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Le vaccin contre la coqueluche

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 178 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 08/11/2016
    • de PREVOT Patrick
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    La coqueluche, maladie particulièrement dangereuse pour les enfants âgés de moins d’un an en raison de risques de complications graves, est en progression en Wallonie depuis quelques années. En effet, l’augmentation du nombre de cas de coqueluche observés dès 2012 s’est poursuivie ces dernières années. Une augmentation qui s’observe à tous les âges, mais principalement dans le groupe des 35-60 ans.

    Depuis 2013, les autorités sanitaires conseillent aux femmes enceintes de 25 semaines de se refaire vacciner. Leurs anticorps protégeront aussi l’enfant après sa naissance. Mais il ne faut pas oublier les papas et les grands-parents, ainsi que les personnes qui travaillent autour des nourrissons, à qui il est également vivement conseillé de se faire vacciner. Des campagnes de sensibilisation à ce sujet ont d’ailleurs vu le jour.

    La sensibilisation autour de l’importance de se faire vacciner fonctionne-t-elle ? A-t-elle un impact sur les chiffres actuels? La progression de la maladie ralentit-elle en Wallonie ? Monsieur le Ministre a-t-il les chiffres pour l’année 2015 ? Peut-il déjà les comparer avec les neuf premiers mois de l’année 2016 et donner une tendance ?

    Y a-t-il des régions en Wallonie plus touchées que d’autres ? Dans l’affirmative, quelles sont-elles ? Peut-on déterminer quelles en sont les raisons ?
  • Réponse du 28/11/2016
    • de PREVOT Maxime

    Maladie à prévention vaccinale, la coqueluche est causée par une bactérie, la bordetella pertussis, touchant les voies respiratoires.

    Maladie grave chez les enfants de moins de 6 mois non immunisés, elle est en recrudescence depuis plusieurs années. La raison est probablement multifactorielle : immunité décroissante en postvaccination, recherche plus fréquente de la coqueluche, nouvelles possibilités diagnostiques. Des études sérologiques montrent une diminution marquée voire la disparition des anticorps postvaccinaux au cours des 5 à 10 ans qui suivent la dernière vaccination anticoquelucheuse.

    Les adolescents et les adultes constituent actuellement un groupe ‘réservoir’, susceptible d’être atteint par la maladie, parfois de manière peu spécifique, et de la transmettre à des jeunes enfants. Un nourrisson non ou insuffisamment vacciné peut être protégé indirectement contre la coqueluche grâce à une bonne couverture vaccinale de son environnement immédiat (immunité de groupe via une vaccination dite cocoon, recommandée depuis 2009). La réalisation systématique d’une telle « vaccination cocoon » s’avère toutefois compliquée et reste souvent insuffisante pour protéger le jeune nourrisson.

    La vaccination durant la grossesse, quant à elle, induit des titres élevés en anticorps pouvant être transmis au fœtus par voie transplacentaire et protège ainsi le nourrisson dès sa naissance. Elle est en effet recommandée depuis septembre 2013 par le Conseil Supérieur de la Santé entre la 24e et la 32e semaine de grossesse. Cependant, son implantation en pratique n’est pas toujours aisée. Le vaccin contre la coqueluche à l’attention des femmes enceintes est mis gratuitement à disposition en Communauté française depuis septembre 2015. Cependant, nous ne disposons pas à l’heure actuelle de chiffres de couverture de vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes pour la Région wallonne. Un article paru dans Vaccine (Maertens et al. Maternal pertussis and influenza immunization coverage and attitude of health care workers towards these recommendations in Flanders, Belgium. Vaccine 34 (2016) 5785–5791) la semaine dernière nous indique qu’en Flandre, ce taux est supérieur à 60 %. Ce sont d’ailleurs majoritairement les médecins généralistes qui vaccinent dans cette région.

    Le groupe des gynécologues-obstétriciens de langue française de Belgique ne désire pas appuyer cette recommandation pour différentes raisons alors que la vaccination des femmes enceintes est pertinente et essentielle à la protection de notre groupe cible, c’est-à-dire les nourrissons. La cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ a d’ailleurs rencontré le président du GGOLFB avec l’ONE en octobre afin de revoir leur position officielle. Une démarche parallèle sera initiée au niveau de la société scientifique de médecine générale.

    Nous déplorons en 2015 un décès d’un nourrisson lié à la coqueluche. En 2016, aucun évènement de cet ordre n’a heureusement été déclaré.

    Selon les données épidémiologiques disponibles pour la Région wallonne et l’ensemble de la Belgique, l’incidence de la coqueluche est en augmentation depuis 2011 sur l’ensemble du pays.

    En Région wallonne, l’incidence des cas déclarés auprès de la cellule de surveillance parmi les enfants de moins d’un an a atteint, en 2014, 181 cas pour 100.000 habitants, ce qui est très élevé. En 2015, l’incidence a diminué en Région wallonne. En 2016, pour les trois premiers trimestres de l’année, la cellule de surveillance des maladies infectieuses a reçu 562 déclarations de cas de coqueluche pour la Région wallonne, dont 38 déclarations concernaient des enfants de moins d’une année. Il faudra attendre, début 2017, les chiffres de 2016 pour avoir une répartition par province et par tranche d’âge. Il faudra également compléter ces chiffres avec ceux obtenus par l’intermédiaire du réseau des laboratoires vigies et ceux des centres nationaux de référence. Par ailleurs, ces chiffres de déclaration ne sont pas exhaustifs. Il est certain que le nombre de coqueluches est plus important.

    La protection des jeunes enfants contre la coqueluche est primordiale. La sensibilisation des professionnels de la santé quant à l’intérêt de la vaccination de la femme enceinte est essentielle, mais actuellement est loin d’être optimale en Région wallonne et nous travaillons, en collaboration avec l’ONE à rendre cette sensibilisation efficiente.