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Les politiques sociales de lutte contre la précarisation des travailleurs

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 302 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 05/12/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    C’est devenu un mythe de dire que l’emploi protège tout le monde contre la précarité. Il y en a de plus en plus qui travaillent, mais qui restent dans la précarité. C’est un vrai scandale social qui se profile à l’horizon au rythme que les décisions successives prises pas seulement à d’autres niveaux de pouvoir provoquent un fossé social de plus en plus grand entre riches et pauvres, avec – entre les deux – une classe moyenne pressée comme un citron. Le quotidien des travailleurs dans la précarité est fait de privations alimentaires, culturelles et sociales.

    Une enquête de Solidaris informe que 40 % de la population active arrive péniblement à joindre les deux bouts en fin du mois. Ces personnes jonglent de plus en plus souvent avec un déficit bancaire ou ne s’en sortent plus du tout. 29 % des travailleurs présentent un risque de basculement dans la pauvreté, 8 % sont « pauvres » et 3 % « très pauvre ».

    Mais à quoi ces travailleurs renoncent-ils ? En premier aux vacances, mais ce n’est pas tout.

    En effet, ils renoncent aussi aux loisirs (sport, cinéma, CD, livres…).
    Ils ont également des soucis à rembourser leurs crédits (hypothécaires ou autres), à fournir une garantie locative. Et puis ils sont aussi très nombreux à ne pouvoir investir dans l’avenir de leurs enfants, études, fournitures scolaires, accès aux nouvelles technologies (GSM, ordinateurs, internet, etc.) et ce processus entraîne ces enfants à reproduire le même schéma social.

    La majorité de ces travailleurs pauvres ou très pauvres se nourrissent mal par manque de moyens financiers. Et puis il y a la vie sociale ou plutôt l’absence de vie sociale, plus moyen d’inviter des amis à la maison, plus de participation aux fêtes de quartiers, plus d’activité culturelle, associative, sportive, …

    N’est-il pas grand temps d’abord d’analyser à fond les causes et les effets du clivage social qui prend de l’ampleur, qui crée un sentiment d’insécurité d’existence, qui pèse sur le pouvoir d’achat et le bien-être des ménages et ensuite d'articuler sur cette base une politique régionale sociale visant à corriger autant que possible les effets d’une injustice sociale grandissante qui s’installe dans la société ? C’est un cri au secours que j’entends de plus en plus souvent et souvent adressé à des décideurs politiques qui n’ont d’yeux que pour ceux qui transfèrent leurs bénéfices au Panama ou dans d’autres paradis fiscaux. Je pressens que cela va mal tourner…
  • Réponse du 21/12/2016
    • de PREVOT Maxime

    C’est en tant que Ministre wallon, Membre du niveau de pouvoir wallon compétent pour la Wallonie en matière d’Action sociale que je m’exprimerai ici.

    Le Gouvernement wallon a entrepris au cours de cette législature de définir une stratégie régionale en matière de lutte contre la pauvreté. Pour ce faire, il dispose avec l’ASBL Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP) d’un interlocuteur organisé dont il peut solliciter l’expertise.

    La volonté du Gouvernement wallon s’est surtout traduite par la mise en place du Plan transversal wallon de lutte contre la pauvreté 2015-2019, élaboré à l’initiative et sous la coordination du Ministre-Président. La mise en œuvre de ce plan concerne chaque membre du Gouvernement de façon plus ou moins marquée en fonction des compétences propres.

    Mes attributions me permettent d’activer certains dispositifs susceptibles de venir en aide aux travailleurs précarisés et à leurs familles par exemple les services de médiation de dettes.

    Le Gouvernement wallon a ainsi validé le 20 octobre dernier, sur ma proposition, l’avant-projet de Décret visant à pérenniser l’action des épiceries sociales et des restaurants sociaux à l’attention des personnes en situation de précarité.

    Mes collègues les Ministres Éliane TILLIEUX et Paul FURLAN contribuent également largement à la lutte contre la précarisation : Paul FURLAN en tant que Ministre du Logement porte des projets en matière de garantie locative et de barèmes des logements et Éliane TILLIEUX qui est titulaire des compétences relatives à l’emploi. Rappelons que la Ministre TILLIEUX s’occupe activement de réformer le système wallon de mesures incitatives à l’emploi en vue de l’harmoniser et de le simplifier.

    En matière d’analyse situationnelle, cela fait plusieurs années que des organismes aux compétences reconnues, comme la Fédération des CPAS, l’Observatoire du crédit et de l’endettement et le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, nous livrent les résultats de leurs travaux avec la plus grande régularité. Les causes d’une situation donnée sont souvent multiples et complexes.

    C’est la raison d’être du Plan wallon de lutte contre la pauvreté à travers la transversalité dont il se veut porteur.