sans fermer la porte à des solutions innovantes (dans la mesure où elles montrent des résultats concrets).

    En outre, je veille à favoriser le travail en réseau, c'est-à-dire non seulement avec les autres acteurs spécialisés de la santé et de la santé mentale, mais également – comme dans le cas des itinéraires cliniques – avec les acteurs de première ligne (médecins généralistes et maisons médicales notamment), avec les acteurs d'autres secteurs (enseignement, secteur social, aide à la jeunesse ou handicap) et avec les associations de patients et de proches. Ce travail en réseau se concrétise – comme le mentionne l'honorable membre – dans les réseaux de soins en santé mentale dont je soutiens activement la réalisation. Il est en effet nécessaire de centrer ou de recentrer les institutions sur les besoins globaux du patient, en intégrant les différentes dimensions qui sont impliquées dans ses problèmes en santé mentale.

    À cet effet, je soutiens également l'implication des patients et des proches dans ces réseaux, en subventionnant notamment les ASBL Psytoyens et Similes, qui aident leurs membres à participer aux réunions des réseaux.

    Enfin, l'implication des acteurs de la 1re ligne me semble fondamentale, car ce sont ces acteurs (médecins généralistes et maisons médicales notamment) qui suivent le patient au long cours. Comme le sait l'honorable membre, je soutiens activement ces acteurs via ma note-cadre sur la 1re ligne de soins. Celle-ci va également dans le même sens que les réseaux de soins, en renforçant la prise en charge intégrée des patients (via Assisteo notamment) et la collaboration interdisciplinaire via un soutien renforcé aux associations de santé intégrée (telles que les maisons médicales). Dans ce cadre également, je veux promouvoir une culture de l'évaluation des dispositifs et de bonnes pratiques.

    Ces itinéraires cliniques intègrent parfaitement ces différents axes. Il ne m'appartient cependant pas de recommander aux acteurs du soin une méthode de soins plutôt qu'une autre.

    Mais je veillerai, via les réunions Inter-cabinets qui supervisent le développement des réseaux de soins en santé mentale, à promouvoir la méthode des itinéraires cliniques dans la mesure où – comme dans l'exemple – elle a fait ses preuves et où elle respecte la place de chaque acteur, notamment la première ligne de soins, le patient et ses proches.