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La pénurie de médecins pratiquant l'interruption volontaire de grossesse dans les centres de planning

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 342 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 15/12/2016
    • de MORREALE Christie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Devant les montées conservatrices et la contestation de plus en plus fréquente du droit à disposer de son corps, cette question est l'occasion pour moi de réaffirmer ma position. Cette liberté que l'on pensait acquise est sans cesse réfutée et mise en danger.

    Alors qu'environ 80 % des avortements répertoriés annuellement sont pratiqués dans les centres extrahospitaliers, on ne dénombrerait qu'environ 80 généralistes qui acceptent de pratiquer l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en centres extrahospitaliers wallons. De plus, la majorité serait âgée de plus de 55 ans.

    Ce constat n'est pas nouveau, Dominique Roynet, chargée de cours et maître de stage au département de médecine générale de l'ULB, le dresse depuis des années. Les jeunes médecins souhaitant suivre cette formation sont très peu nombreux, voire inexistants. Or pratiquer des avortements nécessite une formation technique, mais aussi relationnelle, essentielle pour la prise en charge des femmes. Cette position est également partagée par des associations féministes, des plannings familiaux et le Groupe d'action des centres extra hospitaliers pratiquant l'avortement (Gacehpa).

    Monsieur le Ministre a-t-il déjà eu l'occasion de les rencontrer afin de discuter de ce problème précis ?

    La situation du centre de Planning Willy Peers à Namur semble également critique ; alors qu'un rendez-vous sur deux concerne une demande d'IVG, le délai pour une simple consultation est minimum de 3 à 4 jours ouvrables.

    Devant ce constat, je souhaite connaître les ambitions de Monsieur le Ministre dans ce domaine. Si la formation des praticiens dépend partiellement des compétences de son collègue ministre de l'Enseignement supérieur, qu'envisage-t-il pour pallier ces manquements ? Monsieur le Ministre a-t-il des contacts avec les autres niveaux de pouvoirs concernés afin d'évoquer cette problématique ? Son administration partage-t-elle le constat développé sur le terrain ? Comment entend-il encourager les médecins à se tourner vers la pratique en planning ?
  • Réponse du 21/12/2016
    • de PREVOT Maxime

    À l’heure actuelle, il existe en Wallonie, 71 centres de planning et de consultation familiale et conjugale agréés, dont 17 pratiquent l’interruption volontaire de grossesse. Si le Code wallon de l’Action sociale et de la Santé autorise la pratique de l’IVG au sein des centres, cette activité n’y est cependant pas obligatoire.

    Mais ce Code prévoit également que : « Le centre doit recevoir toute personne d’où qu’elle vienne, à charge éventuellement de l’orienter, si la personne l’accepte, vers un centre ou un service mieux adapté à ses besoins. »

    Selon les renseignements transmis par les centres à l’administration, un peu moins d’une centaine de médecins exercent leurs activités dans les 17 centres pratiquant l’interruption volontaire de grossesse. L’activité, quant à elle, semble être stable sur les dernières années.

    Des échos qui remontent du secteur vers l’administration, les difficultés à recruter des médecins commenceraient en effet à se faire sentir dans ce secteur et notamment dans les centres IVG.

    De manière générale, la pratique médicale en centre de planning ne relève pas du financement de la Région wallonne, mais de l’INAMI. L’interruption volontaire de grossesse se pratique dans le cadre de conventions que les centres ont négociées avec l’INAMI. Il ne m’appartient pas de me prononcer sur le fait de savoir si les médecins sont ou ne sont pas bien rémunérés. Quant à la formation de ceux-ci, elle dépend en effet du Ministre de l’Enseignement supérieur.

    Sachant que la pénurie ou la future pénurie de médecins ici mise en avant n’est pas spécifique aux centres de planning, les Fédérations de centres ainsi que le Gacehpa sont des acteurs privilégiés pour mieux faire connaître les secteurs du planning familial et de l’IVG extrahospitalière auprès des milieux médicaux et universitaires afin d’attirer de nouveaux prestataires.