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La connaissance des langues dans la problématique de l'emploi

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 63 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 30/11/2016
    • de MOTTARD Maurice
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Afin de répondre à la pénurie de main-d’œuvre, les entreprises parient sur la mobilité interne et la formation de leur personnel.

    En effet, les entreprises recherchent, et souvent sans succès, des commerciaux, des profils administratifs, des «sales managers», …
    Le problème : les exigences en matière de connaissance des langues.

    Comment peut-on expliquer qu’après autant d’efforts de la part de la Région wallonne pour aider et stimuler le multilinguisme on en est toujours au manque de connaissances linguistiques de façon telle que cela crée un handicap sérieux tant en matière d’employabilité qu’en matière de pénurie des métiers ?
  • Réponse du 05/01/2017
    • de TILLIEUX Eliane

    La connaissance des langues étrangères, essentiellement et par ordre d’importance le néerlandais, l’anglais et l’allemand, constitue un atout important pour certains candidats à un emploi.

    L’analyse des opportunités d’emploi gérées par le FOREm depuis 2009 montre ainsi une certaine constance dans la proportion des opportunités d’emploi demandant explicitement des connaissances linguistiques. En 2015, 15,9 % des opportunités d’emploi (soit 19.524 unités) demandaient la connaissance d’une langue étrangère (hors le français), 4,0 % (soit 4.941 unités) demandaient la connaissance de 2 langues et moins d’un pour cent des offres demandaient 3 langues étrangères ou plus. Environ 80 % ne demandaient pas la pratique d’une langue étrangère.

    Néanmoins, ce constat doit être nuancé. En effet, plus le diplôme requis est important, plus les exigences en langues le sont. Des différences existent également selon les secteurs et les fonctions.

    Certains secteurs présentent une proportion d’opportunités demandant au moins une langue, supérieure à la moyenne wallonne. Il s’agit des secteurs suivants : les industries de pointe (équipements électriques et électroniques, fabrication de transports, fabrication de machines, l’industrie plastique, le nucléaire), les activités financières, les transports.

    Cinq grandes catégories de fonctions professionnelles se démarquent par des exigences linguistiques plus marquées : les fonctions d’encadrement, les métiers liés à l’informatique (pour ceux-ci, la maîtrise de l’anglais apparaît comme un préalable indispensable, et ce quel que soit le profil recherché. Outre l’anglais, on observe que la connaissance du néerlandais est fréquemment citée par les employeurs. En effet, des poches d’emploi importantes sont situées à Bruxelles ou en Flandre), les métiers liés à la formation continue et à la communication, le personnel de l’hôtellerie et de la restauration, le personnel d’accompagnement du transport et de la logistique, amené à côtoyer des personnes pratiquant une autre langue que le français.

    En cohérence avec ces constatations, nous avons mis en place en Wallonie une grande panoplie d’outils afin de permettre aux travailleurs et aux demandeurs d’emploi :
    - d’identifier leur niveau de langue ;
    - de le mettre en lien avec leurs besoins professionnels ;
    - d’améliorer leurs compétences linguistiques à distance, en centre de formation en Wallonie, en Communauté germanophone, en Flandre ou à l’étranger et en entreprise à l’étranger ou encore en Flandre et en Communauté gramanophone.

    Toute personne peut rapidement identifier son niveau grâce à l’outil de positionnement linguistique (QPL) mis gratuitement en ligne sur le site du FOREm. Elle peut aussi passer un test informatisé sur le site Wallangues afin de confirmer ce positionnement. En outre, tout candidat demandeur d’emploi inscrit à une séance d’information dans un Carrefour Emploi Formation Orientation ou au FOREm, recevra les renseignements utiles sur les modules et les immersions proposés en Wallonie. Il pourra passer un test informatisé et être reçu par un formateur langues du FOREm, pour un test oral et un coaching individuel afin de faire le point sur ses besoins linguistiques, les compétences acquises et à développer et les modules de formation accessibles.

    En ce qui concerne l’offre de formation en Wallonie, proposée dans les différents centres de formation et centres de compétence du FOREm, des modules d’apprentissage linguistique sont dispensés dans le cursus général de formations-métiers, en lien avec la langue-cible.
    Il s’agit par exemple des formations en bureautique, en mécanique éolienne, des formations chauffeurs poids-lourds, logisticien, électromécanicien, dans le secteur horeca, …

    Par ailleurs, plusieurs modules sont proposés afin de développer la maîtrise de la langue utilisée plus transversalement dans l’entreprise : l’accueil en face à face, le téléphone, l’email, par exemple.

    L’un de ces modules, proposé en anglais ou en néerlandais et baptisé « entreprise virtuelle », permet à de jeunes demandeurs d’emploi de se plonger dans une situation en entreprise et de simuler, dans l’une de ces langues, le lancement sur le marché d’un nouveau produit. Ce module améliore les connaissances linguistiques professionnelles des jeunes apprenants, tout en les sensibilisant à la culture d’entreprise (découverte d’un organigramme, des services, des fonctions), avec ses aspects multiculturels pour l’anglais, ou les particularismes flamands pour le néerlandais. Il leur permet enfin de travailler à un projet d’équipe (le lancement d’un nouveau produit) et les prépare à un éventuel stage d’immersion linguistique en entreprise. La formation se clôture par la visite d’une entreprise, donnant l’occasion aux jeunes apprenants de confronter les compétences qu’ils ont acquises à la réalité du terrain.

    Par ailleurs, le Plan Marshall 4.0, lancé par le Gouvernement à la fin mai 2015, se donne comme principal axe d’actions, pour la période 2015-2019, de poursuivre et de rendre encore plus efficaces les dispositifs existants en matière d’apprentissage des langues. En particulier, il met l’accent sur l’optimisation des formules de bourses et d’immersion linguistique en Belgique et à l’étranger.

    Ce 8 septembre 2016, le Gouvernement wallon a adopté, à mon initiative, en troisième lecture, le projet d’arrêté du Gouvernement wallon portant exécution des articles 40 et 41 du décret du 20 février 2014 relatif au plan langues et modifiant divers décrets en matière de formation professionnelle. Les immersions proposées, qui s’adressent aux demandeurs d’emploi, aux stagiaires de l’alternance ainsi qu’aux personnes détentrices d’un diplôme de l’enseignement supérieur, pour ce qui concerne le programme « BRIC », permettent aux apprenants de passer un moment totalement immersif hors Wallonie, d’affirmer leur fluidité et leur assurance dans la langue orale, atouts non négligeables dans la recherche d’un emploi. Elles allient l’expérience linguistique à l’expérience professionnelle, mettent nos apprenants en situation réelle de travail à l’étranger et leur donnent de l’assurance dans la réalisation de tâches liées à leur formation, dans un cadre multilingue ou en langue cible.

    Une campagne de promotion est prévue en 2017 afin de mettre en lumière les immersions en entreprise en Flandre, en Communauté germanophone et à l’étranger.

    En ce qui concerne la plateforme Wallangues, elle permet aux Wallonnes et aux Wallons de s'inscrire gratuitement, via internet, à un programme d'e-learning des langues étrangères (anglais, néerlandais, allemand et français). Aujourd’hui, Wallangues est utilisé par près de 400.000 apprenants, ce qui représente un Wallon sur huit.

    Notre volonté est d’encore faire mieux demain, notamment en augmentant l’interactivité de la plateforme grâce au réseau de contacts et de conversation Speaky et en optimisant l’approche pédagogique.

    Cette offre complète, variée, centrée sur les besoins pratiques des chercheurs d’emploi, des travailleurs et des entreprises contribue, au-delà de l’enseignement fondamental, à l’amélioration continue des compétences en langues étrangères des Wallons et Wallonnes et au renforcement des compétences utiles pour leur vie professionnelle présente ou future.

    La mise en place de la Maison des Langues de Louvain-La-Neuve constituera en outre, à court terme, un jalon dans la collaboration entre le monde de l’enseignement, le monde universitaire et le monde de la formation professionnelle au bénéfice de tous ceux qui sont conscients de l’importance des langues dans leur vie, dans leur vie professionnelle et dans le développement de leur entreprise.