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L'avènement des sports de glisse en province hennuyère.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2005
  • N° : 99 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 03/06/2005
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Le Hainaut, champion des sports de glisse toute catégorie ? Un engouement qui ne semble pas prêt de s'éteindre si j'en crois les informations véhiculées par la presse.

    A l'heure actuelle, il existe un centre opérationnel à Comines auquel devraient bientôt s'ajouter deux autres projets d'envergure, en l'occurrence :

    - dans l'entité d'Antoing, le projet européen des sports de glisse ;
    - à Lessines, le projet Snow Games conçu par l'architecte Jean-Marc Wellens.

    Bref, il n'existerait, à terme, pas moins de trois centres de glisse, rien que pour notre province de Hainaut.

    Il n'entre évidemment pas dans mes intentions de fustiger des projets qui pourraient doper l'économie et l'attractivité d'une région. J'ai, par ailleurs, ouï dire que, concernant le projet Snow Games, il avait manifesté un enthousiasme certain lors de sa récente visite à Lessines.

    Je souhaiterais juste faire part à Monsieur le Ministre de quelques réflexions.

    De prime abord, je m'interroge sur l'opportunité réelle de ces projets. Comme je viens juste de l'exposer : trois projets pour une seule province … n'est-ce pas un petit peu exagéré ? Et ce, quand bien même les deux projets proposeraient des concepts que M. Wellens affirme différents … (selon moi, ces concepts restent toutefois fort proches). L'intention est-elle de faire du Hainaut un domaine skiable à l'échelon provincial, la plate-forme wallonne du ski ? Monsieur le Ministre ne craint-il pas que se déclenche un effet de saturation vu la multiplicité de l'offre avec, à terme, des retombées négatives pour l'emploi ? Qu'en pense-t-il ?

    Deuxièmement, j'ai bien pris note de l'intérêt de Monsieur le Ministre, voire de son soutien, pour le projet Snow Games. Dois-je en inférer que la Région wallonne pourrait se présenter comme investisseur potentiel dans un projet qui, a priori, était entièrement privé ? Si telle n'est pas la piste à explorer, de quelle manière se traduira concrètement ce soutien ?

    Enfin, Monsieur le Ministre n'ignore pas que la création de ce type d'infrastructures aura nécessairement des implications sur le plan de la mobilité (on peut imaginer l'afflux de voitures lors des supposés pics d'affluence !). C'est d'ailleurs déjà le cas à Péronnes où les problèmes sont actuellement étudiés par le MET. A ce propos, Monsieur le Ministre peut-il me communiquer

    l'évolution actuelle de ce dossier ? Selon la presse, des propositions alternatives onéreuses auraient été proposées par les communes se trouvant sur le champ d'accès du futur centre européen. Quelle est la position du MET à ce sujet ?

    Revenant au projet Snow Games, des problèmes de mobilité risquent-ils de se poser ? Selon le concepteur du projet, il n'y aurait aucune nuisance … Qu'en pense Monsieur le Ministre ? A-t-il déjà eu des contacts à ce sujet ? Qui paiera la facture en cas de nuisances ?
  • Réponse du 23/06/2005
    • de LUTGEN Benoît

    A l'occasion d'une récente visite à l'hôpital Notre-Dame à la Rose à Lessines, je me suis effectivement rendu également au site de la carrière COSYNS à Lessines pour me rendre compte de visu du site où est envisagé le projet «Snow Games ». En tant que Ministre du Tourisme et de l'Environnement, ce déplacement me paraissait utile, en effet.

    Que l'honorable Membre me permette de lui rappeler que ce projet ressort de l'initiative exclusive d'opérateurs privés. Notre Région, et en particulier le Hainaut, présente un déficit d'initiatives privées. Il est donc de la responsabilité des pouvoirs publics de ne pas décourager d'emblée des promoteurs qui ont déjà fait preuve d'une véritable ténacité, je pense en particulier à la demande de modification du plan de secteur. Bien sûr, un tel projet devra en toute hypothèse respecter les règles environnementales et urbanistiques en vigueur. Tel est d'ailleurs le cas actuellement, puisque le promoteur du projet fait réaliser une étude d'incidences, qui sera suivie d'une enquête publique. Celle-ci permettra d'identifier les impacts d'un tel complexe sportif et de loisirs, notamment en termes de mobilité.

    Sur la question de ce que l'honorable Membre qualifie « de plate-forme wallonne du ski », ne force-t-il pas quelque peu le trait? Aujourd'hui, la seule piste de ski permanente en Hainaut c'est celle de Comines. Elle connaît un vif succès. En effet, plus de 100.000 personnes la fréquentent chaque année sans que cela pose de problème pour la ville de Comines-Warneton. Cette piste est fréquentée par de très nombreux habitants de Gand, Bruges et Lille, etc., et génère de nombreux emplois à Comines.

    Le projet de Lessines est certes plus ambitieux car il intègre divers services Horeca, y compris hôtelier, ce qui peut augmenter d'autant l'impact économique du projet. Je ne vois d'ailleurs pas en quoi, comme l'honorable Membre le dit, cela pourrait avoir des retombées négatives en termes d'emplois. Lessines offre l'avantage d'une proximité importante avec Bruxelles et Lille, de l'effet AB qui peut jouer à plein, d'une desserte ferroviaire correcte, d'une proximité immédiate de la Flandre et du Brabant flamand.

    Quant à la concurrence entre le projet lessinois et celui d'Antoing, il reste à démontrer. Quand bien même il serait avéré, je ne doute pas qu'il stimule l'émulation entre les deux projets. Il reflète aussi sans doute le potentiel de développement de notre Région. Si ces projets privés voient le jour, c'est que les investisseurs privés les auront estimés rentables. Les loisirs actifs et le tourisme sportif sont des segments touristiques en croissance forte. Pourquoi notre Région en plein redéploiement économique ne saisirait-elle pas de telles opportunités ? Doit-on attendre que nos voisins flamands ou français invitent ces promoteurs chez eux ?

    Plus fondamentalement, dois-je rappeler que le tourisme c'est 5% du P.I.B. wallon et environ 40.000 emplois! Parmi les activités économiques qui créent de l'emploi, je pense que le tourisme est loin d'être l'activité qui génère le plus de nuisances.

    En tant que Ministre de l'Environnement, je serai attentif à ce que le promoteur utilise au maximum des sources d'énergies propres. La localisation du projet dans une ancienne carrière participe déjà à cette logique:

    - profiter d'une configuration bien isolée thermiquement, les parois et le sol en pierre basalte constituant un excellent isolant;
    - utiliser les eaux d'exhaure pour améliorer le refroidissement des appareillages;
    - intégrer l'infrastructure dans une carrière, au dénivelé naturel, réduisant l'essentiel de l'impact visuel.

    Le soutien que j'entends apporter à ce projet, c'est donc tout simplement l'attention suffisante à un projet innovant, qui serait unique en Europe, et qui sera donc nécessairement confronté à des questions administratives et juridiques nouvelles. Il est normal que j'y sois particulièrement attentif. A défaut, l'honorable Membre ne manquera d'ailleurs pas de me le reprocher, cette fois-là, à juste titre.