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Le nombre croissant de SDF mineurs

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 316 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 09/12/2016
    • de KILIC Serdar
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Si, pour nombre d'entre nous, ce sont les fêtes qui s'annoncent, pour d'autres, en revanche, c'est une pénible et dangereuse période qui commence, particulièrement pour les personnes sans abri.

    Ce 1er novembre, le Relais social de la Ville de Charleroi a lancé son plan hivernal. Mais malgré cela, on estime déjà que des dizaines de personnes dormiront en rue.

    Parmi elles, on dénombre de plus en plus de jeunes et, fait très inquiétant, les acteurs sociaux de première ligne constatent qu'elles sont de plus en plus jeunes.

    On parle même de mineurs qui passeront l'hiver dans ces conditions inhumaines.

    Au cours des dernières années, le Gouvernement wallon a pris différentes mesures afin de faire face à l'amplification du phénomène et l'augmentation de SDF.

    Malheureusement, on constate que le problème n'est pas endigué et, plus préoccupant, que de nouvelles catégories de sans-abris émergent.

    Face à ce nombre croissant de jeunes, parfois mineurs, qui aboutissent à la rue, quelles actions spécifiques peuvent-elles être envisagées ? L'administration de Monsieur le Ministre est-elle tenue informée de ces nouveaux phénomènes et, si oui, comment compte-t-elle réagir ?
  • Réponse du 21/12/2016
    • de PREVOT Maxime

    Les relais sociaux tiennent compte de leur réseau local pour développer des réponses adaptées à l'augmentation de la précarité.

    Ainsi à La Louvière, les services de première ligne n'accueillent pas de mineurs seuls (un seul cas sur les 3 dernières années). Certains services accueillent des familles. Leur nombre diminue d'année en année et représente un très faible pourcentage.

    Le séjour de ces familles est de plus en plus court, car celles-ci sont rapidement orientées vers des structures plus adéquates.

    Par contre, depuis plus de 4 ans, le Relais social observe une augmentation des jeunes (18/24 ans) sans abri au sein des dispositifs d'aide à bas seuil. Actuellement, il lance une étude sur cette thématique qui reprend les axes suivants:
    1) l'élaboration d'un état des lieux, objectivant les constats et dégageant la tendance quantitative de ce public;
    2) l'organisation d'une conférence en présence de spécialistes en matière de jeunesse en errance ainsi que l'ouverture à d'autres professionnels pour réfléchir à des pistes concrètes;
    3) une enquête sur le terrain afin de rencontrer ces jeunes et d'explorer leurs propres représentations par le récit de vie ;
    4) la constitution d'un rapport final avec des pistes d'actions concrètes.

    En 2014, les services recensaient 75 « 18/24 ans » et en 2015, 79. Ces jeunes présentent des problématiques complexes:
    - problèmes de consommation et d'assuétude;
    - absence de motivation dans la réalisation de démarches sociales et administratives;
    - difficultés comportementales se traduisant par la violence physique et/ou verbale
    (entraînant dès lors des sanctions) ;
    - troubles liés à la santé mentale rendant difficile la pratique d'un travail social d'accompagnement et d'orientation.

    Ce public devient de plus en plus difficile à gérer pour les intervenants, se trouvant dépourvu de moyens et d'outils pour travailler de manière adéquate et pertinente avec ces jeunes.

    Lors du colloque sur la notion des jeunes en errance, quelques pistes de travail ont pu être dégagées lors des ateliers:
    - la nécessité d'éviter au maximum les ruptures institutionnelles en préparant les jeunes à l'autonomie;
    - l'encouragement d'un travail de médiation familiale afin de limiter les ruptures familiales;
    - la mise en place d'un projet de parrainage entre ces jeunes et des personnes plus âgées
    ayant un peu de temps libre;
    - l'amélioration de la communication entre les institutions.

    À Charleroi, les services distinguent « les jeunes adultes » (tranche d'âge « 18/25 ans »), des mineurs non accompagnés de leur(s) parent(s). Ces derniers sont rencontrés de manière très exceptionnelle dans les services. Ceux accompagnés de leurs parents sont pris en charge, pour les nuits, par l'abri de nuit du Triangle (en 2015, prise en charge de 89 mineurs) et le Dispositif d'Urgence Sociale.

    La catégorie des 18/25 ans est en revanche très présente au sein des services. Depuis deux ans, la proportion de cette tranche d'âge est en légère augmentation (+2 %) : 20 % à l'accueil de jour et 17 % à l'abri de nuit Dourlet.

    Le Relais social de Charleroi constate une surestimation du nombre « 18/25 ans », par les travailleurs sociaux. Ceci s'explique par le fait que ces jeunes gens présentent régulièrement des demandes multiples, il s'agit souvent de personnes qui ont peu d'autonomie et pour lesquelles un accompagnement intensif s'avère nécessaire. Beaucoup ont un passé institutionnel dans l'aide ou la protection de la jeunesse. Le constat est que la transition aide à la jeunesse-majorité se fait trop régulièrement en passant par les services de grande précarité.

    Un autre motif de leur surestimation par les travailleurs sociaux est qu'une part de ces jeunes se rassemblent et font preuve de comportement agressif, voire violent.

    Des initiatives se mettent en place pour faciliter l'insertion des jeunes. Le Kot Tremplin a été créé par l'ASBL Relogeas et une initiative de l'ASBL Solidarités Nouvelles est en projet. Les deux ont en commun de proposer une chambre et un accompagnement visant l'insertion.

    À Liège, des actions ou mesures spécifiques sont mises en œuvre.

    Le CPAS de Liège a ouvert une antenne jeunes (- de 25 ans), qui a créé une plate-forme réunissant les intervenants jeunesse sur le territoire. Les objectifs sont d'améliorer la communication et la coordination / l'interaction des projets et mesures mis en œuvre à leur bénéfice.

    Une rencontre spécifique entre le Relais Social et l'Aide à la Jeunesse (SAIE + AMO) est organisée pour échanger des constats et observations: soutien à la mesure autorisant les AMO à un suivi des situations jusqu'à 25 ans, examen des possibilités d'améliorer l'échange d'informations « autorisées » (hors secret professionnel ou partagé).

    Entre le PCS, le Relais social et le CPAS une plate-forme s'est créée visant à mieux préparer la sortie des institutions (en ce compris les institutions AAJ) avec des outils disponibles, formations et l'organisation d'une réflexion sur le phénomène des NEETs.

    Pour le Relais social de Liège, les pistes d'action seraient de :
    - créer des passerelles effectives AAJ - institutions de prise en charge pour adultes;
    - examiner la possibilité de créer des structures d'accueil adaptées aux 18-25.

    À Namur, il n'y pas d'évolution majeure du phénomène. Les projets Housing First, capteur logement et posthébergement permettent l'hébergement des personnes, dans une perspective annuelle et non saisonnière.
    Sur Verviers, on ne constate pas une augmentation du nombre de mineurs sdf en rue. L'offre de logement pouvant, actuellement, permettre l'accueil des usagers, personne ne dort en rue.

    Les mineurs sans abri sont majoritairement accompagnés d'au moins un de leur parent et sont hébergés en centre d'accueil, ou s'ils ne sont pas accompagnés, orientés et pris en charge par les services adaptés de l'aide à la jeunesse.