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La stratégie de l'Union européenne à l'horizon 2020 en matière de politique de l'emploi

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 92 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 20/12/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    De 2008 à 2014, le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale dans l'UE-27 est passé de 116 à 121 millions. Ces chiffres révèlent que le phénomène a touché près d'une personne sur quatre dans l'UE-27 entre 2011 et 2014. Cette hausse est principalement attribuée à la crise économique de 2008 et à la récession qui s'en est suivie dans la plupart des États membres.

    Les statistiques sur le revenu, l'inclusion sociale et les conditions de vie utilisées afin d'assurer le suivi de la stratégie Europe 2020, en particulier à travers sa cible majeure relative à la réduction de la pauvreté, passe – à mes yeux - entre autres par une politique de formation et de qualification plus efficace menant vers des emplois de qualité et garantissant un revenu suffisamment stable.

    L'instrument EU-SILC (statistiques européennes sur le revenu et les conditions de vie) rassemble des microdonnées multidimensionnelles comparables sur : le revenu, la pauvreté, l'exclusion sociale, le logement, le travail l'éducation la santé. D'autres données sur les conditions de vie peuvent être trouvées dans d'autres domaines, notamment les statistiques de population, de santé, d'éducation, de formation, ainsi que de marché du travail.

    Il faut mener la comparaison - pour aborder la question sous l’angle de vue de l’emploi - à l’aide de quelques indicateurs-clefs tels que le taux d’occupation et l’exclusion scolaire et le manque de qualification qui s’ensuit par rapport aux autres régions d’Europe ainsi que par rapport aux objectifs que s’est fixés l’UE.

    En 2008, le taux d'emploi dans l'UE chez les 20-64 ans a culminé à 70,3 %, après une période de progression stable. Les années suivantes, la tendance s'est inversée, en raison de l'effet négatif de la crise économique sur le marché du travail européen.

    En 2014, le taux affichait un écart de 5,8 points de pourcentage par rapport à l'objectif, fixé par la stratégie Europe 2020, de faire passer le taux d'emploi dans cette tranche d'âge à au moins 75 %.

    Où en est-on au stade actuel par rapport aux autres Régions ayant un passé industriel comparable au nôtre ? Quel est l’écart que l'on affiche actuellement par rapport à l’objectif Europe 2020 ? Je ne demande pas de statistiques hyperprécises, mais d'indiquer si l'on a une chance de rattraper l’objectif indiqué endéans le temps qui est imparti, notamment eu égard au compromis trouvé au moment de la sixième réforme de l’État (à savoir, au moment où après 10 ans, les flux financiers du nord vers le sud s’arrêtent).

    Le taux des « jeunes ayant quitté prématurément le système d'éducation et de formation » est mesuré par la part des 18-24 ans disposant d’un niveau d'étude trop bas et qui ne poursuit ni études, ni formation. Ce taux affiche un recul constant depuis 2008, tant pour les hommes que pour les femmes. En 2014, il s'établissait à 11,2 %, contre 14,6 % en 2008.

    L'Europe progresse de façon constante vers son objectif principal dans ce domaine pour 2020, qui est de réduire le taux de jeunes en décrochage scolaire à moins de 10 %.

    Où en est-on ? Le fait qu’autant de jeunes de 15 ans sont si faibles concernant les compétences en lecture en mathématiques et en sciences naturelles ne nous expose-t-il pas au risque de ne pas savoir comment les intégrer dans le marché de l’emploi une fois qu’ils quittent l’école ? Qu’en est-il de leur employabilité dans une économie où l’on recherche d’autres profils de qualification et où il faut être compétitifs en termes d’employabilité ? Est-ce que ce ne sont pas les futurs demandeurs d’emploi sans beaucoup de perspectives dans une économie de plus en plus numérique ?

    Pour ce qui concerne la proportion de jeunes de 30 à 34 ans qui ont atteint le niveau de l'enseignement supérieur, l'UE semble en bonne voie pour réaliser son objectif qui est d'atteindre 40 % d'ici à 2020. Toutefois, les taux des hommes et ceux des femmes ne convergent pas au même rythme vers cet objectif.

    Les chiffres montrent que la proportion de femmes diplômées de l'enseignement supérieur a crû de façon beaucoup plus rapide et le taux fixé par l'objectif de la stratégie Europe 2020 a été atteint avec huit ans d'avance et la hausse se poursuit (42,3 % en 2014).

    Pour les hommes, les progrès ont été plus lents : en 2014, seuls 33,6 % des hommes âgés de 30 à 34 ans avaient atteint le niveau de l'enseignement supérieur.

    Madame la Ministre confirme-t-elle ces tendances pour ce qui concerne la Région wallonne ? Quels enseignements en tire-t-elle en tant que ministre de l’Emploi ?
  • Réponse du 13/02/2017 | Annexe [PDF]
    • de TILLIEUX Eliane

    Pour rappel, dans le cadre de la stratégie Europe 2020, la Belgique s’est engagée à atteindre, d’ici 2020, un taux d’emploi de 73,2 %, calculé sur la tranche d’âge 20-64 ans. Ce taux n’a pas été décliné au sein des Régions.

    Tout comme la Wallonie, certaines régions d’Europe ont connu un passé industriel et ont subi des restructurations et reconversions difficiles. Ainsi, on dénombre 15 autres régions européennes de tradition industrielle (RETI). Celles-ci sont reprises dans le graphique 1 en annexe.

    Les données Eurostat dont nous disposons, à ce niveau de détails géographiques, sont arrêtées à 2015. Comme illustré, en annexe, dans le graphique 1, la Wallonie se classe, avec Bruxelles, parmi les neuf régions où le taux d’emploi est inférieur à la moyenne enregistrée dans les RETI.

    Concernant le taux d’emploi observé en Wallonie, celui-ci culmine à 62,8 %, en 2008, où il est le plus élevé observé depuis 1999, mais l’impact de la crise semble avoir directement touché la Région en 2009. Depuis, le taux wallon reste relativement stable.

    Cette stabilité est essentiellement le fait d’une participation accrue à l’emploi des femmes et des personnes de 50 ans et plus alors que l’emploi des hommes et des personnes peu qualifiées sont en léger recul.

    Divers facteurs peuvent en partie expliquer cette situation. D’une part, la crise économique débutée fin 2008 a, dans un premier temps, touché essentiellement des secteurs employant une majorité d’hommes (par exemple la métallurgie, la construction, le secteur automobile, etc.). D’autre part, durant cette même période, le système des titres-services a permis de soutenir la hausse de l’emploi féminin.

    Par ailleurs, on observe, chez les jeunes, une tendance à l’allongement de la durée des études. Ainsi, au cours de ces 25 dernières années, la part des Wallons qualifiés a pratiquement doublé alors que celle des jeunes peu qualifiés a fortement diminué. L’insertion de ce public sur le marché de l’emploi représente un défi majeur pour la Région. À l’inverse, l’emploi des personnes âgées de 55 ans et plus bénéficie des nombreuses mesures prises ces dernières années pour le maintien à l’emploi des travailleurs âgés.

    Enfin, plusieurs études, dont les analyses du FOREm sur les « Métiers d’avenir pour la Wallonie », attestent d’un besoin croissant des entreprises en personnel qualifié. En effet, notamment sous l’effet de la transition numérique, tant les contenus, les périmètres des métiers que les compétences recherchées évoluent. Soulignons également que de plus en plus de tâches peu qualifiées sont sous-traitées dans des pays où le coût de la main-d’œuvre est fort bas. Tous ces éléments ont clairement un impact sur le taux d’emploi des personnes peu qualifiées.

    Concernant la proportion de jeunes ayant quitté prématurément le système d’éducation et de formation, on observe, en Wallonie, 13,1 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans en décrochage scolaire en 2015. Ce taux se situe entre celui de la Flandre (7,2 %) et de Bruxelles (15,8 %). Il est par ailleurs supérieur à la moyenne européenne qui est de 11 %.

    Après avoir sensiblement diminué de 2008 à 2014 (-2,1 points de pour cent), le taux de décrochage scolaire a légèrement augmenté en 2015 (+ 0,2 point de pour cent). Si le taux semble suivre la tendance belge, il s’éloigne de la courbe européenne entre 2010 et 2013 : alors que le taux européen diminue de manière constante, le taux wallon augmente légèrement et diminue fortement entre 2013 et 2014.

    Taux de Jeunes (18-24 ans) ayant quitté prématurément l'éducation et la formation, voir annexe.

    L’importance d’un diplôme dans la recherche d’un emploi a été maintes fois répétée et démontrée. Ainsi, l’analyse annuelle du FOREm sur « L’insertion à l’emploi des jeunes demandeurs d’emploi wallons à la sortie des études » indique que les diplômés de l’enseignement primaire (23,4 %) et du secondaire inférieur (35,3 %) connaissent une insertion à l’emploi dans les 6 mois bien inférieure à la moyenne wallonne (56,9 %). À l’inverse, les diplômés de l’apprentissage (61,2 %), du bachelor (75,2 %) ou du master (58,5 %) trouveront plus facilement de l’emploi, plus rapidement et plus durablement.

    Ceci est d’autant plus vrai, comme évoqué ci-avant, pour les « Métiers d’avenir ».


    Face à ces évolutions, la formation continue demeure un enjeu majeur pour la Wallonie. Or, le pourcentage de Wallons se formant après leur scolarité demeure trop faible. En 2015, seuls 5 % des Wallons âgés de 25 à 64 ans ont déclaré avoir suivi des cours ou une formation qu’elle soit formelle ou informelle le mois précédent l’enquête, soit la moitié moins que la moyenne de l’UE-28 (10,7 %).

    Par ailleurs, la Belgique s'est engagée, à l'horizon 2020, à relever à 47 % le pourcentage de la population de 30-34 ans titulaire d'un diplôme de l'enseignement supérieur. Cet objectif est plus ambitieux que celui fixé au niveau de l'Union européenne dans son ensemble (40 %). En 2014, la Belgique occupait, avec 43,8 %, la 10e place du classement européen. En 2015, ce taux belge a diminué à 42,7 %.

    Concernant la Wallonie, la part de personnes âgées de 30 à 34 ans et disposant d’un diplôme de l’enseignement supérieur est de 39,1 % en 2015. Ce taux est ainsi proche de l’objectif de 40 % fixé au niveau de l’Union européenne dans son ensemble. Il reste toutefois inférieur à la moyenne belge.

    Taux de la population des 30-34 ans diplômés de l’enseignement du supérieur, voir annexe.

    L’analyse du taux homme/femme montre que la Wallonie suit la même tendance que la moyenne européenne, le taux de femmes âgées entre 30 et 34 ans et diplômées de l’enseignement supérieur (45 %) est même déjà très proche de l’objectif 2020 pour la stratégie belge et supérieur à celui fixé au niveau de l’Union européenne dans son ensemble.
    Taux de la population des 30-34 ans diplômés de l’enseignement du supérieur par genre en Wallonie, voir annexe.

    Afin d’améliorer le taux d’emploi global, une attention particulière est donc portée aux publics fragilisés sur le marché de l’emploi (jeunes, peu qualifiés, …) et ce d’autant plus dans un contexte où la part du chômage de longue durée et par extension du chômage structurel dans le total du chômage reste importante en Wallonie.

    Ainsi, afin de stimuler l’emploi en Wallonie, notamment auprès des publics les plus fragiles, le Gouvernement wallon et les partenaires sociaux ont signé un Pacte pour l'Emploi et la Formation en Wallonie, fin juin 2016. Les objectifs visés par ce pacte sont d’augmenter le taux d’emploi, de favoriser la croissance des entreprises, de rapprocher la demande et l’offre de compétences, de soutenir les demandeurs d’emploi, mais aussi les travailleurs tout au long de leur carrière.

    Parmi les enjeux du Pacte pour l’Emploi et la Formation, citons entre autres le contrat d’insertion, la réorganisation des aides à l’emploi et des incitants financiers à la formation continue des travailleurs ou encore le développement de la filière de la formation en alternance.

    La réorganisation des aides à l’emploi propose une réforme en profondeur des incitants financiers afin de rendre plus efficaces les différents mécanismes d’aide à la création et au maintien de l’emploi en Wallonie. Cette réforme, qui déploiera ses effets dès 2017, concernera tant les jeunes demandeurs d’emploi que les demandeurs d’emploi de longue durée et les travailleurs âgés. Elle vise, par ailleurs, tous les secteurs d’activités (privé, non marchand et pouvoirs locaux).

    Complémentairement à la réorganisation des aides à l’emploi, le Gouvernement wallon et les partenaires sociaux se sont engagés à créer un contrat d’insertion. L’objectif de ce dispositif est de pouvoir offrir à des jeunes qui éprouvent des difficultés à s’insérer sur le marché du travail, une première expérience professionnelle sous la forme d’un contrat de travail de 12 mois.

    Le Pacte pour l’Emploi et la Formation doit également concrétiser la volonté du Gouvernement de rapprocher l’emploi et la formation autour du principe d’une meilleure adéquation des qualifications aux besoins des entreprises. Pour ce faire, le Pacte formalise une des priorités du Gouvernement, à savoir développer l’alternance comme filière d’excellence.

    Par ailleurs et parallèlement, dans le cadre de la Garantie Jeunesse, le FOREm se dote d’une nouvelle approche pédagogique des jeunes afin de pouvoir intervenir sur les compétences de base. Le projet « compétences clés » vise ainsi à identifier le potentiel du jeune portant sur l’apprentissage, le fonctionnement cognitif et l’émotionnel.

    Chaque jeune accompagné dans ce dispositif dispose d’un parcours de formation adapté par rapport à ses besoins, identifiés à l’aide d’une évaluation de ses compétences-clés et en rapport avec son bilan de potentiel. Ce parcours est organisé de façon flexible en fonction de ses disponibilités et/ou articulés par rapport à une formation qualifiante à laquelle il participe.

    Enfin, d’autres dispositifs sont également mis en place pour les jeunes de moins de 25 ans, dans le cadre de la Garantie Jeunesse. À titre d’exemples, nous pouvons citer la formation alternée des demandeurs d’emploi, le projet « Les Métiers vont à l’école » qui vise à sensibiliser les élèves de l’enseignement, à partir de la 4e secondaire, aux métiers techniques, mais également l’accompagnement personnalisé des jeunes dont l’objectif est d’offrir, systématiquement, dans un délai maximum de 4 mois après l’inscription en tant que DE, un emploi, un stage ou une formation.