/

L'analyse du taux de chômage en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 79 (2016-2017) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 08/12/2016
    • de NICAISE Marie-Françoise
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Le taux de chômage des jeunes reste très élevé au sud du pays (32,2 %), près du double du taux de chômage des jeunes en Flandre (15,2 %).

    Ce constat est interpellant et m’amène à me demander quels sont les facteurs qui différencient à ce point l’emploi des jeunes d’une Région à l’autre. Ne devrait-on pas observer ce qui est mis en place en termes de politique d’emploi des jeunes chez les Flamands  ? Est-il judicieux de comparer le taux de chômage chez les jeunes wallons avec celui des jeunes flamands  ?

    J’observe également que le taux de chômage des plus âgés est relativement faible (7,1 %). Cette tranche d’âge constitue l’un des groupes-cible de la réforme de Madame la Ministre et des mesures spécifiques sont prévues afin de limiter le chômage des 55 ans et plus. C’est également le cas pour les jeunes pas ou peu qualifiés qui constituent également un groupe-cible de la réforme.

    Quels sont les mécanismes en place pour freiner le chômage des personnes appartenant à la tranche intermédiaire, la plus importante, à savoir les 25 ans à 49 ans ?
  • Réponse du 19/01/2017
    • de TILLIEUX Eliane

    Tout d’abord et, pour rappel, quelle que soit la situation conjoncturelle, les jeunes ont tendanciellement plus de difficultés à s’insérer, et d’autant plus de manières durables, sur le marché de l’emploi. Le manque d’expérience ainsi qu’une moins grande maîtrise des techniques de recherche d’emploi étant des facteurs jouant en leur défaveur.

    Ainsi, entre la sortie des études et l’accès à un emploi stable correspondant à leurs attentes, les jeunes effectuent généralement un parcours « accidenté », jalonné d’emplois à durée déterminée, à temps partiel ou soutenus par des aides publiques, inévitablement alternés avec des épisodes de chômage. De plus, leur faible ancienneté sur le marché du travail en fait un public particulièrement fragile lors des fluctuations conjoncturelles: en période de récession, les actifs les plus récents, plus souvent sous contrat temporaire que leurs aînés et bénéficiant de moins d’expérience, sont ceux dont les entreprises se séparent le plus rapidement.

    A contrario, les jeunes chômeurs accèdent plus rapidement à un emploi que leurs aînés. À titre d’exemple, selon les données de l’EFT pour la Belgique en 2015, 27 % des demandeurs d’emploi de 15-24 ans ont trouvé un emploi dans les trois mois, 48 % dans les six mois, et 64 % dans l’année ; les indicateurs correspondants pour la catégorie des 25-49 ans s’élèvent à 20 %, 34 % et 49 %. Ces résultats se situent dans la moyenne européenne (UE-28).

    Considérant ces éléments, il va de soi que les jeunes constituent un public qui demande une attention toute particulière, et ce d’autant plus à la sortie des études où le diplôme obtenu demeure leur principal atout pour débuter dans la vie active.

    La comparaison entre régions ou entre pays, doit toujours se faire avec prudence, car souvent la structure de la population, de l’économie ou le contexte conjoncturel diffèrent.

    Ainsi, selon les enquêtes sur les forces de travail, le taux de chômage des jeunes est de 32,2 % en Wallonie contre 15,2 en Flandre. Néanmoins, ce taux doit être mis en perspective par rapport au taux de chômage global de chaque région. Ainsi, il est en Flandre, tout comme en Wallonie, près de trois fois supérieur parmi les jeunes que pour l’ensemble de la population : 15,2 % chez les jeunes Flamands contre 5,2 pour l’ensemble des chômeurs flamands et de 32,2 % chez les jeunes Wallons contre 12 % au total.

    Taux de chômage 2015 Jeunes Total
    Wallonie 32,2 % 12,0 %
    Bruxelles 36,2 % 17,5 %
    Flandre 15,2 % 5,2 %
    Belgique 22,1 % 8,6 %

    En Wallonie, 43 % des jeunes demandeurs d’emploi inoccupés (D.E.I.) sont faiblement qualifiés. La Flandre se distingue des deux autres régions par un plus faible pourcentage de jeunes D.E.I. peu qualifiés, mais aussi par un pourcentage moindre de jeunes inoccupés de très longue durée (plus de 2 ans). Ainsi, seuls 7 % des jeunes D.E.I. flamands sont faiblement qualifiés et inoccupés depuis plus de 2 ans contre 11 % à Bruxelles et 10 % en Wallonie.

    Or, le marché de l’emploi recherche de plus en plus de personnes qualifiées. En effet, plusieurs études, dont les analyses du FOREm sur les « Métiers d’avenir pour la Wallonie (https://www.leFOREm.be/chiffres-et-analyses/prospectives-secteurs-metiers-competences.html) », attestent d’un besoin croissant des entreprises en personnel qualifié.
    Par ailleurs, concernant l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi âgés de moins de 25 ans en Wallonie, on observe, depuis 2013, une décrue de la demande d’emploi parmi ce public. Cette tendance baissière parmi les jeunes a débuté bien avant le recul global de la demande d’emploi observé depuis plus de deux ans et avant la mise en œuvre des différentes mesures sur les fins de droits et d’accès aux allocations d’insertion de 2015.

    Enfin, l’analyse de l’évolution de ce public en Flandre et en Wallonie montre une tendance inverse dans les deux régions au cours de ces 10 dernières années. Ainsi la tendance est orientée à la baisse en Wallonie et à la hausse en Flandre Ainsi, fin novembre 2006, il y avait 65.361 jeunes DEI en Wallonie contre 40.555 en Flandre. Fin novembre 2016, ils sont 46.696 en Wallonie contre 44.406 en Flandre.

    Plusieurs raisons peuvent expliquer cette diminution en Wallonie :
    - une embellie conjoncturelle observée depuis 2013, qui est favorable à l’emploi jeune ;
    - une reprise de l’activité intérimaire observée en 2014, 2015 et qui se poursuit en 2016 etstimule l’emploi des jeunes ;
    - un nombre de jeunes de moins de 25 ans inscrits pour la première fois après leurs études qui tend à diminuer ces dernières années ce qui traduirait une arrivée plus tardive de ce public sur le marché de l’emploi ;
    - un public ciblé prioritairement par les mesures d’accompagnement individualisé spécifique se traduisant, notamment, par une accroche rapide. Pointons également la « Garantie pour la jeunesse », le renforcement du plan Activa depuis juillet 2013 au niveau fédéral ainsi que les différentes aides à l’emploi spécifiques à ce public et mises en place dans le cadre du Pacte pour l’Emploi.

    Outre ces mécanismes spécifiques mis en place pour freiner le chômage, le FOREm renforce ses mesures de soutien (conseil, accompagnement, …) aux personnes en recherche d’emploi pour les stimuler à utiliser tous les leviers et opportunités disponibles dans le cadre de leur parcours vers l’emploi.

    Ainsi, depuis 2010, le FOREm propose un dispositif d’accompagnement individualisé. Cet accompagnement vise à ce que chaque demandeur d’emploi bénéficie d’une offre de service adaptée à son besoin. Si certaines dispositions visent à intensifier cet accompagnement, notamment pour les jeunes, tous les demandeurs d’emploi sont soutenus dans leur recherche d’emploi. Cet accompagnement étant personnalisé, la teneur des actions est adaptée à la situation personnelle des demandeurs d’emploi. Même si l’âge des demandeurs d’emploi est un facteur important dans le cadre de leur parcours de réinsertion, des facteurs tels que la qualification ou le ou les métiers que la personne est en capacité d’exercer, la confiance, … sont prépondérants dans le processus de recherche.

    Les plans d’actions des demandeurs d’emploi sont extrêmement variés et contiennent des transmissions d’offres, des actions de formations, d’orientation, d’aide à la recherche d’emploi, d’essais-métiers, de validation de compétences, de remise à niveau, de stages en entreprises, de formations alternées, …

    Enfin, la réforme des aides à l’emploi, concertée avec les partenaires sociaux dans le cadre du Pacte pour l’Emploi et la Formation cible la tranche d’âge des 25-55 ans via deux mesures en particulier : l’activation des chômeurs de plus de 12 mois et le dispositif SESAM.