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Les plans stratégiques en hygiène hospitalière

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 139 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 21/10/2016
    • de PREVOT Patrick
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Près de trois hôpitaux sur quatre en Belgique intègrent un plan stratégique en hygiène hospitalière dans leur plan stratégique global, contre 30 % seulement en 2013, selon une enquête réalisée par l’Institut scientifique de santé publique (ISP). Ce dernier reconnaît les progrès enregistrés en matière de prévention des infections nosocomiales, mais plaide pour un contrôle externe des données fournies par les établissements de soins.

    Les données nécessaires à la réalisation de l’enquête ont en effet été transmises par les hôpitaux eux-mêmes, sans faire l’objet d’une vérification ultérieure par un organisme externe.

    Quels sont les chiffres pour la Wallonie ?

    Quelle en est l’évolution sur les dernières années ?

    Comment se positionne Monsieur le Ministre concernant la recommandation de l’ISP relative au contrôle externe des données ?

    La Wallonie compte-t-elle faire quelque chose à cet égard ?
  • Réponse du 14/11/2016
    • de PREVOT Maxime

    La question relative aux plans stratégiques en hygiène hospitalière, et plus spécifiquement aux résultats du rapport annuel portant sur les indicateurs de qualité en hygiène hospitalière dans les hôpitaux aigus, a retenu toute mon attention.

    L’Institut scientifique de Santé publique vient en effet de publier son second rapport à cet égard, portant sur l’année 2015. Il y analyse les indicateurs de qualité fournis par les hôpitaux aigus avec un triple objectif :
    - évaluer l’impact de la politique en hygiène hospitalière ;
    - juger de la qualité au niveau de chaque hôpital dans le domaine de l’hygiène hospitalière, en publiant notamment les indicateurs hôpital par hôpital ;
    - contribuer à l’amélioration locale de la qualité en incitant les hôpitaux à mesurer et à améliorer leurs actions et résultats.

    Les indicateurs récoltés sont de 5 types :
    - des indicateurs d’organisation : existence d’un plan stratégique en hygiène hospitalière dans l’hôpital, intégré ou non dans le plan stratégique global ; nombre de réunions du comité en hygiène hospitalière ; présence d’un plan d’action et d’un rapport annuels détaillés en hygiène hospitalière ; désignation d’au moins une infirmière hygiéniste au cadre infirmier intermédiaire ;
    - des indicateurs de moyens : nombre effectif de médecins et d’infirmiers en hygiène hospitalière ; présence de référents en hygiène hospitalière ; nombre d’heures de formation interne en hygiène hospitalière et nombre de participants ;
    - des indicateurs d’actions : participation de la direction aux réunions du comité d’hygiène hospitalière ; participation de l’équipe « hygiène » aux réunions de la plateforme régionale ; présence de divers systèmes locaux de surveillance (MRSA, septicémies,…) ; mise en place de systèmes locaux d’audit de processus sur certains points (voie centrale, ventilation assistée,…) ; participation à des événements liés à l’hygiène hospitalière ;
    - des indicateurs de résultats, récoltés par ailleurs ;
    - des indicateurs de processus : volume global de consommation de solutions hydroalcooliques.


    Les résultats wallons sont les suivants :

    * Indicateurs d’organisation :

    - 97 % des hôpitaux (contre 63 % en 2013) ont un plan stratégique général à long terme en hygiène hospitalière ; dans 62 % des hôpitaux (21 % en 2013), ce plan stratégique est intégré dans le plan stratégique de l’hôpital.
    - 100 % des hôpitaux organisent au minimum 4 réunions du comité d’hygiène hospitalière par an (97 % en 2013).
    - Tous les hôpitaux disposent d’un plan d’action détaillé en hygiène hospitalière (76 % en 2013), et 95 % d’un rapport annuel en hygiène hospitalière (79 % en 2013).
    - Enfin, 97 % des hôpitaux disposent d’une infirmière hygiéniste au sein du cadre intermédiaire.

    Ces résultats placent la Wallonie dans la moyenne belge, et indiquent une progression importante entre 2013 et 2015 (score moyen passant de 71 % à 91 %).


    * Indicateurs de moyens :

    - 84 % des hôpitaux disposent d’un nombre effectif de médecins et d’infirmiers en hygiène hospitalière supérieur ou égal à 90 % du nombre théorique ; si la situation a peu évolué en ce qui concerne les infirmiers (82 % en 2013), elle a augmenté de 10 % pour les médecins.
    - Tous les hôpitaux ont des référents en hygiène hospitalière (97 % en 2013) ; tous ont au moins un référent par unité de soins intensifs (95 % en 2013) ; 89 % ont au moins un référent par service (74 % en 2013).
    - 20 heures de formation interne en hygiène hospitalière sont dispensées par équivalent temps plein en hygiène hospitalière (17h en 2013); ces formations rassemblent 205 personnes en moyenne par ETP en hygiène hospitalière (175 en 2013).

    Ces résultats placent la Wallonie devant la Flandre, mais en deçà de la moyenne belge. Cependant, une progression importante doit être notée en ce qui concerne l’augmentation du nombre de médecins hygiénistes et de référents par service.


    * Indicateurs d’actions :

    - Dans 97 % des hôpitaux (chiffre identique en 2013), la direction participe aux réunions du comité d’hygiène hospitalière, et l’équipe d’hygiène hospitalière aux réunions de la plateforme régionale.
    Tous les hôpitaux organisent un système local de surveillance pour les MRSA (97 % en 2013), les septicémies (92 % en 2013) et les bactéries à Gram-négatifs multi-résistants (84 % en 2013) ; 95 % organisent un système de surveillance des infections à Clostridum difficile toxinogène (chiffre identique en 2013) et 92 % une surveillance des entérocoques résistants à la vancomycine (74 % en 2013) .
    - Seuls 49 % des hôpitaux organisent toutefois un système de surveillance des infections aux soins intensifs (34 % en 2013), et seuls 19 % l’organisent pour les infections du site opératoire (8 % en 2013).
    Dans 97 % des hôpitaux (92 % en 2013) existe un système d’alerte entre le laboratoire et l’hygiène hospitalière ;
    - 89 % des hôpitaux participent à la campagne nationale « hygiène des mains » ; 68 % des hôpitaux (26 % en 2013) ont mis en place un audit local d’observation des procédures recommandées pour l’hygiène des mains ; parmi ces hôpitaux, le nombre médian d’opportunités observées a diminué par rapport à 2013, passant de 317 à 175.
    - 68 % des hôpitaux (29 % en 2013) ont mis en place un audit local de processus relatif à la voie centrale ; 57 % (45 % en 2013) en ce qui concerne la ventilation assistée ; 70 % (16 % en 2013) pour les sondes urinaires et 32 % (8 %) pour la prévention des infections post-opératoires.

    La Wallonie se situe dans ou au-delà de la moyenne belge pour certains items. Il faut toutefois bien reconnaitre qu’elle se trouve bien en deçà de la moyenne belge pour d’autres, telles les infections aux soins intensifs et du site opératoire ou encore la problématique de l’hygiène des mains, et ce, même si des progressions importantes peuvent être observées entre 2013 et 2015 pour ces mêmes matières. La diminution du nombre d’opportunités observées en matière d’hygiène des mains me semble préoccupante et je chargerai la Branche Santé de l’AViQ de mener une réflexion à cet égard, notamment au travers de sa collaboration avec la Plate-forme Accréditation Qualité de soins.


    * Indicateurs de processus :

    - En moyenne, 19,6 litres de solution hydroalcoolique sont consommés par 1 000 journées d’hospitalisation ; c’est moins qu’en 2013 (20,8 l) et situe la Wallonie un peu en deçà de la moyenne belge (21,3 l).


    * Indicateurs de résultats :

    - L’incidence de MRSA acquis à l’hôpital est en diminution constante en Wallonie, passant de 1,8/1000 admissions en 2013 à 1,5/1000 admissions en 2015.
    - Les données relatives à l’incidence des septicémies sur cathéter central ne sont pas disponibles par région.

    En ce qui concerne la Wallonie, les résultats obtenus sont donc pour la plupart encourageants si on les compare à ceux du premier rapport portant sur l’année 2013. Les hôpitaux wallons obtiennent des scores moyens à élever en matière d’organisation et de moyens, et, pour la plupart d’entre eux, également en termes d’actions. Pour les quelques hôpitaux présentant un score plus bas dans les indicateurs d’actions, la Direction des Soins hospitaliers de l’AViQ veillera à examiner si des mesures spécifiques d’accompagnement doivent être envisagées. Il faut toutefois remarquer que ces hôpitaux ont presque tous amélioré leurs scores entre 2013 et 2015.

    Enfin, vous faites part de la recommandation de l’ISP de procéder à un contrôle externe des données fournies par les établissements de soins. Ce qui est, à mon sens, le plus intéressant dans ce rapport, c’est qu’il permet aux hôpitaux de remettre en question leurs pratiques et d’initier de nouvelles démarches d’amélioration de la qualité en matière d’hygiène hospitalière ou d’améliorer les démarches existantes. Le contrôle externe des données pourrait certes crédibiliser l’étude, mais n’oublions pas que ce rapport ne donne qu’un aperçu partiel de la qualité en hygiène hospitalière dans les hôpitaux aigus, étant donné le nombre limité d’indicateurs récoltés. Il faudrait dès lors, à mon sens, estimer le rapport coût/bénéfice d’un tel contrôle. Par ailleurs, ce rapport étant financé par le SPF Santé publique, si d’aventure il était question de financer un contrôle externe des données, il me semblerait logique que ce soit ce dernier qui assure un financement global du projet.