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L'augmentation des conducteurs fantômes

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 214 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 14/11/2016
    • de DE BUE Valérie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Les conducteurs fantômes vont devenir de plus en plus en nombreux en cette période. On estime qu’il y a au moins un cas par jour où un véhicule circule dans le sens contraire, 5 à 10 % seraient interceptés pour cette infraction du 4e degré. Une étude a démontré que près 40 % des conducteurs fantômes avaient opéré un demi-tour sur l’autoroute.

    La cause souvent annoncée est le manque de visibilité dû à la luminosité qui tombe plus vite le soir et à une heure où on ne s'y attend pas encore. Au point de vue public cible, on sait qu'on parle souvent des conducteurs âgés et des jeunes inexpérimentés comme le groupe à risque.

    En connaissance de ce problème, une réflexion est-elle menée pour l'installation de panneaux qui permettrait de mieux se rendre compte de l'erreur ?

    Des projets pilotes existent-ils à l'étranger ?

    Dans la réflexion sur la réforme du permis de conduire, un point spécifique est-il accordé à ce volet-là ?

    Enfin, une campagne de l'AWSR est-elle prévue dans cette période à risque ?
  • Réponse du 02/12/2016 | Annexe [PDF]
    • de PREVOT Maxime

    Les accidents impliquant des véhicules fantômes sont heureusement assez rares, au regard du nombre de faits graves de circulation survenant chaque jour sur notre réseau.

    Je rejoins bien entendu la position, soutenue tant par l’opinion publique que par les experts de la sécurité routière, que ce type d’accident doit être évité, notamment car les conséquences sont très souvent dramatiques ou mortelles… Surtout la nuit, où l’on remarque en effet un plus grand nombre d’accidents (difficulté de percevoir une situation à risque aussi bien qu’en journée, somnolence, …).

    On dénombre en moyenne une petite dizaine d’accidents par an, ce qui est encore de trop.

    Voici un résumé des actions déjà prises par les pouvoirs publics, depuis de nombreuses années, pour lutter contre l’engagement de véhicules à contresens sur les autoroutes et les grands axes routiers :

    -        Amplification et harmonisation de la signalisation. Le Service public de Wallonie et la SOFICO ont veillé à ce que tous les sorties et accès inverses possibles soient équipés des grandes mains noires sur fond jaune que tout le monde connait désormais. Voir image n°1 en annexe.

    -        Des lignes de conduite ont été définies par la Police fédérale de la Route pour l'interception des conducteurs fantômes. Ces consignes constituent un fil conducteur, mais chaque intervention dépend des policiers disponibles sur le moment même et de la situation du trafic, notamment la distance entre l’évènement et le poste WPR (Police fédérale de la Route) le plus proche. À Saint-Georges, cet été, par exemple, les Policiers étaient à quelques minutes de l’interception du véhicule fantôme qui a causé 3 décès sur l’E42. Ils n’auraient pu aller plus vite au regard de l’éloignement de leur poste et de la rapidité du lancement de l’alerte.

    -        Les collaborations entre le Service public de Wallonie, la Police fédérale de la Route et la société COYOTE. Une convention de partenariat avec cette société, pour l’amélioration de la mobilité en général, a été signée en septembre 2015. Plus récemment, des exercices de tests ont eu lieu, de nuit, en présence de membres de mon Cabinet, afin de déterminer les délais d’actions et d’améliorer la remontée d’information. Un nouveau menu du boitier, prévoyant un signalement plus facile et plus logique, ainsi qu’une meilleure remontée et diffusion de l’information, a été réalisé par COYOTE et va être activé sur les appareils. Voir image n°2 en annexe.

    -        Au niveau européen, les administrations des routes des pays membres se rencontrent régulièrement pour échanger leurs expériences et coordonner les bonnes pratiques (signalisation, ...) La Wallonie applique d’ailleurs les bonnes pratiques en matière d'infrastructures. D’autres pays sont moins proactifs, et cherchent à s’améliorer.

    Le meilleur moyen reste donc la communication rapide et large du risque et la prévention : il faut notamment rappeler aux usagers, et c’est régulièrement le cas, le comportement à adopter en pareille situation. Si un véhicule fantôme est signalé dans le secteur emprunté, la prudence veut qu’on ralentisse et surtout qu’on serre le plus possible à droite. L’analyse des phénomènes ayant montré, sans contestation possible, que les véhicules à contresens ont paradoxalement le réflexe de se serrer…à leur droite également ! (c’est-à-dire à contresens sur la bande de gauche, la plus rapide !).

    D’autres pistes de solutions plus radicales ont été envisagées, telles que des dispositifs permettant de percer les pneus des véhicules une fois que ceux-ci franchissent un accès qui leur est interdit. Si mes services n’ont pas souhaité aller dans cette direction, c’est pour de réelles raisons techniques: les dispositifs ont tendance à « gripper » (gel,…) et nécessitent un entretien couteux et très régulier. S’ils se grippent, ils peuvent provoquer des dégâts aux véhicules circulant dans le bon. Par ailleurs, ils interdisent physiquement l’accès à contresens pour les véhicules de secours, ce qui est régulièrement nécessaire. Ensuite, tout ceci représente un coût financier très important pour les 255 échangeurs à couvrir, dans les deux sens, et ce rien que pour les seules autoroutes wallonnes.

    Pour ce qui concerne les campagnes de sensibilisation, une campagne d'affichage le long des autoroutes et grands axes n'est pas actuellement à l'ordre du jour, tant le sujet est spécifique et ciblé. Cependant, une réflexion est menée pour sensibiliser de la façon la plus adéquate au bon comportement à prendre en présence d’un véhicule fantôme.

    Enfin, je vais demander de veiller à ce qu’une sensibilisation systématique à ce type de danger et de risque soit prévue dans le cadre de la prochaine réforme du permis de conduire.