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L’insertion des "NEET" sur le marché de l’emploi

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 83 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 09/12/2016
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    La part des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en enseignement (NEET), s’élève à 19 % des jeunes de la tranche d'âge des 18-24 ans. Parmi ces NEET, environ la moitié détient au moins un diplôme du secondaire supérieur.

    On sait qu'une part de ces jeunes est probablement récemment sortie des études et est au début du processus de recherche d’emploi. On sait, par ailleurs, que 8 % des NEET n’en recherchent pas.

    Qu’est-il mis en place pour tenter d’insérer ces jeunes qui gravitent en dehors du circuit scolaire ou professionnel  ? Existe-t-il des actions de sensibilisation pour tenter de les avertir des difficultés d’accès au marché de l’emploi avec une faible qualification  ? Si oui, quelles sont-elles  ? Sont-elles prises à l’initiative du FOREm  ? Des ASBL spécialisées dans l’insertion des NEET existent-elles  ?

    De quelle manière est-il possible de les atteindre, étant donné qu’ils vivent hors de tout circuit scolaire ou professionnel  ?

    Madame la Ministre a-t-elle des chiffres concernant les insertions réussies des NEET dans le circuit professionnel ?
  • Réponse du 20/01/2017
    • de TILLIEUX Eliane

    Les jeunes de 15 à 24 ans « inactifs » au sens statistique, et en dehors de tout parcours scolaire ou de formation continue sont très exposés au risque d’exclusion socioprofessionnelle. L’enjeu est, d’une part, de « ré-accrocher » ces jeunes et, d’autre part, de leur transmettre les compétences transversales et de base.

    En Belgique, Eurostat estime cette population à plus de 160.000 jeunes âgés de moins de 25 ans. En Wallonie, ils seraient environ 66.500. Le taux de NEET rapporte ces personnes à la population de référence (souvent les 15-24 ans). En termes de rang, la Belgique est 15e sur 28 pays, avec 15,5 %. La moyenne européenne s’élevant à 16,1 %. Précisons que les méthodes de calcul des NEETS peuvent parfois différer entre pays.

    L’OCDE rappelle que la part de NEETS est liée au niveau de qualification de la population et des demandeurs d’emploi. Or, le niveau de qualification moyen des jeunes qui quittent le système scolaire est inférieur en Wallonie par rapport au nord du pays ou à d’autres régions européennes.

    C’est notamment la raison pour laquelle, dans le cadre de la « Garantie Jeunesse », j’ai chargé le FOREm de piloter et coordonner la mise en œuvre, au niveau wallon, du plan visant la prévention du décrochage scolaire, l’amélioration de la capacité d’insertion professionnelle des jeunes et la suppression d’obstacles concrets à l’emploi.

    Les principaux leviers actionnés sont les suivants :

    1) Les Centres d’Insertion socioprofessionnelle interviennent en amont, sur les problématiques sociales et professionnelles, auprès des publics les plus fragilisés, notamment les jeunes en difficulté, qui connaissent des parcours difficiles ou ponctués d’échecs. Ils travaillent en outre sur la remédiation au manque de qualifications et d’expériences professionnelles, tout en accompagnant leurs publics dans la recherche de solutions à leurs difficultés financières, de logement ou de santé.

    Les Missions régionales pour l’emploi (MIRE), quant à elles, interviennent en aval de ces acteurs de la préqualification et jouent un rôle d’intermédiation entre ces publics fragilisés et le monde du travail. Les opérateurs d’acculturation numérique et d’alphabétisation jouent également ce rôle.

    2) En ce qui concerne les bénéficiaires du revenu d’intégration ou de l’aide sociale et les collaborations structurelles entre opérateurs d’insertion socioprofessionnelle, d’emploi et de formation, j’ai proposé au Gouvernement, le 30 juin dernier, d’approuver la nouvelle convention-cadre entre la Fédération des CPAS, le FOREm et la Wallonie. Cette convention, qui actualise celle conclue en 2005, tient compte des évolutions des publics fragilisés et, notamment, des jeunes NEETs.

    3) Par ailleurs, pour prévenir le décrochage scolaire et les parcours « culs-de-sac », j’ai souhaité que soit lancé, dans le cadre du plan Marshall4.0, le dispositif multipartenarial unique d’orientation tout au long de la vie, à partir des 3 Cités des métiers wallonnes, intégrant les Carrefours Emploi Formation Orientation. Ce dispositif permettra, notamment, aux jeunes de poser des choix positifs en matière de cursus scolaire et professionnel, et d’orienter les publics fragilisés vers des niches identifiées ou anticipées en matière d’emploi.

    4) En concertation avec mes collègues de la Fédération Wallonie-Bruxelles, j’ai également souhaité soutenir la certification des qualifications ainsi que la validation des compétences, qui permettent de prendre en considération les compétences et capacités acquises sur le terrain, ou de manière non formelle et informelle.

    5) Concernant précisément l’offre de service structurelle du FOREm, qui a comme fil conducteur l’accompagnement personnalisé, celle-ci a été adaptée pour s’articuler autour de cinq volets, allant de l’accroche et la sensibilisation des jeunes, jusqu’à la mise à l’emploi, en passant par l’orientation et la promotion des métiers d’avenir, la formation professionnelle et la proposition de stages en entreprise. Les prestations d’accompagnement ont fait l’objet d’une adaptation pour offrir aux jeunes, de manière systématique, et dans les premiers mois de l’inscription, une activation (un stage, une formation ou un emploi), et ce, pour éviter l’enlisement et la perte de compétences. Le FOREm a d’ores et déjà initié une modulation de l’intensité et du mode d’accompagnement en fonction du profil du jeune. Ainsi le site « jeunes » du FOREm est spécifiquement dédicacé à ces publics et à leurs besoins spécifiques.

    En outre, pour soutenir le plan Garantie jeunesse dans son opérationnalisation, la Wallonie a pris l’option d’intégrer « l’Initiative pour l’Emploi des Jeunes » (IEJ). Cette initiative constitue un incitant financier spécifique pour les zones les plus durement touchées par le chômage des jeunes (à savoir, pour la Wallonie, les Provinces du Hainaut et de Liège), au programme opérationnel du Fonds Social européen, et ce, afin d’adopter une stratégie globale et cohérente des actions.

    La trentaine de projets initiés dans ce cadre intègrent différents porteurs de projet, ainsi que de très nombreux opérateurs et partenaires, pour un total de 86,1 millions d’euros. Parmi les porteurs de projet figurent, notamment, le FOREm et l’IFAPME, mais aussi de nombreux CPAS, des MIRE, des Centres de Compétence, des CISP, des opérateurs de la jeunesse … À partir de cette dynamique, de nombreux partenariats et synergies ont été développés entre différents opérateurs visant, d’une part, le soutien des jeunes plus fragilisés, davantage exposés au risque de décrochage et d’exclusion, et d’autre part, le « raccrochage » des jeunes NEET.

    Afin d’assurer une coordination et une concertation entre l’ensemble des opérateurs impliqués sur le territoire wallon dans la mise en œuvre de la Garantie jeunesse et de l’Initiative Emploi Jeune, de maximaliser les synergies et de fluidifier la récolte d’informations et le rapportage de l’ensemble des initiatives menées en Wallonie, le Gouvernement a mis en place, à mon initiative, un Comité de Pilotage « Garantie jeunesse ». Celui-ci a entamé ses travaux dès 2015 dans une dynamique constructive et de collaboration.