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Les fermes sociales et thérapeutiques en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 405 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 09/01/2017
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le Gouvernement wallon vient d’attribuer près de trois millions d’euros pour soutenir sept projets d’intégration sociale au travers d’activités dans le cadre d’exploitations agricoles, maraîchères ou paysagères en milieu rural.

    Monsieur le Ministre peut-il détailler ces projets ?

    Ces sommes ainsi attribuées constituent la deuxième vague de subsides en la matière et s’inscrivent dans le cadre du Plan wallon de développement rural.

    Monsieur le Ministre compte encourager ce type d’initiative en lançant un troisième appel à projets dans le courant du troisième trimestre 2017.

    Peut-il préciser quelles actions concrètes il compte engager pour la mise en place d’un véritable « réseau de soins verts » puisqu'il juge cette idée de mise en réseau telle que pratiquée en Flandre ou au Royaume-Uni pertinente ?
  • Réponse du 26/01/2017
    • de PREVOT Maxime

    Comme le mentionne l'honorable membre, le Gouvernement wallon a approuvé, en sa séance du 1er décembre 2016, 7 projets dans le cadre de la mesure 16.9 « Aide à la diversification des activités agricoles vers des activités ayant trait aux soins de santé, à l'intégration sociale, à l'agriculture soutenue par les consommateurs ainsi qu'à l'éducation dans les domaines de l'environnement et de l'alimentation » du Plan Wallon de Développement rural 2014-2020. Cette mesure s’appuie sur une coopération entre agriculteurs, forestiers, associations environnementales et institutions sociales et de santé de Wallonie.

    L’objectif de cette mesure est de favoriser, au travers d’activités au sein d’une exploitation agricole, maraîchère ou paysagère, l’intégration des bénéficiaires des services d’insertion sociale, de santé mentale, actifs dans le domaine des assuétudes ou agréés par la branche Handicap de l’AViQ.

    Les 7 projets retenus (dont 4 relevant de l’Action sociale et 3 de la Santé et du Handicap), représentent un cofinancement Wallonie-FEADER de 2.741.663,69 euros (dont 1.302.290,25 euros à charge de la Wallonie) et peuvent être résumés comme suit :

    * Volet Santé-Handicap :

    1) Activités Citoyennes Inclusives en Agro-écologie - A.C.I.A. de l’ASBL Inclusion

    Le projet est porté, dans une dynamique inclusive, par l’ASBL Inclusion en partenariat avec un maraîcher désireux d'ouvrir son exploitation à un public de personnes en situation de handicap. Dans le cadre des activités de l’accueillant, un maximum de 7 personnes adultes présentant une déficience intellectuelle légère ou modérée, n'ayant pas accès à l'emploi pourront y être occupées. Les bénéficiaires pourront ainsi s'investir dans plusieurs tâches, définies avec l'accueillant (ex : plantations en serre, arrosage; entretien des terrains (désherbage avec les ânes) ; récolte des légumes ; préparation des commandes pour les clients;…).

    2) « Nos Oignons » de l’ASBL SAFRANS

    L'objectif du projet est de favoriser l'intégration sociale de personnes qui fréquentent le service de santé mentale « Entre-Mots » ainsi que ses partenaires envoyeurs en organisant régulièrement deux types d'activités d'accueil chez des « experts du vécu » (principalement des agriculteurs et aussi des forestiers ou associations environnementales locales) :
    - des ateliers collectifs ;
    - des stages individuels d'insertion.

    Dans ces 2 cas, un projet et un accompagnement individuels centrés sur la personne bénéficiaire sont mis en place. L'ASBL « Nos Oignons » assure une mission d'accompagnement méthodologique et de communication vers les partenaires présents ou pressentis au projet (e.a. travailleurs sociaux, experts du vécu, volontaires).

    3) « Positive Agritude » du CHSA (Centre Hospitalier Spécialisé l’Accueil à Lierneux)

    Le projet porte sur la création d'un réseau de partenaires actifs dans l'agriculture, l'horticulture et l'environnement dont la mission sera d'accueillir un ou plusieurs patients psychiatriques chroniques pour partager avec eux leur travail à la ferme. En fonction du niveau d'autonomie du patient et de ses souhaits, le bénéficiaire sera dirigé vers l'accueillant le plus adapté. Celui-ci proposera des tâches simples voire à responsabilité en fonction de l'évolution du patient au sein de l'exploitation. Le projet démarre avec 5 exploitations agricoles, dont une ferme sur la permaculture et un forestier.



    * Volet Action sociale :

    - « Relais du terroir : de la bêche à l’assiette en passant par la ferme » de l’ASBL « La Teignouse »

    Il s'agit de proposer à un public qui entre dans un processus d'insertion sociale ou qui bénéficie d'un accompagnement lié à la problématique des assuétudes, des temps de rencontre et d'activités chez les producteurs locaux. L’objectif du projet est d'augmenter les chances d'inclusion sociale du public visé en améliorant le bien-être, la confiance en soi, les capacités relationnelles, voire professionnelles, et en suscitant de nouvelles vocations.

    - « Accompagnement des personnes fragilisées vers des entreprises agricoles », ASBL Racynes

    Le projet vise à créer des partenariats avec le secteur agricole afin de proposer à un public très fragilisé de s'investir bénévolement dans ces structures. Il s'agira d'un public en grand décrochage, souffrant de pathologies/déficiences nécessitant un long parcours avant d'imaginer une insertion professionnelle. L'objectif de Racynes est d'accompagner une vingtaine de personnes par an vers ces exploitations.

    - « Vaches et Bourraches » des CPAS de Tubize et Soignies

    Le projet « Vaches et Bourraches » a pour objectif de proposer à l’initiative des CPAS de Tubize et de Soignies de l’insertion sociale chez des agriculteurs sur un territoire de 10 communes du Hainaut et du Brabant wallon. À cet effet, les CPAS de Tubize et de Soignies vont mettre en place un réseau de partenariat étendu de façon à pouvoir collaborer avec d’autres CPAS : Nivelles, Enghien, Silly, Rebecq, Braine-le-Château, Ittre, Écaussinnes, Le Roeulx et Braine-le-Comte.

    - « CAP sur les métiers de la terre » du CPAS de Soignies



    Le Centre d'Actions et de Préventions « CAP insertion », service d’insertion sociale et professionnelle du CPAS de Soignies, accompagne des personnes qui ont des difficultés à s'impliquer et de réussir un dispositif d'insertion professionnelle. « CAP Insertion » a observé la nécessité de développer un accompagnement psychosocial individuel et collectif des personnes les plus fragilisées, les plus éloignées de l'emploi (bénéficiaires ou non du revenu d'intégration sociale). Les objectifs seront de faire découvrir la réalité du terrain, les différents aspects des « métiers verts », de susciter l’envie d’en apprendre davantage, d’accompagner le bénéficiaire vers le développement de son projet personnel d’insertion, de bénéficier du tutorat d’un « expert du vécu », d’accroitre ses compétences relationnelles et professionnelles.

    Compte tenu de la qualité des projets retenus et les bénéfices prouvés de l’agriculture sociale sur l’estime de soi, le bien-être et la santé, il me paraît important de continuer à encourager ce type d’initiative. C’est la raison pour laquelle un troisième appel à projets sera lancé dans le courant de l’année 2017. Dans ce cadre, je me permets de rappeler que l’objectif de la mesure 16.9 du Programme wallon de Développement rural n’est pas de constituer un « réseau de soins verts » à ce stade, mais de soutenir des projets-pilotes.

    Il me semble important également de recadrer ces projets dans un contexte plus large qui est piloté par le Ministre René COLLIN. Dans cette perspective, un Groupe de Travail « Agriculture et foresterie sociales » est mis en place à l’initiative du Réseau wallon de Développement rural (RWDR) (http://www.reseau-pwdr.be/working_group/gt-agriculture-et-foresterie-sociales). Il est prévu que mes Administrations, l’AViQ et la Direction générale opérationnelle des Pouvoirs locaux et de l’Action sociale, y participent en 2017. Par une mobilisation des acteurs de terrain et l’analyse d’initiatives existantes en Wallonie ou d’ailleurs, en Flandre ou en Grande-Bretagne, il vise tout d’abord à dresser un état des lieux de la question en vue de pistes de travail et à faciliter la mise en œuvre des projets-pilotes à la ferme et/ou en milieu forestier par des « experts du vécu » : agriculteurs, forestiers et associations environnementales, dans le cadre de la mesure 16.9 du Programme Wallon de Développement Rural.

    La Flandre a développé une certaine expérience dans le développement de l’agriculture sociale et thérapeutique depuis la mise en œuvre d’une structure de soutien et d’un système de subvention. Dans ce contexte, le RWDR a d’ailleurs convié l’AViQ et la DGO5 à une visite de terrain en Flandre présentant le dispositif mis en place chez des maraîchers volontaires, le 3 mars 2016 (http://www.reseau-pwdr.be/sites/default/files/CAR_CR_GTAS_160318_0.pdf). Dans chaque province, le responsable de l’association « Steunpunt groene zorg » (http://www.groenezorg.be/) coordonne les « soins verts » en milieu rural pour des groupes-cibles vulnérables. Ce réseau repose sur une relation triangulaire entre 3 parties prenantes : la ferme, le bénéficiaire et le troisième acteur accompagnant la personne, qui peut être le service social, l’école, l’institution d’accueil des personnes handicapées, ou un service psychiatrique en matière de santé mentale, …

    Pendant la visite de terrain, les agriculteurs concernés ont pu souligner la motivation des bénéficiaires.

    Des collaborations ont été mises en place avec l’ONEM et l’INAMI pour les « groene zorgen ». 1.000 personnes par an en sont bénéficiaires chez Steunpunt Groene Zorg.

    A l’inverse, l’expérience des « Care farms » britanniques montre que l’État s’y investit très peu (voir p.7 : http://fr.calameo.com/read/004861236e32b1a979f57). Les fermes ont acquis leur propre savoir-faire dans le financement de leur activité, en ayant recours à divers donateurs : associations, citoyens, organismes de charité, …

    C’est à mon sens, sur base des résultats des projets-pilotes en cours et, parallèlement, de l’aboutissement des réflexions autour de ces bonnes pratiques en agriculture sociale que les initiatives wallonnes en la matière pourront être développées et approfondies.