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La faible croissance de l'économie belge

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 157 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 27/01/2017
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Pour 2017, l’IRES mise sur une croissance discrète (1,5 %) de l’économie belge, contre 1,2 % en 2016. D’après leurs dernières perspectives économiques, l’emploi devrait augmenter de 52.000 unités, et les exportations devraient en effet profiter d’un environnement économique international qui redevient progressivement mieux orienté.

    Si les perspectives économiques dépendent plus des prévisions en matière d’exportation que de la demande interne, ne faudrait-il pas focaliser l’effort sur les secteurs avec un potentiel plus important de réaliser un chiffre d’affaires dans le domaine du commerce international ?

    Ne faudrait-il pas « doper » les secteurs forts et prometteurs pour jouer le rôle de locomotive économique en les incitant davantage à investir dans l’innovation ?
  • Réponse du 15/02/2017 | Annexe [PDF]
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Je vais m’efforcer de répondre à la question même si je n’ai pas de prise directe sur les performances économiques de la Belgique dans son ensemble.

    Le rapport IRES (2017) fait effectivement mention de prévisions de croissance pour la Belgique de 1,5 % contre 1,2 % en 2016. Tout d’abord, il faut rappeler que les prévisions de croissance, y compris à un horizon court d’un an, sont entourées d’incertitude. L’IRES rappelle d’ailleurs cela. En l’occurrence, il s’agit d’une baisse des perspectives de croissance en Chine, l’incertitude sur l’impact de la politique du nouveau Président des États-Unis ou encore l’ignorance que l’on a sur les fluctuations des prix des matières premières.

    D’ailleurs, dans une chronique récente sur les conséquences sur la politique de Donald Trump, Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, concluait : « alors que la première puissance économique de la planète s’aventure en terrain incertain pour 2017 et au-delà, il serait téméraire pour un simple mortel de tenter une prévision et les oracles risquent fort de se tromper, si ce n’est à souligner l’évidence : le parcours sera chaotique » (J. Stiglitz, « Donald Trump, l’homme du grand désordre mondial », Les Échos, 2 février 2017, p. 12).

    Néanmoins, si nous revenons aux prévisions de l’IRES, cette incertitude peut se matérialiser dans le graphique ci-dessous par l’amplitude des intervalles de confiance entourant les prévisions trimestrielles qu’il propose (Graphique 1 en annexe).

    De manière générale on peut décomposer le PIB de la région en cinq composantes : les dépenses de consommation privée, les dépenses d’investissement, les dépenses publiques et les exportations nettes internationales d’une part et interrégionales d’autre part.

    Dans le cas de la Belgique, les auteurs du rapport auquel fait mention l'honorable membre mettent effectivement en avant que la croissance des exportations serait dynamique en 2017. Cependant, il est également rappelé que l’évolution des importations est fortement liée à celle des exportations. De fait, une partie des exportations nécessite d’importer des biens intermédiaires nécessaires à la fabrication de ces biens et services qui seront ensuite exportés. En outre, si l’on prévoit une amélioration de la confiance des ménages se traduisant par une hausse de la consommation privée, une partie de ces biens consommés est également importée. Au final, l’IRES (2017) fait mention d’une exportation nette (i.e. valeur des exportations à laquelle on retranche les importations) qui ne serait que très faible.

    Si l’on se concentre sur la Wallonie, sur la période 2010-2014, la décomposition du PIB entre ses principales composantes estimées à partir de la comptabilité régionale donne la répartition suivante : 67 % pour les dépenses de consommation privée, 32 % pour les dépenses publiques, 24 % pour les dépenses d’investissement et 10 % pour les exportations nettes. Néanmoins, il faut rajouter, dans le cadre de la comptabilité régionale, les exportations nettes interrégionales. Dans le cas de la Wallonie, les exportations nettes interrégionales sont négatives et comptent à hauteur de 33 % du PIB.

    Ce constat d’un déficit commercial interrégional en défaveur de la Wallonie a déjà été mis en exergue dans le rapport sur l’Économie wallonne de 2016 à partir de données relatives à l’année 2010. Ainsi, si le solde international est à l’équilibre pour l’année 2010, ce n’est pas le cas du solde commercial avec les autres régions qui est nettement négatif. La principale composante responsable de ce déficit interrégional est la consommation des particuliers, puis la consommation en biens intermédiaires des entreprises wallonnes (voir REW 2016 chap. 3).

    Au demeurant, les contributions des différentes composantes du PIB sont fluctuantes comme en atteste le graphique 2 en annexe.

    Le graphique 2 est réalisé à partir de calculs de l’IWEPS sur la base des données de l’Institut des comptes nationaux. Ce graphique sera publié dans le REW (2017). Comme on peut le voir, la ventilation des composantes du PIB est plus détaillée que celle que nous avions mentionnée précédemment. Néanmoins, le cadre général reste le même et il apparaît que la part des différentes composantes dans la croissance du PIB fluctue de manière importante d’une année à l’autre. Cela signifie que l’on ne peut pas se concentrer sur une seule d’entre elles pour tirer la croissance. En ce qui concerne le cas des exportations nettes, on voit qu’en 2015 et 2016 la contribution est non négligeable, mais qu’elle est moins importante que la consommation des ménages. Par ailleurs, en 2014, ces deux composantes sont les plus gros contributeurs au PIB en 2015 et 2016 et ont toutes les deux un impact négatif sur la valeur du PIB en 2014. Enfin, en 2009, au plus profond de la crise, les exportations ont eu la contribution la plus négative.

    Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faille pas jouer sur l’innovation comme le suggère l'honorable membre. De fait, l’innovation permet d’accroître la productivité, la qualité des produits, donc la qualité de ce que l’on exporte. C’est d’ailleurs la perspective que nous avions en tête en créant les pôles de compétitivité, à savoir créer une proximité entre les acteurs d’excellence dans notre territoire pour créer des synergies et l’émergence de produits d’une valeur la plus élevée possible.