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Les maladies et infections en recrudescence

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 311 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 08/12/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Dans de grandes villes françaises, les autorités sanitaires ont constaté une recrudescence du scorbut. Cette maladie, que l'on pensait disparue, peut survenir après trois mois seulement de carence en vitamine C et est potentiellement mortelle.

    Selon des professionnels de la santé, les médecins ne pensent pas souvent à la carence en vitamine C, ce qui rend le diagnostic difficile. Au sein de certains groupes comme les personnes en grande précarité (sans-abri), alcooliques ou particulièrement désocialisées, incapables ou ne prenant pas ou plus la peine d'avoir une alimentation suffisamment variée, le risque semble davantage connu. Mais d'autres cas étonnent, comme certaines (certes rares) personnes qui ont une alimentation quasi exclusivement composée de fast food et qui ont développé la maladie.

    Si une carence débouche rarement sur le scorbut, certains médecins estiment qu'au moins un tiers de la population (française) a un déficit en vitamine C, ce qui augmente notamment les risques de maladies neurodégénératives (cardio-vasculaires, cancers, etc.).

    Si le scorbut est ici mis en évidence, d'autres recrudescences de maladies ou infections sont redoutées, voire confirmées, dont notamment certaines IST (syphilis), la gale, la coqueluche, etc.

    Par conséquent, Monsieur le Ministre peut-il faire le point de manière exhaustive sur les maladies et infections qui sont en recrudescence en Région wallonne ? Quelle est leur évolution de manière chiffrée au cours des dernières années ?

    De quelles données dispose-t-on concernant le profil sociologique des personnes touchées par ces maladies et infections ?

    Des actions ciblées nouvelles sont-elles ou peuvent-elles être entreprises sur les groupes à risque ?

    Un plan d'action visant ces maladies et infections en recrudescence est-il à l'étude ?
  • Réponse du 27/12/2016
    • de PREVOT Maxime

    Il existe plus de 14.000 codes issus de la « classification internationale des maladies » (CIM-10) pour classer les maladies, signes, symptômes et causes externes de maladies. Il est donc tout à fait impossible de faire le point de manière exhaustive sur les maladies et infections qui pourraient être en recrudescence que ce soit en Région wallonne ou partout ailleurs.

    Les « recrudescences » de maladies concernent le plus souvent des maladies infectieuses, mais on remarque cependant depuis quelques années dans certains pays une augmentation du nombre de cas de certaines maladies non transmissibles comme le scorbut, la goutte ou encore le rachitisme. Ces maladies sont en général associées à une mauvaise alimentation qui touche souvent les populations les moins favorisées.

    Pour les personnes vivant en situation d’exclusion ou dans des conditions précaires, il est souvent difficile, voire impossible de cuisiner des repas sains, variés, riches en légumes et en fibres ou de consommer des fruits. On sait que ces publics sont plus exposés à une alimentation trop riche en graisse, en sucre et en sel et que cela engendre des maladies chroniques bien connues comme le diabète, l’hypertension et les maladies cardio-vasculaires, mais cela peut aussi être à l’origine de maladies comme la goutte ou de maladies dues à des carences comme le scorbut.

    Il y a certainement d’autres maladies devenues rares ou rarissimes qui augmentent en fréquence à cause des changements dans notre mode de vie. Toutefois, en Wallonie, notre mode de vie plus sédentaire et notre alimentation moins diversifiée et équilibrée provoquent surtout une augmentation du nombre de pathologies comme les maladies chroniques citées plus haut (diabète, maladies cardio-vasculaires…) et de la mortalité liée à ces maladies.

    Pour ce qui concerne les maladies infectieuses, on note depuis plusieurs années une augmentation de certaines infections sexuellement transmissibles et de certaines maladies à prévention vaccinale.

    Depuis une dizaine d’années, l’infection à chlamydia qui est l’IST la plus fréquente en Région wallonne est en augmentation. Le nombre de cas enregistrés est passé de 163 cas en 2002 à 946 cas en 2015, ce qui correspond à une augmentation de l’incidence rapportée de 4,8/100.000 habitants en 2002 à 26,3/100.000 habitants en 2015. Depuis 2011, cette augmentation importante d’infections à Chlamydia a été rapportée aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Pour cette année, l’incidence de cette infection était la plus élevée chez les femmes âgées de 20 à 24 ans.

    Depuis 2002, la gonorrhée présente également une tendance à la hausse. Le nombre de cas enregistrés en Wallonie est passé de 29 cas en 2002 à 162 cas en 2015, soit une augmentation de 0,9/100.000 habitants en 2002 à 4,5/100.000 habitants en 2015.

    La gonorrhée a principalement été observée chez les hommes de 20 à 34 ans. Il est à noter que le nombre de cas de gonorrhées prédomine chez les femmes pour la catégorie d’âge des 15 à 24 ans.

    Chez les femmes de 20 à 24 ans, il y a une augmentation significative de cas rapportés depuis 2011.

    La syphilis a aussi connu une augmentation continue du nombre de cas, avec 2 cas en 2002 (0,1/100.000 habitants) et 119 cas en 2014 (3,3/100.000 habitants). En 2015, il y a 95 cas rapportés (2,6/100.000 habitants). Les cas de syphilis sont surtout observés chez les hommes âgés de 20 à 60 ans.

    En ce qui concerne les maladies à prévention vaccinale, depuis plusieurs années, le nombre de cas de coqueluche est plus élevé : selon les données épidémiologiques disponibles pour la Région wallonne et l’ensemble de la Belgique, la coqueluche est en augmentation depuis 2011 sur l’ensemble du pays. En Wallonie, l’incidence des cas déclarés auprès de la cellule de surveillance parmi les enfants de moins de un an a atteint, en 2014, 181 cas pour 100.000 habitants, ce qui est très élevé. Si l’incidence a diminué en 2015 pour la Région wallonne (477 cas déclarés), elle a continué à augmenter dans les autres régions du pays.

    En 2016, pour les trois premiers trimestres de l’année, la cellule de surveillance des maladies infectieuses a reçu 562 déclarations de cas de coqueluche pour la Région wallonne, dont 38 déclarations concernaient des enfants de moins une année.

    Autre maladie à prévention vaccinale, la rougeole est présente chaque année en Région wallonne : 3,6 cas par 100.000 habitants ont été notifiés en 2015, majoritairement sous forme de petits foyers d’épidémies touchant principalement les familles qui sont contre la vaccination. Cette maladie n’est pas à proprement parler en recrudescence, mais persiste au sein de notre population alors que l’objectif de l’OMS est d’éradiquer cette maladie.

    Pour ce qui concerne le profil sociologique des personnes touchées par les maladies non transmissibles, il est donc malheureusement souvent le même, et les groupes les plus à risques sont les personnes les plus défavorisées ou victimes d’exclusion sociale. Les relais-santé participent pour l’instant à une collecte de données sur les profils sociologiques et sur les pathologies que rencontre leur public. L’Observatoire wallon de la santé se chargera d’analyser ces données pour que l’on connaisse mieux ce public et ses besoins.

    C’est en luttant contre la pauvreté et l’exclusion sociale, en aidant les gens à mieux gérer leur santé, donc en travaillant sur les déterminants de la santé et les inégalités sociales qu’il sera possible d’améliorer la santé de la population wallonne et de diminuer la mortalité et la morbidité liées aux maladies chroniques.

    Un plan global de prévention et de promotion de la santé sera présenté prochainement auprès du Gouvernement wallon.

    Ce Plan prévoit des axes d’actions prioritaires de santé publique choisis en fonction de l’importance du problème de santé (prévalence/incidence), de sa gravité (en termes de mortalité), de ses possibilités d’éviction ou de réduction par la prévention et des leviers possibles en Wallonie.

    Parmi les axes stratégiques proposés se retrouvera la prévention des maladies infectieuses dont les actions concrètes seront identifiées dans un second temps.