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La croissance wallonne sous la moyenne belge

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 72 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 09/11/2016
    • de MOUYARD Gilles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Monsieur le Ministre n'est pas sans savoir que dernièrement l’IWEPS a publié de nouvelles données concernant les prévisions conjoncturelles de la Wallonie. Ainsi, la croissance du PIB wallon devrait être de 1,2 % cette année et de 1,7 % en 2017. Mais cette progression serait en dessous de la moyenne belge.

    Pour l’IWEPS, plusieurs facteurs expliquent cette situation comme :
    - le déficit de contribution du secteur des services en Wallonie ;
    - des exportations wallonnes plus faibles que la moyenne belge, avec une croissance en 2016 de 2,6 % au niveau wallon contre une moyenne belge de +3,6 %. Et pour 2017 l’écart resterait marqué avec +3,7 % au niveau wallon et +4,3 % pour la moyenne belge ;
    - une diminution de la consommation des ménages ;
    - une dynamique plus faible des dépenses d’investissement résidentiel ;
    - une absence d’investissement des entreprises wallonnes.

    Pour expliquer ces différences entre les entreprises implantées en Wallonie et la moyenne belge, l’IWEPS a émis plusieurs hypothèses : problème de taille des PME, manque de rentabilité ou de plus grandes contraintes de crédit…

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation ? Confirme-t-il les informations relayées dans la presse ?

    A-t-il pu prendre connaissance des éléments publiés par l’IWEPS ? Partage-t-il l’analyse de l’IWEPS ? Dans l’affirmative ou la négative pourrait-il justifier sa réponse ?

    Que compte-t-il faire pour inverser cette tendance ?
  • Réponse du 17/11/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Pour commencer, la publication « Tendances économiques » de l’IWEPS décrit la situation présente ou des derniers mois et réalise un exercice de prévision à l’horizon de 1 an, c’est-à-dire de court terme. L’exercice est nécessaire afin d’avoir une idée de la dynamique de notre économie à présent et dans un avenir très proche. Pour ce qui est de l’analyse réalisée dans ce cadre, elle se base sur des scénarios, notamment pour ce qui concerne les variables affectées par le taux de change ou le cours de matières premières par exemple ainsi que des projections de la dynamique courante.

    En outre, il s’agit ici d’une tendance de court terme qui n’est pas nécessairement la même que celle à moyen terme, à l’horizon de 2 à 5 ans. De fait, ces valeurs sont susceptibles d’être marquées par des aléas conjoncturels tels que la relative atonie de l’économie mondiale, cet élément étant un des facteurs qui affectent les exportations. À cet égard, une lecture à plus long terme montre que le taux de croissance des exportations a été supérieur en Wallonie de 2003 à 2009 (presque identique en 2005) et inférieur de 2010 à 2012 avant de rebondir en 2013 et 2014. On constate donc le caractère fluctuant de la dynamique, les exportations ont un caractère volatile.

    Pour ce qui est du différentiel de croissance du PIB, il a été montré dans le Rapport sur l’Économie wallonne de 2016 que la croissance moyenne de la Wallonie sur la période 2000-2015 est de 1,2 % contre 1,4 % pour la Flandre. Depuis 2013, l’écart en défaveur de la Wallonie est du même ordre de grandeur et il est prévu qu’il se maintienne autour de cette même valeur de 0,2 point pour les années à venir. Malgré cela, à en juger par la valeur de l’indice d’activité dans l’industrie – basé sur des données d’enquêtes et relativement bien corrélé à l’activité économique globale – nous nous trouvons dans une perspective plutôt favorable.

    L’investissement résidentiel des particuliers ainsi que l’investissement des entreprises sont effectivement un autre aspect. Je n’entre pas ici dans des détails, car je crois que ces deux points feront l’objet d’une étude spécifique dans le Rapport sur l’Économie wallonne de 2017.

    La perception récente du climat économique des ménages est effectivement assez dégradée. Les licenciements récents annoncés par des grands groupes n’ont sans doute pas joué positivement sur cet aspect. Comme souvent, des éléments œuvrent de manière antagoniste.

    Ainsi, l’on prévoit une embellie du marché du travail ce qui conduit à une hausse du pouvoir des ménages, donc à la consommation selon toute vraisemblance, mais cette dynamique positive est en partie cassée par la hausse du niveau général des prix.

    Ces observations et ces prévisions ne sont en tout cas pas alarmantes puisque, certes, les prévisions sont moins bonnes que celles pour la Flandre, mais elles ne sont pas négatives.

    Pour ce qui est d’une analyse expliquant les causes de ces observations comme me le demande l'honorable membre, cela relève d’une analyse plus structurelle que ne l’est l’analyse conjoncturelle dont il m’a fait part dans la première partie de sa question. Toutefois, le déficit en termes de services en Wallonie qu'il évoque est avéré, c’est une des observations faites dans le Rapport sur l’économie wallonne 2016. Il apparaît en effet que depuis la fin des années 90’, les services marchands comptent pour la majeure partie du déficit de croissance par rapport à la Flandre.

    Concernant le volet microéconomique, l’IWEPS fait mention d’une enquête auprès des entreprises qui laisserait entendre que les contraintes de crédit ont tendance à s’assouplir depuis deux ans.

    Les perspectives d’attribution de crédit sont également optimistes du côté des banques. Ces deux éléments devraient jouer positivement sur l’investissement des entreprises à l’horizon d’un an même si, là encore, les estimations tablent sur une plus forte croissance de l’investissement en Flandre.

    De manière globale, comprendre ces phénomènes s’inscrit dans les études sur notre tissu économique que mènent les instituts publics régionaux tels que l’IWEPS en parallèle des études conjoncturelles qui sont l’objet de notre discussion présente.

    Quant à notre action pour inverser les tendances négatives, nous les menons au fur et à mesure que nous disposons d’éléments nouveaux venant de l’IWEPS, de la BNB ou du Bureau du Plan et concernant la politique des pôles de compétitivité, le financement des entreprises innovantes ou en retournement, des contraintes structurelles d’un secteur ou encore l’impact du numérique sur l’emploi.