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L'extension des espèces chassables

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 223 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 27/01/2017
    • de DENIS Jean-Pierre
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    En décembre dernier, Monsieur le Ministre a annoncé vouloir autoriser la chasse de pie et corneille et également vouloir faciliter l’obtention de dérogations pour pouvoir chasser notamment le héron cendré, le castor, le grand cormoran et le blaireau.

    Ses arguments en vue de « restaurer la petite faune des plaines » et « lutter plus facilement contre les dégâts causés aux particuliers par certaines espèces » proviennent d’études scientifiques. Or des associations comme Natagora et la Ligue royale belge de protection des oiseaux l'accusent de sélectionner certains passages et les sortir de leur contexte.

    L’équilibre écologique et la protection de la biodiversité sont des exercices parfois bien difficiles à envisager, car il faut pouvoir tenir compte de multiples facteurs. Il y a d’un côté les défenseurs de certaines pratiques ou approches et d’un autre, les détracteurs.

    Monsieur le Ministre peut-il nous communiquer les études scientifiques sur lesquelles il base ses arguments et nous en détailler le contenu afin de mieux appréhender l’orientation qu’il souhaite donner en cette matière ?
  • Réponse du 17/02/2017
    • de COLLIN René

    En ce qui concerne la corneille noire et la pie bavarde, relativement à leur impact sur la petite faune de plaine, il y a lieu de préciser qu’une méta-analyse de 83 études scientifiques sur l’impact de prédateurs (dont les corvidés), par Smith R.K., Pullin A.S., Stewart G.B. & Sutherland W.J. (2010) Effectiveness of predator removal for enhancing bird populations. Conservation Evidence, 24, 820-829 http://www.conservationevidence.com/individual-study/2080 ) met en évidence que le contrôle des prédateurs est « une stratégie efficace pour améliorer l’état de conservation d’espèces d’oiseaux en mauvais état de conservation ». Les auteurs rappellent aussi une évidence : cette stratégie ne résout pas à elle seule le problème du mauvais état de conservation de la petite faune sauvage des plaines et que le contrôle de tous les prédateurs est plus efficace que le seul contrôle d’une partie d’entre eux (comme les corvidés).

    Une autre méta-analyse de 42 études sur l’impact plus spécifique des corvidés, par Madden, Arroyo et Amar (2015) : « A review of the impacts of corvids on bird producti-vity and abundance » http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ibi.12223/ abstract, met en évidence que 13 études sur 19 démontrent un impact du contrôle des corvidés sur les proies. Les améliorations de productivité sont parfois spectaculaires, p.ex. 300 % pour une série d’espèces comme le vanneau, le pluvier doré, le courlis, un lagopède, etc. 

    En outre, la conclusion d’un article tout récent (2016), celui de Nicholas J. Aebischer, Chris M. Bailey, David W. Gibbons, Antony J. Morris, Will J. Peach, Chris Stoate, Twenty years of local farmland bird conservation: the effects of management on avian abundance at two UK demonstration sites, Bird Study, 2016, 63, 1, 10) précise que les données suggèrent que là où les densités de prédateurs sont relativement basses (< 3 couples de corneilles et pies/km2 et < 0,2 renard/km2 au printemps), l’amélioration de l’état de conservation des oiseaux des plaines peut être obtenu grâce à la seule amélioration de l’habitat. Par contre, là où les densités de prédateurs sont élevées (> 5 couples de corvidés/ km2 et > 1,1 renard/km2), l’amélioration de l’état de conservation des espèces proies nécessite à la fois le contrôle des prédateurs et l’amélioration de l’habitat.