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L'aide à domicile

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 181 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 08/11/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Il y a environ 125.000 personnes âgées de 65 ans et plus qui vivent actuellement en maison de repos en Belgique.

    On estime que pour 2025 c’est 149.000 à 177.000 lits qui seront nécessaires, cela représente tout de même une augmentation de 1.600 à 3.500 lits par an.

    Ce nombre dépendra des différentes politiques alternatives résidentielles et d’aide et de soins à domicile.

    Dans les années à venir, cela représente un important défi de prise en charge des personnes âgées en Wallonie.

    Peut-on procéder à une simulation comparative des coûts entre l’hébergement en Maisons de repos/Maisons de repos et de soins (MR/MRS) et l’aide à domicile pour les 25.000 à 60.000 seniors en plus d’ici 2025 ?
  • Réponse du 28/11/2016
    • de PREVOT Maxime

    Il est d’une très grande complexité de fournir une simulation comparative des coûts entre l’hébergement en maisons de repos et l’aide à domicile pour les 25.000 à 60.000 seniors en plus d’ici 2025. Il faudrait en effet préciser ce qui est entendu par « coût ». S’agit-il des coûts à charge de la collectivité ou de l’individu ? Le coût à charge de la Wallonie uniquement ou le coût total à charge de la collectivité ?

    De manière générale, de nombreux paramètres entrent en ligne de compte dont :

    l’espérance de vie en bonne santé ;
    l’évolution des maladies chroniques et leur impact sur la situation des individus ;
    les dispositifs juridiques et les modalités de financement, leurs évolutions ;
    la facture à charge de la personne âgée;
    l’évolution des pensions et des ressources des personnes âgées, l’évolution du système d’aide sociale ;
    le contexte socio-économique et politique ;
    la mise en place de l’assurance autonomie ;
    les innovations et l’évolution des technologies et le support qu’elles peuvent apporter aux individus en perte d’autonomie ;
    les caractéristiques des individus qui entrent en maison de repos (nature et montant du forfait) ;
    le statut de l’aidant proche et son impact sur les situations et les coûts ;
    Etc.

    À ce stade, je souhaite surtout mettre en évidence :

    la mise en place de l’AViQ et, dans ce cadre, du Conseil de Stratégie et de Prospective dont l’action est soutenue par des experts qui constituaient l’Observatoire de la DGO5 ;
    la nécessité de développer les collectes de données tant à propos de l’offre (cadastres) que de la consommation de l’offre ;
    la nécessité de disposer de ressources documentaires et de mettre en place une veille au sujet du vieillissement en général ;
    des projets comme celui du Virtual Belgium in Health de l’Université de Namur (VBIH) dont l’ancien Observatoire wallon de la Santé est le parrain. Il s’agit d’une plate-forme de population virtuelle comme outil d’aide à la décision en matière de prospective et de planification des besoins de soins de santé pour les personnes âgées.

    Mais d’ores et déjà, des éléments peuvent être mis en évidence dans un contexte où la Wallonie ne dispose pas encore pleinement de la compétence relative au financement des maisons de repos et maisons de repos et de soins.

    Ainsi, en 2015, il y avait 48.491 lits de maison de repos en activité. Il faut ajouter à ces lits les places en centres d’accueil jour (695 lits en 2015) et en résidence service (4.676 lits en 2015), soit une capacité totale de 53.862 lits - places d’hébergement pour personnes âgées.
    Pour ce qui est des projections de population, selon le Bureau fédéral du Plan, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus qui vivent en Wallonie passera de 615.572 en 2015 à 744.781 en 2025, soit une augmentation de 129.209 personnes.

    En 2014, 7,3 % des personnes âgées de 65 ans et plus vivaient en maison de repos.

    On peut estimer qu’il faudrait alors en 2025, 129.209 x 7,3 % = environ 9.400 lits de MR en plus, soit 940 lits à ouvrir par an.

    L'honorable membre conviendra qu’il faut relativiser ce chiffre à la lumière des alternatives d’hébergement. En effet, l’attente des personnes âgées ne se situe pas uniquement en maison de repos, mais également dans d’autres initiatives comme les résidences services sociales, les résidences services acquisitives, l’habitat groupé, etc.

    L’établissement d’un coût reste également une gageure sachant que le prix journalier médian de l’hébergement en maison de repos dans une chambre à 1 lit, tous secteurs confondus, s’élève à 43 euros à charge du résident.

    Pour les chambres à deux lits, le prix journalier médian, tous secteurs confondus, s’élève à 37 euros et pour les chambres à 3 lits, à 32 euros à charge du résident.

    Le prix journalier des chambres tous secteurs confondus varie de 17 euros (sic) pour une chambre à 2 lits dans le secteur commercial à 157 euros pour une chambre à 1 lit dans ce même secteur commercial, ce qui fixe l’amplitude des prix dans le secteur.

    Ce calcul est simpliste et ne tient pas compte de l’évolution de l’offre d’hébergement (augmentation de 210 % du nombre de places en résidences services entre 2005 et 2015), ni de l’évolution du profil des personnes âgées, ni de diverses recherches en cours sur l’évolution de l’offre, etc. tant le vieillissement de la population est une préoccupation majeure actuellement et produit, en conséquence, des réflexions et des innovations à tout niveau.

    Ainsi, plusieurs hypothèses peuvent être réalisées, par exemple celles faites par le projet VBIH de l’Université de Namur, dans le cadre du projet de recherche financé via la Région wallonne.

    Hypothèse « basse »

    Bases de cette hypothèse :

    l’espérance de vie en bonne santé augmente ;
    les services qui permettent le maintien à domicile sont renforcés (Services d’aide aux familles et aux aînés, Centres de coordination des services d’aide et de soins à domicile, Centres d’accueil, etc.).

    Conséquences :

    les personnes de 60-74 ans n’entrent plus ou nettement moins en maison de repos ;
    Il n’y a plus ni d’hommes ni de femmes de moins de 60 ans en maison de repos ;
    les personnes de tous âges dont le niveau de dépendance (mesuré par l’échelle de Katz) est O ou A n’entrent plus en maison de repos.

    Dans l’hypothèse basse, le nombre actuel de lits reste plus que suffisant jusqu’en 2030. En effet, il y aurait même un surplus de 7 715 lits en 2030, soit 16,32 % des lits actuels.

    Hypothèse « haute »

    Bases de cette hypothèse :

    augmentation de la prévalence des maladies chroniques ;
    l’espérance de vie en bonne santé stagne voire diminue ;
    plus de personnes ont besoin de soins lourds nécessitant une institutionnalisation ;
    saturation des services permettant l’accompagnement à domicile.

    Conséquences :

    la proportion de personnes de 60 ans et plus en maison de repos est en augmentation : augmentation de 1 % chez les 60-79 ans et de 2 % chez les 80 ans et plus ;
    pas de changement pour les moins de 60 ans.

    Selon l’hypothèse haute, il manquerait 12.931 lits, soit 27,36 % des lits actuels.

    Pour réaliser une estimation de l’impact économique de ces hypothèses, il conviendra de confier une étude, par exemple, à une université, voire à une école de santé publique. À cet égard, l’administration a connaissance qu’une telle étude est en cours de réalisation dans le cadre d’une thèse universitaire.

    Quant à établir le coût au domicile, nous pouvons indiquer que l’analyse produite par l’UCL dans le cadre de la récente étude consacrée aux aidants proches et financée par la Fondation Roi Baudouin, montre que, dans les situations les plus lourdes, la part de l’aidant proche correspond à environ 1000 euros par mois, hors frais de garde à domicile.