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Le recul de la Belgique dans le « Global Gender index »

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 207 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 14/11/2016
    • de BONNI Véronique
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Fin octobre, le forum économique mondial (WEF), chargé de mesurer l'égalité de genre, a publié son classement annuel des pays en matière de genre. Dans ce nouveau « Global Gender Index », la Belgique perd 5 places et atterrit en 24e position sur 144 pays. Des résultats parfois surprenants sont révélés par ce classement, puisque des pays comme le Rwanda (5e), les Philippines (7e) et le Nicaragua (10e) sont mieux classés que la Belgique.

    Le classement est établi sur base de l’écart entre les hommes et les femmes en matière notamment de participation économique, d’influence politique, de santé et d’éducation. Comme aime le rappeler Monsieur le Ministre régulièrement, la Wallonie s'est dotée en 2015, d'un plan genre qui vise à réduire les inégalités de genre dans différents domaines ciblés par le Gouvernement. En matière de santé, critère repris par le WEF, récemment, lors du colloque organisé par Mme Zrihen sur la pauvreté, le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté rappelait que les femmes précarisées délaissent leur propre santé, en reportant leurs soins afin de pouvoir subvenir, en priorité, aux besoins de leurs enfants ou proches.

    A-t-il pris connaissance de ce classement ?

    Bien que ce classement soit établi au niveau des pays, dispose-t-il d'éléments qui toucheraient plus spécifiquement la Wallonie ?

    Quelles actions envisage-t-il afin de renforcer l'égalité de genre en plus du Plan genre déjà adopté ?

    Plus spécifiquement, en matière de santé, quelles actions pourra-t-il mettre en œuvre afin d'améliorer la santé des femmes et éviter le report des soins évoqué ?
  • Réponse du 28/11/2016
    • de PREVOT Maxime

    En préambule, il n’est pas inutile de rappeler que le Forum économique mondial est une ONG dont la plupart des membres sont issus d’entreprises multinationales. Il convient de tenir compte de ce fait dans l’analyse du classement établi.

    Comme le souligne l'honorable membre, ce classement est réalisé à l’échelle des pays et il m’appartient de me prononcer sur les avancées au niveau de la Wallonie. Il m’est cependant difficile d’ignorer que certaines mesures budgétaires prises par le Gouvernement fédéral en matière de sécurité sociale risquent de peser sur l’égalité de genre et renforcer le constat du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté sur la santé des femmes précarisées. Je pense aux politiques prises en matière de réduction des remboursements de soins de santé.

    Je note par ailleurs à la lumière des variables servant à établir le classement que la diminution du résultat belge est avant tout imputable à un recul en matière de participation économique. Les variables santé, éducation et influence politique sont restées stables. Cela ne signifie pas qu’aucun progrès ne doit être réalisé, malgré le bon classement général de la Belgique.

    À ce propos, le Plan genre adopté dans le cadre du décret du 11 avril 2014 visant à la mise en œuvre des résolutions de la Conférence des Nations unies sur les femmes à Pékin de septembre 1995 et intégrant la dimension du genre dans l’ensemble des politiques régionales prévoit différentes mesures permettant d’améliorer la participation des femmes à la vie économique.

    Je peux citer à cet égard les mesures visant à promouvoir l’entreprenariat et le numérique de mon collègue et Ministre Jean-Claude MARCOURT, la mesure de la Ministre Éliane TILLIEUX visant à encourager la participation des femmes et/ou des hommes au sein de secteurs d’activités professionnelles où elles/ils sont sous-représentés ou encore la mesure du Ministre René COLLIN améliorant le statut des agricultrices.

    Dans mes matières, le screening juridique relatif aux dispositions qui pourraient être discriminatoires à l’égard des familles monoparentales porte notamment sur la santé : un rapport intermédiaire a été discuté avec le monde associatif et je suis en attente du rapport final afin d’implémenter le cas échéant de nouvelles politiques à cet égard. En matière de santé, je rappellerai que le Gouvernement wallon a approuvé une mesure, l’assurance autonomie, visant à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées et/ou handicapées par une prise en charge adéquate pour que ce maintien dans le cadre de vie ne repose pas sur la seule solidarité familiale et féminine. Comme le sait l'honorable membre, ce Plan genre fait l’objet d’un suivi et un rapport intermédiaire a été remis au Parlement wallon en mars 2016. Un rapport final sera remis en fin de législature et permettra d’apprécier les avancées.

    Il ne faut pas oublier non plus l’action du Gouvernement dans le cadre des Plans de lutte contre les violences aux niveaux fédéral et intrafrancophone qui portent, par exemple, sur la formation des médecins afin de prévenir les violences conjugales et infrafamiliales, les initiatives en matière de lutte contre les mutilations génitales féminines… autant de mesures qui doivent contribuer à l’amélioration de la santé des femmes.

    Enfin, en matière d’égalité de genre, je tiens à rappeler que le décret du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination, que nous réexaminons actuellement, établit un cadre légal précis : l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes est habilité par le Gouvernement via un protocole de collaboration, à assurer le suivi des plaintes et des cas de discriminations, notamment en matière de genre, qui lui sont rapportés.