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Les liens entre l'agriculture et la distribution

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 72 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 27/10/2016
    • de DUFRANE Anthony
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Suite à la crise laitière, un accord entre syndicats agricoles et Comeos (qui représente la grande distribution en Belgique) avait été conclu il y a environ un an.D'après cet accord, les grandes enseignes s'engageaient à verser 2,45 centimes d'euros en plus par litre de lait pendant six mois.

    L'observatoire des prix a constaté, que durant les 6 mois d'application de cet accord, qui a pris fin en mai dernier, le prix du lait entier et demi-écrémé vendu en supermarché avait augmenté respectivement de 17,7% et 19,5%. Il souligne également qu'entre mai et juin 2016, la diminution du prix à la consommation du lait demi-écrémé a seulement été de 1,3% et quant au lait entier, il a même augmenté de 0,1%.

    La Fugea (syndicat wallon agricole) reproche aux grandes enseignes de se servir des produits agricoles belges (lait et viande surtout) comme produits d'appel vendus à des prix écrasés, qui ne permettent de payer les agriculteurs à un prix équitable.

    La Fugea parle de stratégies commerciales malsaines, opportunistes, écrasantes et irresponsables. Elle veut la constitution d'un fonds structurel d'aide aux agriculteurs, qui soit, entre autres, financé par la grande distribution, et la fin de ces produits d'appel en supermarché. Mais ces demandes n'ont reçu aucun écho de la part de Comeos lors des différentes réunions de la concertation chaîne du lait réunissant tous les acteurs de la filière.

    S'il en est ainsi, l'effort de Comeos est nul. Au contraire, l'effort est fait par le consommateur. Et Comeos en profite largement parce qu'après l'augmentation du prix du lait, il ne diminue pas après l'échéance de la mesure prise pendant six mois.

    Ainsi, le consommateur a été leurré, ce qui doit, à mes yeux, être dénoncé publiquement, haut et fort. N'est-il pas indiqué que le Gouvernement wallon prenne l'initiative en poussant Comeos de continuer à payer les 2,45 centimes d'euros par litre, si la fin de la mesure ne s'accompagne pas d'une baisse de prix ?

    Ne faut-il pas, comme le propose la Fugea, constituer un fonds structurel d'aides aux agriculteurs, alimenté par une contribution du secteur de la grande surface, que celui-ci relaye de toute façon au consommateur de lait, afin de veiller à ce qu'une rémunération plus équitable des producteurs de lait ne soit pas le résultat d'un management en cas de crise, mais qu'elle soit structurelle ?
  • Réponse du 09/11/2016
    • de COLLIN René

    Les partenaires de la concertation belge de la chaîne agroalimentaire ont conclu le 31 août 2015, des accords visant à atténuer la crise au sein des secteurs laitier et porcin.

    Le SPF Economie a étroitement collaboré lors des négociations. L’accord a été soumis pour approbation à l’autorité belge de la concurrence. L’autorisation a été octroyée pour une durée limitée à 6 mois d’intervention.

    Pour les producteurs laitiers, cela s’est traduit concrètement par un complément de prix de 2,45 cents par litre de lait livré pendant 6 mois, soit 41,75 millions euros. Du point de vue des producteurs, les engagements pris en concertation de chaîne ont été respectés. Je rappellerai le rôle de facilitateur joué par les organismes payeurs régionaux pour que les montants soient bien versés aux producteurs individuels.

    Pour financer ces montants, les distributeurs ont accepté de payer un montant de 14 cents par litre de lait de consommation vendu dans leurs enseignes et ce pour une durée de 9 mois. Le mode de financement de l’aide ne faisait pas partie de l’accord. Les distributeurs ont décidé individuellement de la manière dont ils financeraient ce montant – le répercuter entièrement ou partiellement sur le prix du lait de consommation, sur d’autres produits ou le financer sur leurs propres marges.

    Effectivement, l’observatoire des prix a indiqué que le complément a été intégralement répercuté sur le consommateur, et uniquement pour le lait de consommation, confirmant ainsi ce que l’on percevait intuitivement depuis l’année dernière à savoir que ce geste de la grande distribution serait avant tout financé par le consommateur. Les membres de la concertation de chaîne ont par ailleurs demandé lors de la réunion du 28 septembre dernier un approfondissement de l’analyse de l’observatoire à ce sujet.

    Aussi, selon l’accord, cette aide temporaire était conditionnée par la mise en œuvre de mécanismes structurels. Je ne peux qu’encourager de poursuivre le dialogue au sein de la chaîne alimentaire afin d’aboutir à la mise en place de ces mesures. Je rappellerai cependant qu’il n’y avait pas d’unanimité parmi les organisations agricoles à l’automne 2015 pour affecter des moyens de l’enveloppe de crise au démarrage d’un tel instrument.

    La Task force sur les marchés agricoles, mise en place en janvier dernier par le Commissaire en charge de l’Agriculture, Phil Hogan, doit rendre son rapport prochainement. Il est attendu des propositions pour améliorer les relations au sein de la chaîne alimentaire, y compris renforcer la position des agriculteurs et assurer une répartition plus équitable de la valeur ajoutée au sein de la chaîne.