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L’impact de l’hiver sur l’isolement des personnes âgées

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 470 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 24/01/2017
    • de DOCK Magali
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    On connaît durant ce mois de janvier un épisode hivernal restreignant les possibilités de déplacement de nombre de nos concitoyens.

    Parmi ceux-ci, les personnes âgées sont les plus affectées. En effet, leurs moyens de transports limités et leur faiblesse physique ne les aident pas à sortir de leur isolement, qui atteindrait, selon divers études, 20 à 25 % de ceux-ci. De plus, la fréquence de visites des familles se réduit fortement avec ce type de conditions. Clairement, les épisodes hivernaux peuvent être dévastateurs pour nos aînés. Le nombre d’aînés ne fera d’ailleurs qu’augmenter durant les prochaines années, ce qui fait que ce type de problème nécessite une solution structurée et pérenne.

    Au Québec, là où les conditions hivernales sont bien plus fréquentes et prononcées et où la pyramide des âges suit une courbe similaire à la nôtre, différentes initiatives sont mises en place.

    Quelles actions sont-elles mises en place pour briser au maximum l’isolement de nos aînés durant les épisodes hivernaux que nous pouvons connaître  ? Quelles mesures sont prises au niveau de nos maisons de repos  ? Y a-t-il un modèle à l’étranger qui inspire la Région pour lutter contre cet isolement aux multiples facettes ?
  • Réponse du 07/02/2017
    • de PREVOT Maxime

    Il est évident que, pour ma part, la lutte contre l’isolement des personnes âgées et, par corollaire, le souci d’accroître leur participation à la vie sociale, est une priorité dont il faut tenir compte dans toutes les actions déclinées au niveau de la Région, mais également au niveau local et singulièrement au niveau communal. Il est donc essentiel de centrer la réflexion sur la personne dans sa globalité, dans son environnement et dans sa relation avec ses aidants proches, son entourage.

    L’isolement est un problème complexe, et multifacettes. Chaque situation est particulière. Il est nécessaire de l’aborder individuellement, d’en chercher les causes. Les limitations physiques, les difficultés sociales ou financières, psychologiques parfois peuvent en être l’origine. Et sans doute également les conditions climatiques !

    Il est difficile d’énumérer l’ensemble des actions qui concourent à sortir les aînés de l’isolement. Ainsi, je pense aux services d’aide aux familles et aux aînés, aux centres d’accueil communautaires, aux associations de bénévoles... Mais aussi aux activités organisées à un niveau plus local, par des communes, des associations de seniors…

    De nombreuses études soulignent combien le bien-être des personnes âgées peut être sensiblement amélioré en garantissant les conditions optimales de leur participation: ancrage local, mobilité, engagement, intégration familiale,… Leur participation sociale est donc un facteur de prévention majeur.

    Enfin, comme l’a encore souligné une récente étude commandée par la Fondation Roi Baudouin (« Les aidants proches des personnes âgées qui vivent à domicile en Belgique : un rôle essentiel et complexe »), les solidarités familiales n’ont jamais été si importantes. Ainsi, en Belgique, on considère qu’un dixième de la population est un aidant proche, ce qui représente 440.000 personnes en Fédération Wallonie Bruxelles, dont 75 % sont des femmes. L’aide perçue de la part des proches serait cinq fois plus importante que l’aide professionnelle. Il est dès lors essentiel de promouvoir un environnement favorable aux aidants proches qui constituent le principal point d’ancrage social pour la personne âgée en perte d’autonomie.

    C’est pourquoi la thématique des aidants proches est une priorité que l’on retrouve dans la déclaration politique du Gouvernement. À cet effet, nous soutenons la démarche de l’ASBL Aidants Proches dans le développement d’antennes de soutien aux aidants proches dans l’ensemble des provinces de la Wallonie.

    L’obtention d’un subventionnement européen, via le programme Interreg, permet aussi de mettre en place des accompagnements individualisés des aidants, mais aussi de fournir des formations à destination des professionnels du domicile.

    Plus directement, les professionnels du domicile, via des formations continues organisées au sein de leurs Fédérations, sont de plus en plus sensibilisés à la question de l’isolement social des aînés. En effet, ces professionnels du domicile sont en première ligne, surtout lorsque la personne vit seule, pour repérer des changements d’humeur de leurs usagers.

    L'honorable membre connait sans doute le concept de Ville Amie des Aînés. Ce projet se développe dans un cadre fixé par l’OMS depuis une dizaine d’années. L’objectif est de réaliser un diagnostic participatif par et avec des aînés et de proposer un plan d’action au niveau communal. L’idée est de prendre en compte l’ensemble des déterminants de la santé sans se cantonner uniquement sur les déterminants sociosanitaires. Pourquoi développer ce concept ? Je citerai Serge Clément, psychosociologue « La participation des personnes âgées dans la cité pose sans doute des problèmes identiques à ceux de bien d’autres populations. La particularité des plus âgés d’entre eux, c’est que beaucoup de monde parle à leur place : des professionnels, des élus, des familles et les jeunes retraités ». Il est donc essentiel de travailler avec les structures locales existantes : les conseils consultatifs des aînés, les associations, les comités de quartiers, les MR(S), … pour les aider à mettre en place des actions réalisées par et pour les aînés. Il s’agira, par exemple, de former des aînés aux techniques de participation, de former un comité d’ainés qui recueille les besoins des personnes isolées et socioéconomiquement défavorisées, …

    La Région a décidé de financer un projet de recherche-action qui consiste à construire une méthodologie d’accompagnement des communes, en s’appuyant sur les acquis de travaux internationaux, tout en l’adaptant aux contextes locaux wallons. Un comité de pilotage régional issu de nombreux partenariats, et coordonné par un chercheur vise à accompagner 6 communes pilotes, volontaires dans cette démarche. Au niveau des communes participantes, une formation de « référents VADA » (personnel communal et aînés) aux méthodes de recherche participatives est prévue, afin de travailler AVEC les aînés. Une attention particulière doit être portée aux aînés qu’on voit peu, qu’on entend peu : les aînés isolés.

    La Région soutient également des projets qui tendent, soit directement, soit par l’encadrement d’autres associations, à la participation active des personnes âgées dans la société, je pense notamment aux ASBL Entr’âges (promotion des relations intergénérationnelles) et Atoutage (soutien méthodologique aux actions intergénérationnelles) ainsi que Courants d’âge qui coordonne le projet « Carrefours des Générations ». Cet événement met en valeur toute la richesse des initiatives intergénérationnelles qui existent au niveau local. Depuis les débuts de l'opération en 2009, plus de 110 communes se sont mobilisées en proposant, entre autres, des ateliers créatifs et participatifs, des rencontres, des animations, des jeux, des spectacles, des concerts et des balades.

    Il s’agit pour les différentes communes de présenter activement des projets intergénérationnels à un public désireux de « mieux vivre ensemble » entre générations.

    Mais les citoyens eux-mêmes sont à l’origine de nombreux projets visant à réduire l’isolement. Ainsi, le nombre de projets d’habitats groupés, d’habitats solidaires ne cesse d’augmenter.

    Tout récemment également, se construit un projet « Donner de la Vie à l’Âge », porté par l’ASBL Senoah. L’action proposée pourrait se définir comme un « Coup de pouce solidaire de proximité », offerte par des volontaires « âgés » au « service » de leurs pairs, accessible via un numéro gratuit. Les services seront divers : apporter une information, orienter les personnes, proposer une présence/écoute, un accompagnement dans un déplacement, une aide dans la réalisation de tâches diverses, … Les objectifs principaux seront de favoriser le bien-être des seniors dans leurs lieux de vies.

    On peut le voir, les initiatives ne manquent pas… Même si elles ne sont pas spécifiques aux périodes de grand froid…