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Le burn-out parental

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 304 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 08/12/2016
    • de WAHL Jean-Paul
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Si l’on connait le burn-out lié au stress causé par le travail ou encore par les études, le burn-out parental reste, lui, assez méconnu.

    Le burn-out parental a été identifié il y a une dizaine d'années. Ses symptômes sont colère, épuisement, détachement émotionnel, voire même violence envers ses enfants et mal-être généralisé.

    Aujourd'hui, les professionnels de la santé osent petit à petit briser le tabou qui l’entoure. Pour preuve, la récente prise en charge thérapeutique proposée à l’UCL pour les pères et les mères dépassés par leurs enfants.

    Suite à une enquête réalisée sur le sujet, des chercheurs de l’UCL ont mis en avant le fait que 3% à 12 % des parents sondés seraient concernés et ils ont ainsi décidé de proposer aux parents un accompagnement au travers de consultations spécialisées.

    Monsieur le Ministre avait-il connaissance de ce phénomène ?

    Des pistes de réflexion ont-elles ou seront-elles ouvertes face à cette problématique  ?

    Des activités de sensibilisation pourraient-elles voir le jour et être appliquées à l’ensemble de la Wallonie  ?
  • Réponse du 21/12/2016
    • de PREVOT Maxime

    Ce phénomène est loin d’être anodin. Le burn-out parental peut, en effet, selon son degré de gravité, générer diverses conséquences telles que fatigue, pensées noires, sentiments de culpabilité, irritabilité ou encore troubles du sommeil. Dans certains cas extrêmes, ce type de burn-out peut même mener à l’agressivité verbale ou physique, la dépression, voire le suicide. Ces problèmes se répercutent évidemment sur les enfants.

    Concernant les moyens pour lutter contre ce problème, la Région wallonne subventionne depuis de nombreuses années 65 services de santé mentale, répartis sur tout le territoire wallon. Ces services disposent de professionnels et d’équipes spécialisées en soins de santé mentale pour enfants et adolescents, avec la supervision d’un pédopsychiatre.

    L'honorable membre parle de consultations spécialisées, mais, comme tous les problèmes en santé mentale, des consultations psychologiques en face à face ne suffisent pas toujours pour apporter une solution. Selon les cas, il peut être nécessaire d'élargir le champ d'action, c'est-à-dire de travailler :
    - avec l'enseignement, si l'enfant a des problèmes scolaires ;
    - avec le secteur de l'Aide à la jeunesse ;
    - avec le secteur du handicap ;
    - avec l'aide sociale ;
    - ou encore avec les équipes mobiles, s'il est nécessaire d'intervenir à domicile.

    À propos d'élargissement du champ d'action, des réseaux sont en train de se constituer grâce à la nouvelle politique en santé mentale dédiée aux enfants et adolescents, fondée sur les décisions de la Conférence interministérielle Santé publique. Cette nouvelle politique se déploie actuellement sur l’ensemble du territoire wallon de langue française. Elle vise à organiser dans chaque province un réseau coordonné pour répondre aux besoins des enfants et jeunes, mais aussi de leur entourage.

    J'invite l'honorable membre à prendre connaissance sur le site www.psy0-18.be du Guide qui fonde cette nouvelle politique. Il s’agit d’une véritable révolution dans le cadre de laquelle tous les professionnels amenés à fréquenter l’enfant se coordonnent de manière à utiliser les ressources du territoire pour répondre aux besoins, au-delà des murs des institutions, des services, des cadres normatifs et de la répartition des compétences entre entités. Cette dynamique est réalisée sur la base des recommandations de l’OMS, dans le cadre de son plan 2013-2020 dédié à la santé mentale.

    Dans ce contexte, la situation des parents est prise en considération afin de leur permettre de souffler et d’obtenir un soutien pour leur permettre d’exercer leur parentalité dans les meilleures conditions de bien-être, le bien-être des parents conditionnant bien sûr celui de l’enfant. Chaque réseau doit d'ailleurs compter en son sein des représentants des usagers et des familles. Le réseau intègre toutes les fonctions requises : détection précoce, screening et orientation, diagnostic, traitement, inclusion dans tous les domaines de vie, échange et valorisation de l’expertise.

    En application de cette nouvelle politique, j’ai mis en place avec mes collègues en charge de la jeunesse, de l’enfance et de l’enseignement, un Comité de pilotage institutionnel francophone qui se réunit, avec les Administrations respectives, au sein de mon Cabinet pour définir les actions menées par chacun en vue de contribuer à tous les niveaux à l’atteinte des objectifs fixés.

    En effet, il serait incohérent d’exiger des acteurs de terrain de se coordonner alors que les décideurs institutionnels ne le font pas. Je ne cache pas qu’il s’agit d’une initiative innovante et donc soumise à des difficultés de mise en œuvre. Mais, plusieurs acteurs autour de la table ont déjà pu utiliser l’expertise qu'ils ont acquise dans le cadre du « Jardin pour Tous », lequel résulte d’une collaboration étroite entre l’ancienne Agence AWIPH et l’aide à la jeunesse, avec le soutien du secteur de la santé mentale.

    L’ensemble de ce dispositif est susceptible d’apporter aux parents en situation de burn-out non seulement une réponse concertée entre les acteurs de l'aide et du soin, mais aussi de prévenir les futurs problèmes grâce à une prise en compte des différents aspects des difficultés parentales.