/

Les difficultés des agriculteurs

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 159 (2016-2017) 1

3 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 20/12/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Il existe des associations qui s’occupent d’apporter une aide sociale, voire psychologique, aux agriculteurs. Agricall reçoit en moyenne 3000 appels par an. Pour eux, la véritable source d’isolement d’un agriculteur n’est pas la charge de travail, mais la surcharge administrative. C’est ça qui pousse au burn-out. « On entend les politiques nous parler de simplification administrative… Mais c’est pour eux que c’est plus simple parce qu’à l’échelle de l’agriculteur, la paperasserie ne fait qu’empirer ! ».

    « 43 % des agriculteurs qu’ils accompagnent sont dans le secteur de la vache laitière alors qu’en Wallonie cela ne représente que 15 % des agriculteurs : » il y a une surreprésentation des agriculteurs éleveurs de vaches laitières parce que leur détresse est plus forte. Dans la culture, il y a des saisons où la charge de travail varie. Pour l’élevage, en particulier laitier, il y a des tâches incompressibles à faire tout au long de l’année en plus de la charge administrative. De plus, c’est un secteur en crise depuis longtemps et qui n’arrive pas à se relever. » (référence : document distribué par le Ministre Collin).

    Selon Olivier Vanhollebeke, assistant chez Agricall : « La pénibilité physique a changé grâce à la mécanisation, c’est indéniable. Mais la pénibilité morale est plus importante. L’isolement social, c’est un fait : le fermier doit être plus compétitif et produire toujours plus donc ça veut dire passer encore plus de temps sur le tracteur, à la traite, etc. » Il ajoute en soupirant : « La plupart du temps, il est endetté donc il n’a pas le droit à l’erreur, parce qu’il n’y a pas de marge de manœuvre financière ».

    Cela se cumule : pénibilité physique, pénibilité morale et psychologique, pénibilité économique, pénibilité sociale… On peut comprendre que dans ces conditions, les jeunes doivent vraiment être passionnés par ce métier s’ils choisissent encore de devenir agriculteurs.

    Que fait la Région wallonne pour rendre au métier son attractivité ? Car on a besoin du renouvellement des générations d’agriculteurs si l'on ambitionne de garder un minimum d’autonomie en matière d’approvisionnement en denrées alimentaires.

    Monsieur le Ministre peut-il indiquer combien de jeunes se sont lancés depuis les cinq dernières années dans ce métier de producteur de lait, de viande, de légumes, de céréales, de sucre … ?
  • Réponse provisoire du 11/01/2017
    • de COLLIN René

    J’ai bien pris connaissance de la question écrite n°159 relative aux difficultés des agriculteurs.

    Toutefois, la réponse nécessite des investigations qui, à l’heure actuelle, ne sont pas encore tout à fait terminées. Mon administration s’attache donc à récolter les derniers éléments qui me permettront de fournir une réponse complète d’ici peu.
  • Réponse du 30/01/2017
    • de COLLIN René

    Je suis bien conscient des difficultés du monde agricole et en particulier de la crise, d’une longueur inhabituelle, que traverse le secteur laitier depuis 2014. Et même si on observe quelques signes de reprise depuis fin 2016, ce redressement reste fragile.

    La situation des jeunes me préoccupe tout spécialement. Depuis le début de mon mandat ministériel, je n’ai d’ailleurs eu de cesse d’intégrer dans toutes mes réflexions et actions, la situation des jeunes dans la politique agricole menée par la Wallonie.

    Je rappellerai dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) 2014-2020, le complément « jeune », correspondant à 25 % de la valeur moyenne du paiement direct wallon, soit 92 euros, octroyés à concurrence de 90 hectares en sus des aides directes découplées. En 2015 et 2016, sur 14.000 exploitations agricoles, ce sont respectivement 576 et 734 exploitants qui ont bénéficié de ce complément.

    Toujours dans le cadre de la PAC, mais dans le second pilier cette fois, différentes mesures ciblent spécifiquement les jeunes agriculteurs, via des aides à l’installation, pour un total de 40 Mio euros, et un financement de programmes de formation pour 5,5 Mio euros.

    Pour le secteur laitier proprement dit, je rappellerai les éléments suivants :
    * Fin 2015, l’Union européenne (UE) a décidé d’une aide de crise. La part de cette enveloppe revenant à la Wallonie était de 4,8 Mio euros ; sur ma proposition, le Gouvernement wallon a décidé de doubler le montant. 56 % de cette enveloppe furent octroyés aux producteurs laitiers dont 40 % dédicacés aux seuls jeunes exploitants.
    * En juillet 2016, l’UE a de nouveau débloqué deux enveloppes pour un montant de 500 Mio euros à destination prioritaire du secteur laitier, la première visait une réduction volontaire de la production, la seconde pouvant servir à des mesures plus générales de soutien à l’élevage. Ici aussi, le Gouvernement, sous ma proposition, a doublé l’intervention communautaire, pour atteindre un montant de 8,1 Mio euros. Une partie de cette enveloppe (1 Mio euros) permit de renforcer la mesure européenne de réduction volontaire de la production, tandis que le solde fut réparti entre une aide complémentaire aux détenteurs de vaches laitières (23 euros/ tête) et de vaches mixtes (13 euros), et un complément « prime à l’herbe » (20 euros/hectare). Notons que pour ces deux compléments, un facteur correctif de 1,5 en faveur des jeunes agriculteurs ainsi qu’un plafond par exploitation furent appliqués.

    Quant à la demande relative aux nombres de jeunes s’étant lancés ces dernières années dans la profession d’agriculteurs, je peux informer que pour ces 5 dernières années (2012-2016), mon administration a enregistré 474 dossiers d’aides à l’installation (première et seconde phases cumulées).

    Enfin, selon les dernières données disponibles (2013) en provenance de la Direction générale de la Statistique fédérale (ex-INS), dans les exploitations wallonnes qui ont une dimension économique d’au moins 25 000 euros de PBS, on observe que le chef d’exploitation est âgé de 40 ans ou moins dans seulement une fourchette allant de 7 à 21 %, selon l’orientation technicoéconomique. Les secteurs laitier et de la viande bovine affichant respectivement 15 et 11 %.