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L’impact du "Brexit" sur les relations commerciales

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 149 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 24/01/2017
    • de WAHL Jean-Paul
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique
    En juin dernier, les Britanniques se sont prononcés, par referendum, en faveur d’une sortie de l’Union européenne.

    Je souhaiterais poser les questions suivantes.

    Quel est le volume des exportations de biens et de services à destination du marché britannique  ? Quid des importations en provenance de ce dernier pour le marché wallon  ? (en euro)

    Combien d’entreprises wallonnes sont-elles établies au Royaume-Uni à ce jour  ? Et dans quel secteur sont-elles actives  ?

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'études détaillées quant aux conséquences du Brexit sur l’économie wallonne ? Quel pourrait être l’impact financier sur le PIB ?

    Quelles mesures sont-elles prises par le Gouvernement wallon pour informer au mieux les entrepreneurs quant à l’évolution de ce dossier ?

  • Réponse du 13/02/2017
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Les dernières statistiques disponibles pour les relations commerciales de la Wallonie avec le Royaume-Uni ne couvrent que le premier semestre 2016, c’est-à-dire avant le referendum sur le BREXIT. Les statistiques portant sur le second semestre 2016 ne seront disponibles que dans quelques semaines.

    Pour les 6 premiers mois 2016, nos exportations ont atteint un total de 1 255,01 millions d’euros, soit une légère baisse de 3,5 % par rapport à la même période de 2015.

    Pour les 6 premiers mois 2016, nos importations en provenance du Royaume-Uni ont atteint un total de 555,9 millions d’euros, soit une hausse de 6,56 % par rapport à la même période de 2015.

    Les secteurs réalisant les meilleurs scores à l’exportation vers le Royaume-Uni sont :
    * les produits des industries chimiques
    * les instruments d’optique, de précision
    * les matières plastiques et caoutchouc et ouvrages
    * les machines et équipements mécaniques, électriques et électroniques

    Pour les 6 premiers mois 2016, ce solde était également positif pour un montant de 699,13 millions d’euros.

    Les importations en provenance du Royaume-Uni sont essentiellement le fait des secteurs suivants :
    * produits des industries chimiques
    * machines et équipements mécaniques, électriques et électroniques
    * matières plastiques et caoutchouc et ouvrages
    * métaux communs et ouvrages en ces métaux

    La baisse du cours de la livre sterling n’est certes pas favorable à nos exportations, mais il faudra attendre les chiffres complets de 2016 pour juger de l’impact réel du BREXIT.

    Il est difficile de connaître exactement la liste des sociétés wallonnes ayant investi au Royaume-Uni. En effet, elles n’ont aucune raison ou obligation de se manifester en ce sens auprès des autorités wallonnes.

    La branche INVEST de l’AWEx disposant d’informations précises sur les entreprises étrangères s’établissant en Wallonie, les attachés économiques en poste au Royaume-Uni se sont informés auprès de l’organisme britannique chargé de l’accueil d’investisseurs étrangers (DEPARTMENT FOR INTERNATIONAL TRADE) sans pouvoir en obtenir les précisions souhaitées.

    Toutefois, nos services disposent d’une liste de 27 entreprises, dans des domaines très variés tels que : équipements industriels, industrie du numérique, matériel de transport, éclairage, logiciels, téléphonie, produits alimentaires, prêt-à-porter, agence de communication, etc. Elle ne prétend pas être exhaustive.

    Il existe bon nombre d’études évoquant les possibles conséquences du BREXIT. Mais les formes que pourraient prendre le BREXIT, même après le discours de la Première Ministre Britannique la semaine dernière, sont encore incertaines. Elle déclare vouloir négocier un accord de libre-échange global avec l’UE, mais annonce par ailleurs ne plus vouloir suivre la réglementation européenne concernant les autres grands principes sur lesquels l’Union est fondée dont, essentiellement, la libre circulation des personnes.

    En fonction des négociations qui suivront le recours britannique à l’article 50, ce BREXIT prendra une tournure qu’aucune étude ne peut prédire à ce stade. L’accord de libre-échange évoqué ci-avant peut faire en sorte que les flux commerciaux demeurent ce qu’ils sont aujourd’hui. Mais il se peut également que l’UNION, pour préserver sa cohésion et éviter toute future dissidence, décide de ne pas transiger sur ses principes.

    À l’heure actuelle, je le répète, diverses études existent dont la plupart élaborées par les secteurs eux-mêmes qui passent en revue divers scénarios. FEDUSTRIA, par exemple, pointe le secteur textile comme l’une des principales victimes (au niveau belge) d’un BREXIT dur. Près de 38 % (tant en valeur qu’en quantité) du tapis tufté belge (représentant 363 millions d’euros) sont destinés au Royaume-Uni. Avec une part de 42 % dans les importations britanniques pour ce type de produit, la Belgique est de loin le principal fournisseur. Avant même que le BREXIT n’entre en vigueur, la livre sterling ayant fortement baissé, les importations britanniques de moquettes depuis la Belgique ont baissé de moitié.

    La FEVIA, pour l’industrie agroalimentaire, tient des propos à peu près similaires. Près de 10 % des exportations de ce secteur ont pour destination le Royaume-Uni, 4e marché de l’industrie alimentaire belge. Confronté lui aussi à la dévaluation de la livre, aux réactions protectionnistes, la FEVIA indique que l’incertitude liée à la forme que prendra le BREXIT met d’ores et déjà les exportations et les marges de ce secteur sous pression. La chute du cours de la livre sterling coûterait d’ores et déjà à ce secteur quelques centaines de millions d’euros. À plus long terme, sans même parler de la hausse des droits d’importation, les divergences entre réglementation britannique et européenne pourraient perturber le commerce de façon structurelle.

    Dans le cadre d’un BREXIT dur, le Royaume-Uni quittant le marché européen, les droits prélevés à l’importation seraient fixés par les règles de l’OMC.

    Actuellement, le Royaume-Uni qui absorbe 10 % des exportations belges de produits laitiers (280 millions d’euros), pratique un tarif moyen d’importation de 40 % pour le lait et les produits laitiers importés de pays n’appartenant pas à l’U.E. Le même taux appliqué à la Belgique rendrait les produits laitiers belges trop chers et signifierait purement et simplement la fin des exportations vers le Royaume-Uni.

    Les exportations vers le Royaume-Uni représentent 6,6 % du total des exportations wallonnes. Si un accord de libre-échange devait être mis en place pour que la libre circulation des biens demeure ce qu’elle est aujourd’hui, l'impact du BREXIT sur les exportateurs wallons et sur la croissance pourrait être minime. Par contre, si l’U.E décidait de faire preuve de fermeté à l’égard du Royaume-Uni pour protéger ses propres fondements, ses exportateurs s’en verraient pénalisés.

    En 2016, la DG Affaires économiques et financières de la Commission européenne a publié une première évaluation des perspectives économiques pour la zone euro et l’UE après le référendum au Royaume-Uni.

    La Commission a analysé deux scénarios, un scénario « doux » et un scénario « dur ». Le scénario « doux » considère que l'impact économique négatif se produirait sur une période limitée. Le scénario « sévère » prévoit un choc économique prolongé et plus sérieux encore, avec une augmentation des coûts de financement sur les marchés et un comportement plus prudent des consommateurs.

    L’OCDE prévoit une stabilisation pour les prochaines années avec des taux de croissance du PIB pour la zone euro de 1,7 % en 2016, 1,6 % en 2017 et 1,7 % en 2018. En revanche, après le ralentissement en 2016 pour la Belgique (+1,2 % contre 1,5 % en 2015), la croissance du PIB reprendrait en 2017 et 2018 avec des taux respectifs de 1,3 % et 1,5 %. Les prévisions de la BNB vont également dans ce sens, affichant un ralentissement à 1,2 % pour 2016 et une reprise à 1,3 % en 2017. Tandis que pour le Bureau fédéral du Plan, la croissance belge s’établirait à 1,3 % en 2016 et ralentirait en 2017 pour atteindre un taux de croissance de 1,2 %.

    Le BREXIT pèse, on le voit, sur les prévisions de croissance économique et tant que le scénario qui sera suivi par les négociateurs n’est pas mieux connu, on ne peut que spéculer.

    Au lendemain du referendum, l’AWEx mettait en ligne sur son site internet www.awex.be un « help desk BREXIT » (brexit@awex-export.be).

    Son objectif est de répondre aux questions des entreprises sur l’impact que pourrait avoir le BREXIT sur leurs relations commerciales avec le Royaume-Uni (qu’il s’agisse de leurs clients ou de leurs fournisseurs) et les conseiller dans leurs démarches de prospection et d’accès au marché britannique.

    Depuis la mise en place du helpdesk AWEx, fort peu d’entreprises se sont manifestées et plus aucune depuis plusieurs mois.

    Néanmoins, l’AWEx et ses représentants à l’étranger restent disponibles pour répondre aux interrogations ponctuelles des entreprises. À l’heure actuelle, les entreprises wallonnes ont recours aux services des postes de l’AWEx à Londres et Birmingham pour des dossiers qualifiés de « classiques » portant essentiellement sur la recherche de distributeurs ou d’importateurs potentiels.

    Toutefois, dans la foulée du discours de la Première Ministre Britannique, l’AWEx a jugé opportun de publier une newsletter à l’intention des sociétés wallonnes exportant vers le Royaume-Uni. Cette newsletter est axée sur l’évolution du marché britannique et reprend divers aspects liés à l’actualité souvent chargée relative au BREXIT. Dans cette newsletter, l’AWEx rappelle l’existence de son help desk et qu’elle est à la disposition des entreprises pour répondre à leurs éventuelles questions.

    Enfin, plusieurs groupes de travail ont été créés.
    Au niveau fédéral, l’AWEX participe à un groupe de travail traitant les questions récurrentes soumises par l’ensemble des acteurs belges concernés (SPF économie, SPF Affaires Etrangères, Flanders Investment and Trade, Brussels Invest and Export, FEB, UWE, BNB…). Ce dispositif a pour vocation de mobiliser l’ensemble des ressources pour répondre le plus précisément possible et avec la meilleure documentation aux interrogations des opérateurs économiques.

    Une task force a par ailleurs été mise en place au sein de la Représentation permanente de la Belgique auprès de l’Union européenne. Sous la coordination de diplomates du SPF Affaires étrangères, celle-ci regroupe des représentants du fédéral et des entités fédérées et permet essentiellement d’échanger des informations sur les suites du référendum britannique, notamment pour ce qui concerne la préparation des négociations au niveau européen, les initiatives prises par le fédéral et les entités fédérées, les intérêts belges ou encore l’attitude des délégués britanniques dans les différents groupes de travail du Conseil.

    Au niveau purement wallon, un groupe de travail a été créé avec la volonté d’associer en amont les entreprises concernées. Le Groupe de travail est coprésidé par l’AWEx et par le Conseil wallon de l'Industrie.

    Sa composition n’est pas figée et peut évoluer en fonction des thèmes abordés. Il implique toutefois systématiquement l’Union Wallonne des entreprises (UWE) ainsi que des experts et entreprises emblématiques concernées par le BREXIT, un représentant de la Délégation Wallonie-Bruxelles auprès de l’Union européenne, la direction Europe occidentale de l’AWEx, son expert marché ainsi que les attachés économiques et commerciaux en poste à Londres et Birmingham, si nécessaire.

    Le groupe de travail a comme mandat d’analyser les conséquences économiques et commerciales du BREXIT pour l’économie wallonne en fonction de l’évolution des positions européennes et britanniques. Le but ultime est de produire des recommandations d’actions pour optimiser l’approche du marché britannique ; qu’il s’agisse d’y exporter ou d’attirer des investisseurs étrangers sur le territoire wallon.