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La présence de "start-up" wallonnes de la santé en Chine

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2016
  • N° : 130 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 29/12/2016
    • de LECOMTE Carine
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Un nombre croissant de start-up françaises dans les sciences de la vie lorgnent vers la Chine pour y trouver des fonds et des partenaires industriels, un moyen de pénétrer cet immense marché de la santé qui gagne rapidement en maturité.

    Concomitamment, les fonds d'investissements et industriels chinois s'intéressent au savoir-faire des biotechs et medtechs françaises. Pékin, en proie au vieillissement de sa population, met le focus sur le secteur de la santé. « En ouvrant leur capital, les sociétés françaises peuvent accéder au marché chinois et réinvestir l'argent gagné pour grandir à l'international », avance Xianding Ma, cofondateur de Cenponts Healthcare, une société de conseil hongkongaise qui a pour mission de rapprocher les acteurs industriels européens et chinois de la santé.

    Cependant, pour les entreprises françaises et européennes, il persiste une certaine résistance à s'associer avec des Chinois, y compris dans les sciences de la vie. La peur de se faire dépouiller des brevets et technologies ainsi que la difficulté pour les entreprises françaises et, d’une manière générale, européennes de s'assurer de la fiabilité d’un partenaire industriel local représentent des freins au développement de start-up de la santé en Chine.

    Ainsi, pour informer et aider les entrepreneurs français dans leurs démarches pour investir en Chine, France Biotech, l’association française des entreprises de biotechnologie , organisera à l'automne 2017 une rencontre en Chine entre entrepreneurs français du secteur de la santé et des investisseurs locaux.

    En Région wallonne, l' e-santé alimente un vivier croissant de projets et de start-up. Il va de soi qu'un accès facilité au marché chinois représenterait une plus-value pour ces entreprises.

    Combien de start-up wallonnes ont-elles vu le jour en 2015 ? Dans quels secteurs opèrent-elles ? Celles axées sur les technologies liées aux soins de santé sont-elles en progression ?

    Qu'en est-il de la présence des start-up wallonnes de la santé sur le marché chinois (le nombre d'entreprises, pour quels secteurs de la santé,..) ? Des politiques spécifiques sont-elles menées par les départements de Monsieur le Ministre (en l'occurrence l'AWEx) afin de faciliter l'implantation de start-up wallonnes de la santé en Chine ?

    Les start-up wallonnes de la santé qui s'implantent en Chine rencontrent-elles d’autres difficultés que celles épinglées ci-avant ? Quels sont les outils mis en place permettant de les pallier ?
  • Réponse du 30/01/2017
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’excellence wallonne dans le secteur de la santé et des biotechnologies n’est en effet plus à démontrer. Il s’agit d’un secteur dynamique, boosté notamment par la présence en Wallonie d’importants acteurs du secteur et qui se développe en particulier sur les marchés étrangers.

    Cependant, comme souligné dans la question, certaines problématiques notamment dans le domaine de la propriété intellectuelle (IP) et de la protection des brevets sont cruciales en Chine. Le marché chinois de la santé publique est particulièrement opaque et protégé ; il est délicat et extrêmement « time consuming » pour une jeune société aux ressources humaines et financières souvent limitées d’aborder ce vaste marché, regorgeant pourtant d’opportunités.

    Cette situation complexe explique en partie la frilosité des start-ups dans un secteur où l’IP est un sujet très sensible. Dans les nouvelles technologies électroniques ou industrielles, ces problématiques demeurent moins critiques que dans la santé. Certains géants dans le secteur (comme GSK) ont connu des revers importants en Chine, que dire des risques qu’encourt une start-up sans trop d’expérience à l’international ?

    Toutefois, à condition d’être bien préparé, correctement accompagné et de s’entourer de partenaires locaux fiables, il est possible de marquer des points et d’engranger des succès sur ce marché fort concurrentiel.

    Le pôle Biowin, avec qui l’AWEx collabore étroitement, a bien compris le potentiel du marché chinois. BioWin a démarré ses activités de prospection en Chine dès 2009, plusieurs membres ayant manifesté de l’intérêt pour la Chine. Depuis, BioWin leur propose chaque année, la plupart du temps en collaboration avec l’AWEx, de participer à de grands salons internationaux à l’occasion desquels sont organisées des missions plus spécifiques à leurs besoins.

    Le succès de cette formule (10 à 15 entreprises par délégation) et l’engouement pour le marché chinois sont alors devenus tels qu'en 2010, BioWin a ouvert en 2011 un bureau permanent à Shanghai pour consolider et étendre son réseau et représenter les intérêts des acteurs wallons. Une orientation stratégique qui a porté ses fruits puisque 4 partenariats officiels ont été signés entre des entreprises membres de BioWin et des entreprises/centres de R&D chinois entre 2012 et 2013. Certains succès notoires comme Coris Bioconcept, Cefaly Technology ou IRE-Elit, sont à citer en exemple à ce propos.
    Sur place, des partenariats forts, rassemblant, entre autres le Consulat général de Belgique à Shanghai, l’AWEx, le Juke Biotech Park, la Shanghai Bio Industry Association (SBIA) et les membres du Shanghai BioClouds, sont au service des sociétés wallonnes, et en particulier des start-ups. Par ailleurs, un important accord a été signé par Biowin pendant la visite d’État en Chine en 2015 avec le Guangzhou Biotechnology Center (GZBIO).

    Pour des raisons organisationnelles, Biowin n’a plus de représentant belge sur place depuis 2016. Et si plusieurs sociétés wallonnes du secteur de la santé sont actives en Chine, il faut noter qu’il n’y a pas de start-up wallonne en tant que telle présente actuellement.

    Par ailleurs, la Wallonie dispose d’un excellent outil pour accueillir les investissements chinois en Wallonie : le China-Belgium Technology Center (CBTC) à Louvain-la-Neuve. Le CBTC est un projet initié par le Wuhan East-Lake High-Tech Innovation Center (WHIBI) avec le Parc Scientifique de l’UCL en 2010 (repris depuis par le groupe United Investment Group). Il a pour objectif d’attirer et d’accompagner les entreprises chinoises high-tech dans leur approche du marché européen à travers une localisation en Belgique, dans le parc scientifique de Louvain-la-Neuve. D’une part, il vise à favoriser les accords scientifiques, technologiques et d’affaires entre les entreprises chinoises et les laboratoires, centres de recherche et entreprises belges ; et d’autre part, il a pour objectif d’ouvrir le marché chinois aux entreprises européennes.

    Cette plateforme permet en effet aux sociétés, et en particulier aux start-ups, de tenter de construire des partenariats en amont déjà en Belgique ce qui est plus rassurant et plus facile pour nos petites entreprises. Il se pourrait que, dès cette année, un accélérateur chinois spécialisé dans le secteur santé choisisse de s'installer au CBTC, afin d'aider à la croissance de sociétés innovantes dans le secteur avec en point de mire le marché chinois. La proximité avec l’UCL, l’excellence de la Wallonie dans le secteur des biotechnologies et des centres de recherche de pointe constituent des atouts efficaces. Ce complexe comprendra plusieurs incubateurs où pourront se développer des entreprises de haute technologie en particulier dans les secteurs des biotechnologies.

    C’est bien sûr une porte d’entrée pour les entreprises chinoises désirant s’implanter sur le marché européen, mais c’est aussi l’idée d’attirer des investisseurs belges et européens. C’est le principe de l’incubation croisée qui profitera tant aux entreprises chinoises qu’aux start-ups wallonnes qui souhaitent se lancer sur le marché chinois.

    Enfin, comme l’AWEx l’a déjà fait pour d’autres secteurs à haute technologie (notamment le numérique), des missions économiques « exploratoires » en Chine avec des visites d’entreprises locales et d’incubateurs et l’organisation de rencontres ciblées,  permettent aux sociétés wallonnes et notamment aux start-ups de se faire une bonne idée du marché chinois et des possibilités de collaboration (accord de partenariat, joint-venture, etc.) avec des partenaires sur place.