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La prise en charge du cancer du sein

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 88 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 17/10/2016
    • de LECOMTE Carine
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Octobre rose ou le mois dédié à la lutte contre le cancer du sein est l’occasion de rappeler que la Belgique détient le triste record du taux de cancer du sein le plus élevé au monde.

    En 2013, 10 778 cas de cancer ont été constatés, soit une augmentation de 13 % en 10 ans. Chaque jour, 7 personnes meurent de cette maladie.

    Au Grand-Duché de Luxembourg, le cancer du sein touche aussi de nombreuses femmes. Ainsi, 450 d'entre elles apprennent chaque année qu’elles sont atteintes de ce type de cancer. Récemment, une enquête a été réalisée par l'Institut de sondage et d'opinion luxembourgeois, TNS Ilres, auprès de 220 malades. Il en résulte que deux tiers des malades estiment que l’annonce du diagnostic, en moyenne 20 jours après les examens, a été acceptable et compréhensible. Cependant, près de 15% ne se sont pas senties respectées et ont trouvé ce moment particulièrement pénible.

    Dans 58 % des cas, la patiente a appris sa maladie en parlant au médecin, lors d’un face-à-face  ; 38 % en ont pris connaissance par téléphone. Toujours selon cette enquête, l’accompagnement psychologique doit être amélioré. Ainsi, 34 % des malades indiquent n’avoir reçu aucun support d’écoute et de soutien. Et l’après-traitement est quelque peu négligé puisque seules 18% des patientes se voient proposer une cure ou un séjour de réhabilitation et seuls 12% le prennent effectivement.

    J'en viens à mes questions.

    A la lumière de ces éléments, Monsieur le Ministre pourrait-il initier une réflexion pour optimiser la prise en charge des personnes atteintes d’un cancer du sein en ce y compris leur réintégration sociale après le traitement  ?

    Qu'en est-il de l'accompagnement psychologique des personnes atteintes d’un cancer du sein en Région wallonne ? De nouvelles initiatives peuvent-elles être encouragées, d’autres moyens développés pour leur assurer un soutien total en ce domaine  ?
  • Réponse du 31/10/2016
    • de PREVOT Maxime

    Si la Belgique propose des réponses médicales pointues depuis un certain temps, la mise en place et la considération à apporter à un accompagnement psychologique des patients concernés par le cancer sont une préoccupation de la Région wallonne qui finance notamment l’ASBL « Cancer & Psychologie ».

    Si l’impact psychologique est évidemment essentiel pour tous les cancers, le cancer du sein a ceci de particulier, c’est qu’il touche à l’« image » de la femme.

    En lien avec le dispositif médical (donc essentiellement en milieu hospitalier), il existe donc diverses initiatives (reconstruction mammaire,...) soutenues par un accompagnement psychologique interne à l’hôpital et potentiellement suivi en privé.

    Ainsi, j’ai reconnu au sein des hôpitaux wallons, des programmes de soins oncologiques spécialisés pour le cancer du sein, conformément à l’arrêté royal du 26 avril 2007 récemment modifié en 2013. Ces « cliniques du sein » proposent des soins de haute qualité dans le domaine du cancer du sein, axés sur le diagnostic, la consultation multidisciplinaire, le traitement multidisciplinaire, le suivi et la revalidation des patients ayant des affections malignes du (des) sein(s). Elles présentent essentiellement deux niveaux d’organisation : des cliniques du sein coordinatrices qui posent au minimum 125 nouveaux diagnostics de cancers du sein par an et des cliniques satellites, fonctionnant en coordination avec une clinique du sein coordinatrice, qui peut démontrer une expérience de minimum 60 nouveaux cas de cancers du sein par an.

    Parmi les normes auxquelles doivent répondre ces programmes de soins, figure l’obligation, pour les cliniques du sein coordinatrices, de s’attacher un psychologue au mois à mi-temps et de prévoir un 0,25 ETP psychologue supplémentaire pour chaque clinique du sein satellite avec laquelle elle s’est associée.

    Par ailleurs, destinées directement à la patiente, de nouvelles initiatives associatives ou privées insistent justement sur l’impact de cette image : des soins esthétiques spécifiques, mais également l’émergence de « maisons de soins et bien-être » ; projets hors structure hospitalière, mais proche et soutenue par certains hôpitaux tels que Saint-Pierre à Ottignies et le GHDC de Charleroi.

    Ces maisons proposent des réponses différentes avec comme priorité le « bien-être » via des activités plus individuelles ou des ateliers en groupe (culinaires, yoga, artistiques,…), le tout axé sur le temps à prendre pour se reconstruire dans une dynamique de partage et d’échanges. Cette dynamique tient compte de la dimension psychologique dans une perspective volontariste et positive.

    Signalons également que la « Fondation contre le Cancer » offre un service d’écoute téléphonique et de réponses personnalisées pour les patient(e)s et proches en besoin d’écoute.

    Cela nous conduit à une autre dimension essentielle de l’accompagnement psychologique : celui destiné aux proches, à l’environnement familial et aidants des patients. C’est ici que réside un volet important de l’activité de l’ASBL « Cancer & Psychologie ». Cet accompagnement psychologique était et reste particulièrement innovant.

    L’effraction du cancer dans une cellule familiale bouleverse fondamentalement la dynamique et la communication intrafamiliale. Les enfants/adolescents sont particulièrement fragilisés et dépourvus face cette intrusion. Dans un contexte difficile, il est soumis à une série de peurs, de questionnements et d’interprétations : les siens, mais aussi ceux qui sont non-dits.

    Cet écart parfois abyssal entre l’expression et le ressenti mérite à mes yeux des attentions particulières et diversifiées. Les dispositifs d’écoute et de soutien individuel assumé par des psychologues privés, mais aussi associatifs (tels que « Cancer & Psychologie ») doivent rester disponibles.

    À la question des pistes, des dispositifs possibles pour soutenir des patients du cancer (tous types évidemment), je pourrais signaler l’importance de :

    continuer à soutenir les initiatives existantes dans les Espaces Enfants/Adolescents (EEA) à l’hôpital. Dispositif hospitalier destiné aux enfants/adolescents en visite auprès de leurs proches ;
    mettre en place une dynamique permettant aux structures qui assurent l’accompagnement psychologique de se déplacer et d’aller à la rencontre des patients chez eux ;
    soutenir des initiatives de groupes de paroles pour les patients d’une part, mais également pour les aidants proches. Ce type d’initiatives à mes yeux devrait se développer davantage hors contexte hospitalier.

    Au niveau Fédéral, je souligne que le SPF Santé publique et l’INAMI ont lancé depuis 2008 un « plan national cancer » se déclinant en une trentaine d’actions élaborées en concertation avec le secteur et dédiées à la lutte contre le cancer, à la prise en charge médicale, à la recherche et à l’amélioration de la qualité de vie des patients cancéreux.

    Le soutien psychosocial aux patients dans le cadre des programmes de soins oncologiques agréés dans les hôpitaux, constitue un des axes majeurs de ce plan. Ainsi, les hôpitaux disposant d’un tel programme de soins bénéficient depuis le 1er juillet 2008 d’un financement leur permettant d’engager des infirmiers, des travailleurs sociaux et des psychologues supplémentaires dans leur institution, afin d’offrir aux patients cancéreux hospitalisés un encadrement renforcé et de meilleurs soins. En 2012, un budget de 44 millions d’euros a été consacré à la mise en œuvre de cette mesure.

    En 2015, ma collègue, la Ministre de la Santé publique, Madame M. De BLOCK, a annoncé vouloir poursuivre le « plan national cancer » précité en mettant notamment l’accent sur la réintégration socioprofessionnelle des patients après leur traitement. Un groupe de travail « réhabilitation des patients oncologiques » réalise actuellement un projet-pilote sur le terrain dans trois grands hôpitaux de chaque Région, spécifiquement pour développer un instrument de réintégration socioprofessionnelle pour les personnes atteintes du cancer.