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L'usage des pesticides agricoles et la santé des riverains

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 63 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 07/10/2016
    • de MORREALE Christie
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports et du Bien-être animal

    La dérive des pesticides dans l’air résulte d’un déplacement des particules et résidus hors des zones ciblées, pendant et après la pulvérisation des produits. Si l’on sait que ce phénomène de dérive existe, l’on connait peu, voire quasiment pas, le niveau d’exposition aux pesticides de la population rurale, urbaine ou encore des enfants en Wallonie.

    Pourtant, l’inquiétude des citoyens face à la pollution de l’air par les produits chimiques utilisés dans l'agriculture est de plus en plus importante. Si l’on parle du cas de Fernelmont, par sa triste actualité, de manière générale, les habitants des campagnes sont très inquiets.

    Le projet Expopesten, mené par l'ISSeP et le CRA-W, et qui a démarré en octobre 2014, a pour objet de fournir une première évaluation de l’exposition environnementale de la population wallonne aux pesticides.

    Courant sur une durée de trois ans, le projet doit évaluer l’exposition des Wallons par inhalation aux pesticides présents dans l’air ambiant. Il est également question d’évaluer l’influence d’une zone d’agriculture intensive sur l’exposition aux pesticides d’une population d’enfants.

    Ce projet s’inscrit dans le cadre de la directive 2009/128/CE selon laquelle la Région est compétente pour assurer la protection des groupes vulnérables ainsi que dans l’action du Programme wallon de réduction des pesticides (PWRP).

    Les premiers échantillons d’air ont été prélevés en juin 2015. Dès lors, quels sont les premiers résultats ?

    Alors que, dans la commune de Fernelmont, on dénombre énormément de cancers, les conclusions de cette vaste étude, qui devrait être terminée pour le mois d’octobre 2017 seront-elles disponibles à cette date ?
  • Réponse du 25/10/0216
    • de DI ANTONIO Carlo

    Dans le cadre de la première phase du projet EXPOPESTEN, des prélèvements d’air ambiant ont été réalisés entre le 28 mai 2015 et le 26 mai 2016 dans 12 stations réparties sur l’ensemble du territoire wallon (Waimes, Habay-la-Vieille, Liège, Charleroi, Mons, Profondeville, Oupeye, Dour, Gembloux, Louvain-la-Neuve, Marche-en-Famenne, Tinlot). Les appareils d’échantillonnage ont été placés dans différents lieux de référence (usages faibles, voire nuls, de pesticides), des régions agricoles, des sites urbains et des sites avec des usages professionnels potentiels autres qu’agricoles. La méthode d’analyse développée permet d’étudier les concentrations en 46 pesticides utilisés en Région wallonne dans les échantillons d’air issus des stations de prélèvement. Un échantillon consiste en un volume d’air total d’environ 1300 m³ filtrés sans discontinuer durant 14 jours.

    Actuellement, les échantillons issus des stations sont toujours en cours d’analyse. Les résultats des concentrations en pesticides seront disponibles dans le courant du premier trimestre 2017. Les résultats du premier mois d’échantillonnage (deux campagnes de prélèvement, du 25 mai au 25 juin 2015) ont fait l’objet d’une présentation au 68e Symposium International sur la Protection des Cultures (68th ISCP) organisé par l’Université de Gand. Ces résultats ont permis de déterminer que 35 pesticides ont été détectés dans l’air ambiant dont 17 présentaient des concentrations quantifiables (concentrations supérieures à 0,05 ng/m³ pour 7 pesticides et concentrations supérieures à 0,1 ng/m³ pour 10 pesticides) dans au moins un des échantillons. Pour 9 pesticides, plus de 50 % des échantillons issus du terrain présentaient des concentrations mesurables. Cela indique que certains pesticides sont ubiquistes dans l’air ambiant en Wallonie même dans des stations situées loin de sources d’émissions comme au Mont-Rigi dans les Fagnes. Cela peut-être expliqué par la volatilité des molécules et par leur persistance dans l’air. De plus, les premiers résultats mettent en évidence que le nombre de pesticides différents et les concentrations mesurées dans les différentes stations reflètent les usages des molécules à proximité des sites. Par exemple, le captane qui est utilisé sur les arbres fruitiers présente les plus fortes concentrations mesurées dans l’air prélevé dans la station d’Oupeye où de nombreux vergers sont présents. Nos résultats sont en adéquation avec les résultats obtenus dans des études environnementales européennes et internationales (Aulagnier et al., 2008; Coscollà et al., 2010; Schummer et al., 2010; Yao et al., 2008). Les résultats des prélèvements réalisés sur l’ensemble d’une année permettront à terme d’évaluer les différences tant géographiques que temporelles des concentrations en pesticides dans l’air ambiant en Wallonie.

    En ce qui concerne la seconde phase du projet, évaluation de l’exposition de populations d’enfants vivant dans des zones d’exposition contrastées, les mixtions de plus de 200 enfants ont été récoltées dans le courant du mois de juin 2016 dans 5 communes (Habay, Gembloux, Liège, Charleroi, Oupeye). Des questionnaires ont été complétés par les parents des participants afin d’évaluer les facteurs pouvant favoriser une exposition aux pesticides. De plus, des échantillons d’air ambiant complémentaires ont été obtenus dans des stations proches des populations d’enfants afin d’évaluer plus précisément les concentrations en pesticides durant la récolte des échantillons biologiques. Le développement et la validation de la méthode d’analyse des biomarqueurs (pesticides et leurs métabolites) sont toujours en cours. Les échantillons d’urine seront disponibles dans le courant du premier semestre 2017.

    Les résultats globaux du projet EXPOPESTEN sont attendus pour la fin de l’année 2017.

    En ce qui concerne la situation particulière de Fernelmont, je tiens à souligner que les investigations menées par l’Agence pour une Vie de Qualité (AViQ) n’ont pas démontré l’existence d’un excès de cancers à Fernelmont. Mon collègue Maxime PREVOT, Ministre de la Santé a, par ailleurs, chargé un comité d’experts universitaires de compléter l’étude de l’AViQ.