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La position de la Wallonie dans la course à l'évolution technologique

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 92 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 25/01/2017
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Il existe en France un centre technologique dans la localité de Saclay dans l'Essonne. Ce site à bien des égards semble être un site à la pointe de l'innovation, tant est que récemment, un article paru dans le journal Le Monde dénommait cela comme l'usine du futur. En effet, le célèbre bureau de consultance américain, le Boston Consulting Group (BCG) y expérimente à l'échelle une usine quasi entièrement automatisée. À ce titre, M. Olivier Scalabre, Directeur du bureau de Paris du BCG qui souligne que le modèle industriel existant est à bout de souffle et pour faire face non seulement à la complexité des chaînes d'approvisionnement, mais aussi à la concurrence de pays low-cost qui le sont de moins en moins, l'avenir de l'industrie repose sur le relais qu'offre la quatrième révolution industrielle. Ce relai étant lui-même articulés autour de huit nouvelles technologies interconnectées, comme le cloud et la cybersécurité, l’intégration horizontale et verticale, la simulation numérique, les Big Data & l'analytics, l’Internet industriel, la réalité augmentée, l’impression 3D et, enfin, la robotique avancée.

    Ce fleuron de l'industrie même s'il ne manque pas de lever des questions quant à la pérennité de l'emploi souligne qu'aujourd'hui, on doit déjà être attentifs à des métiers ou des formes de structures organisationnelles qui n'existent pas encore.

    Mes questions visent à savoir :
    - où se situe la Wallonie dans la course à la technologie et notamment comment elle se positionne face à l'entreprise 4.0;
    - Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de demandes émanant d'entreprises souhaitant s'inscrire dans cette course à l'évolution;
    - quels moyens sont alloués pour répondre à ces demandes et quelles sont les perspectives le cas échéant qui en découlent;
    - enfin, une approche transversale avec son collègue la ministre de l'Emploi et la formation est-elle en cours en vue de proposer demain une main-d'œuvre répondant à un marché du travail qui évolue en permanence ?

  • Réponse du 06/04/2017
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La situation wallonne en matière d’Industrie 4.0 a été analysée dans le rapport « Économie par le numérique » rédigé par le Cabinet de consultance Roland Berger en préalable à la tenue des Assises du numérique et à l’adoption de la Stratégie numérique wallonne.

    De manière synthétique, on peut affirmer que le niveau de maturité et d’adoption de l’Industrie 4.0 par le tissu économique wallon se situe dans la moyenne européenne, mais reste trop bas par rapport aux pays limitrophes et tout particulièrement par rapport à l’Allemagne et à la France, dans une moindre mesure. Si les entreprises wallonnes sont généralement à niveau en ce qui concerne les technologies indispensables pour maintenir un bon niveau de compétitivité, les exemples de leadership sur une technologie ou des usages disruptifs sont encore trop rares. Ils ne sont cependant pas absents. Des entreprises telles que Procoplast, BEA, Jtekt, ou encore AGC sont des exemples impressionnants de « best practices Industrie 4.0 » au plan international.

    Mais bien entendu, ce sont souvent les grandes entreprises et leurs filiales qui sont les plus avancées et les plus innovantes en la matière. Il existe donc bien un effet de taille et d’échelle, potentiellement handicapant pour nos petites entreprises industrielles. À ce frein d’ordre purement structurel viennent également se greffer certaines carences au plan des compétences disponibles sur le marché du travail et de la formation des travailleurs.

    Ces obstacles sont clairement identifiés et peuvent être dépassés. Ainsi, depuis 2013, le Programme « Made Different » sous l’égide de plusieurs fédérations sectorielles et du Centre de recherche Sirris vise à sensibiliser et accompagner les entreprises industrielles dans leur transition vers l’Industrie 4.0.

    Au plan strictement wallon, plusieurs dizaines d’entreprises ont déjà été approchées pour envisager la mise en place d’une telle démarche de transformation et de plus en plus d’entre elles marquent un intérêt certain pour cette thématique. C’est dans ce contexte que 14 organismes (pôles de compétitivité, fédérations industrielles, centres de recherche), en collaboration avec Digital Wallonia lancent le programme « Made Different Digital Wallonia » dans le cadre de la Stratégie numérique wallonne.

    Made Different Digital Wallonia ambitionne de couvrir l’ensemble de l’industrie wallonne, de coordonner les efforts des différents acteurs en matière d’Industrie 4.0 et de massifier les actions déjà entreprises. Les objectifs globaux de ce programme sont ambitieux : il s’agit, d’ici 2019, de sensibiliser un minimum de 600 entreprises industrielles wallonnes à l’Industrie 4.0 et d’en accompagner au moins 50 dans une démarche concrète et soutenue de transformation.

    En ce qui concerne la problématique des compétences et de la formation, il est bien évident que les nouveaux emplois qui seront générés par la transformation numérique de nos entreprises requièrent des compétences nouvelles et différentes. Les profils qualifiés, à l’aise avec les technologies numériques et capables de créativité sur le lieu de travail seront privilégiés. Il nous appartient de sortir d’une posture défensive par rapport à ces bouleversements socio-économiques et d’adopter une attitude proactive. C’est pour cette raison que la Stratégie numérique wallonne comporte 10 mesures consacrées à la formation initiale et continuée aux technologies numériques et à la créativité.

    Enfin, il convient de souligner le travail prospectif mené actuellement à l’initiative du service AMEF (Analyse, Métier, Emploi, Formation) du Forem. Des ateliers de travail ayant notamment pour objectif d’anticiper l’impact de la transformation numérique sur les métiers et les compétences sont organisés sous la forme d’une rencontre entre le monde socio-économique et le monde de la formation. Il s’agit ici bien entendu d’assurer une meilleure adéquation entre l’offre de formation et les besoins, présents ou futurs, exprimés par les entreprises. L’Agence du Numérique est pleinement impliquée dans cette démarche.